Vendredi 22 novembre 2024

Politique

SOS-Torture/Burundi : une année noire pour les droits de l’Homme

22/03/2017 6

Exécutions extrajudiciaires, assassinats ciblés, restrictions des libertés publiques,… ont dominé l’année 2016, selon le rapport annuel de SOS-Torture/Burundi. Mensonges, rétorque la société civile pro-pouvoir.

Me Armel Niyongere : « Au moins  46 cas d’exécution extrajudiciaire en 2016.»
Me Armel Niyongere : « Au moins 46 cas d’exécution extrajudiciaire en 2016.»

« Au moins 46 cas d’exécutions extrajudiciaires dans douze provinces, 74 cas de disparition forcée, 249 assassinats ciblés et 4034 arrestations arbitraires », lit-on dans le rapport de 36 pages de SOS-Torture/Burundi, sorti lundi 13 mars. Il précise que des cadavres ont été découverts de manière récurrente, jetés dans des rivières ou sur les voies routières. « Un phénomène observé alors que les autorités assurent que la sécurité est sous contrôle et qu’il n’y a pas de groupes armés », poursuit le rapport. Ce dernier a couvert douze provinces : Rutana, Rumonge, Ngozi, Muyinga, Muramvya, Mairie de Bujumbura, Kayanza, Gitega, Cibitoke, Bururi, Bujumbura et Bubanza.

A Bujumbura, SOS-Torture/Burundi indexe certains agents de l’Etat ou leurs complices d’être les principaux auteurs. Me Armel Niyongere, son président, avance que Bujumbura a toujours refusé de diligenter des enquêtes.

En province, cette organisation pointe du doigt des groupes armés qui combattent le gouvernement. Les rédacteurs de ce rapport évoquent entre autres les FNL d’Aloys Nzabampema. Selon eux, les victimes des assassinats ciblés sont issus principalement des partis Cndd-Fdd, FNL ou MSD. Sans oublier des militaires ex-Fab en fonction ou à la retraite, des hautes autorités ou de simples citoyens.

128 cas de torture ont été répertoriés principalement en mairie de Bujumbura, Bubanza, Bururi, Kirundo et Gitega. Ce rapport indique que la violation systématique du code de procédure pénale a caractérisé les cas d’arrestation arbitraire.

2016 fut aussi une année difficile pour les défenseurs des droits de l’Homme. Entre autres coups portés aux libertés publiques, la radiation, en octobre dernier, de cinq associations (Forsc, Aprodh, Acat-Burundi, Rcp et Focode) pour leur rôle joué dans les manifestations anti 3ème mandat. Quelques semaines après, la Ligue Iteka a subi le même sort. Et les députés ont adopté une loi liberticide régissant les asbl, dénonce-t-elle. Et d’ajouter que certains défenseurs des droits de l’Homme sont désormais perçus comme des criminels tandis que quatre avocats ont même été radiés du barreau de Bujumbura.

« Des mensonges »

Gilbert-Bécaud Njangwa : « En 2016, la situation des droits de l’Homme s’est améliorée.»
Gilbert-Bécaud Njangwa : « En 2016, la situation des droits de l’Homme s’est améliorée.»

« Les rédacteurs d’un tel rapport ont pris la décision de ternir l’image du Burundi pour avoir des financements. Son contenu n’est que mensonge », a réagi Gilbert-Bécaud Njangwa, président de l’Observatoire National des Elections et des Organisations pour le Progrès (ONELOP-Burundi). Cet activiste proche du pouvoir les accuse d’avoir compilé de faux rapports donnés par des opposants. « Ils n’ont fait que reprendre les rapports de Benomar et Adama Dieng pour déstabiliser notre pays. »

Quid des cas avérés d’exécution extrajudiciaire ? « Les forces de l’ordre et de sécurité ont la mission de sécuriser le pays. Et des rebelles s’étaient installés dans certains quartiers de Bujumbura », explique-t-il. Chassés de la capitale, il indique qu’ils se sont repliés vers Mugamba où les forces de l’ordre les ont empêchés de tuer et de dévaliser la population. Cela a occasionné des morts même parmi les militaires et policiers. « Faut-il nommer ça exécution extrajudiciaire quand l’Etat a accompli sa mission de protéger la population ? » Et pourquoi de tels rapports, martèle-t-il, sont donnés directement à l’ONU et pas au gouvernement ?

Pour lui, SOS-Torture/Burundi est fictive, pas d’adresse physique au Burundi ni personnel étant localisable.
M.Njangwa soutient qu’en 2016, la situation des droits de l’Homme s’est améliorée: « Nous, nous avons 53 mille membres déployés sur le terrain. Ils n’ont pas produit un tel rapport. »

Les cas évoqués, conclut-il, sont des infractions de droit commun punissables par le Code pénal.

Forum des lecteurs d'Iwacu

6 réactions
  1. MUSHITSI

    Tout va très bien Mr NJANGWA. De toutes les façons, toute organisation soutenant un pouvoir au Burundi quel qu’il soit chantait les bienfaits du père de la nation. Pourquoi pas vous ? Mais aujourd’hui, les moyens de communication ont changé la donne : on ne peut plus rien cacher même dans les pays les plus équipés.

    • Spéculons

      @MUSHITSI
      Sans vouloir soutenir quiconque, je trouve que vous êtes optimiste si vous croyez que vous connaissez tous les secrets de la gestion du monde. Les causes des différents conflits dans le monde sont méconnus par la majorité de nous tous. Car si nous savions tout, il y a des chances que nous n’agirions pas comme nous le faisons.

    • Bakari

      @MUSHITSI
      Dites moi deux causes du conflit syrien afin de nous montrer que vous connaissez le monde sur le bout des doigts.

  2. Armel reprend encore ses faux rapports. Les NU doivent faire attention pour eviter d’etre discreditees dans un proche avenir.

  3. kabingo dora

    je pense que Mr Njangwa s’est trompé d’organe pour s’exprimer . Ce n’est dans une association chargée de la défense des droits de l’homme qu’il doit affirmer ceci : » Les rédacteurs d’un tel rapport ont pris la décision de ternir l’image du Burundi pour avoir des financements. Son contenu n’est que mensonge », a réagi Gilbert-Bécaud Njangwa ». Non s’il ne comprend je vais lui expliquer.
    Mr Njangwa , regardez moi , prennez un bloc note et un stylo je vais vous dire , ce n’est pas compliqué.
    Demandez d’être porte parole du parti CNDD- FDD , et dites ce que vous êtes en train de dire maintenant.
    Si non continuer à dire ce qu’il dit c’est jeter de l’opprobre sur son organisation , personne ne la prendra au sérieux .Ni aujourd’hui ni demain. C’est comme cela que de mauvais responsables hypothèquent l’avenir de toute une organisation.

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