Kamenge, quartier dit commercial, à la 1ère avenue de Heha, Rhema Church, une des églises protestantes de Bujumbura.
<img7537|left>9h45, un dimanche matin. Quelques fidèles se rendent à l’Eglise. Des hommes assurent le protocole. Les fidèles bien habillés, les personnalités, sont conduits directement vers les places de devant.
A l’intérieur, pas d’images de Saints, de Jésus, de la Vierge Marie, ou autres. Seulement, une petite croix sur un autel.
Sur ce podium, tout un arsenal d’instruments de musique. Des fauteuils sont disposés pour les pasteurs, des paniers pour la collecte les offrandes attendent.
La messe débute sur le coup de 10 heures. Une équipe de chanteurs monte sur le podium. A son tour, le pasteur s’avance. Costume noir, cheveux blancs, lunettes, il balaie d’un coup d’œil toute l’assemblée. A sa gauche, un autre pasteur et deux femmes. Ils ont le privilège de s’assoir sur des fauteuils devant de l’autel.
Élégamment, le chef de la chorale examine son équipe. Les hauts parleurs sont bien placés alors que des jeunes filles aux cheveux défrisés, pagnes portés à la congolaise, et des jeunes hommes s’apprêtent, les batteurs et les guitaristes, tous en position.
C’est un vrai concert qui commence avec un chant langoureux, les profanes diraient un « slow ». Envoûtés par la musique, les yeux partiellement ou totalement fermés, certains fidèles semblent être en transe. Les mains en l’air, ils pleurent.
Petit à petit, le rythme de la musique change. C’est le tour de la Rumba. Toute l’assemblée est excitée. Même les plus réticents se lèvent. Au podium, le pasteur sourit, bouge lentement au rythme de la musique. Des applaudissements, des cris ponctués d’Alléluia, amen, fusent de partout. Une demi-heure passe.
Les fidèles chargés du protocole restent vigilant pour accueillir tout nouveau venu.
Vient alors le moment des remerciements. Ceux qui veulent adresser des remerciements montent sur le podium. Durant un quart d’heure, et à tour de rôle, ils prennent la parole. Une étape clôturée par une prière pour les malades.
L’assemblée retrouve alors son calme. C’est le moment d’écouter la « Bonne Nouvelle ». Le pasteur se lève Il lit quelques passages de la Bible et passe à l’homélie.
Avec sa voix autoritaire, rauque, toute la salle tremble presque. Par des images apocalyptiques, il démontre que ceux qui ne veulent pas se confesser, se défaire des choses terrestres,… sont les plus malheureux. Son homélie, dure une vingtaine de minutes. Vers la fin, il invite ceux qui ont été touchés par sa prédication à s’avancer. Timidement, quelques femmes sortent des l’assemblée, suivies de quelques hommes. Un pasteur vient prier pour eux.
L’offrande semble attirer plus d’attention …
Des chanteurs reviennent sur scène. Cinq hommes prennent des boîtes et circulent dans les rangées pour récupérer l’offrande. En plus d’une boîte en bois, ils tiennent des enveloppes dans la main. Celui qui veut donner la dîme (ic’icumi), prend l’enveloppe. Une vingtaine de minutes passe et au moins deux chansons bien rythmées sont jouées.
Voyant que les adeptes ne sont pas très actifs pour donner, un des pasteurs se lève et prend le micro. A haute voix, il invite les chanteurs à regagner le podium. « Mettez la meilleure chanson », leur propose-t-il.
Il prend une des boîtes et circule dans les rangées tout en suppliant les adeptes à fouiller leurs poches. Il lance des chansons improvisées comme « Haguruka mwenedata,utange amahera twubake iyi ngoro » ( lève-toi mon frère en Christ et donne de l’argent pour la construction de l’Eglise). Les chanteurs sont désorientés. Ils perdent le rythme, les guitaristes, les batteurs peinent pour trouver la gamme de cette chanson. Toutefois, en quelques minutes, le panier est presque rempli.
Le pasteur arrête sa chanson, et dit : « Si vous offrez beaucoup d’argent, vous serez chanceux en contrepartie. Touchez dans vos poches, et donnez. Dieu vous en sera reconnaissant et vous serez bénis ».
« Ne donnez pas les petits billets, il faut sortir le grand billet. Dieu voit tout l’argent que tu as dans ta poche. Si tu lui fais des miettes, il te fera des miettes, mais si tu donnes une somme consistante, tes affaires, ta famille, tes activités prospéreront », ajoute-t-il.
L’offrande dure alors plus d’une demi-heure et on passe à la lecture des communiqués. Le pasteur prend la parole pour clôturer le culte, en souhaitant bonne journée à ses adeptes.
Les adeptes sont fiers. « Depuis que je suis dans cette église il y a deux ans, je me sens réconforté et proche de Dieu. Avec les différentes prédications, j’ai pu abandonner totalement les boissons alcoolisées alors qu’avant j’en étais presque prisonnier », raconte un des fidèles après la messe. A propos de la dîme, il signale qu’elle n’est pas obligatoire. Tout en précisant qu’une Eglise est comme une famille qui vit des contributions de ses composantes.
