Chantal Nshimirimana, la trentaine révolue, a six fillettes dont des jumelles de 18 mois. Cette native de la colline Nyakibuye, commune Busiga, province Ngozi, passe des jours dans les rues de Bujumbura à tendre la main à tout passant. Elle mène cette misérable vie depuis que Jean Mahangayiko, son mari, est en prison.
<doc5239|left>Ce sont des sacs de ciment volés qui sont à l’origine de l’emprisonnement de M. Mahangayiko. Son épouse indique qu’il travaillait comme veilleur dans un chantier de construction, en commune Kinama.
M. Mahangayiko a refusé de payer pour le compte du voleur et Pascal, le chef de chantier, l’a livré à son patron. Ainsi, le veilleur croupit dans la prison centrale de Mpimba, accusé de banditisme.
Sans travail et incapable de payer le loyer, Chantal Nshimirimana, son épouse, a essayé de tenir pendant quelques mois mais au fur du temps, les moyens sont allé s’amenuisant. Ayant déjà épuisé tout l’argent, elle a trouvé refuge chez une autre famille. Mais cette dernière vivait aussi dans des conditions tellement difficiles qu’elle ne pouvait plus continuer à supporter Chantal et ses enfants. « Je devais me débrouiller pour nourrir mes six filles », souligne-t-elle.
Pour trouver de quoi manger, continue-t-elle, elle a décidé de mendier dans les rues de Bujumbura. « Je n’avais pas d’autres choix », explique-t-elle.
Sous un soleil de plomb, elle tient dans ses bras ses deux jumelles. Quelques passants lui donnent 100Fbu, quelques fois 500Fbu et Chantal tourne ses yeux vers le ciel pour remercier le bon Dieu, avant de couvrir de toutes les bénédictions à l’âme charitable.
Le cri d’alarme de Chantal
« Si je pouvais trouver un peu d’argent pour un petit commerce, cela pourrait me réconforter », lance-t-elle à tout bienfaiteur ou à toute personne capable de lui venir en aide.
Elle tient à souligner que son appel est principalement destiné aux natifs de la province Ngozi, à commencer par le président de la République, aux parlementaires et sénateurs. Elle demande aussi à la société civile et aux défenseurs des droits de l’Homme de se pencher sur le cas de son mari afin qu’il soit libéré. « Mon mari est emprisonné injustement. Il n’a pas volé, il est innocent », indique-t-elle.