Alors que le dialogue burundais est en panne, un sommet des chefs d’Etat de la sous-région se tient vendredi 1er février. Que peut-on attendre de cette session ? Eléments de réponses.
Les Burundais retiennent leur souffle à la veille du sommet. Les optimistes parlent du sommet de la « dernière chance. » Ils espèrent que les chefs d’Etat de la Communauté Est Africaine vont taper le poing sur la table et réclamer un dialogue franc entre Bujumbura et ses opposants. Il faut quand même souligner que Mkapa a indiqué lors du dernier round que cette cinquième session était la dernière.
Son dernier rapport soulignait une fin des pourparlers dans un contexte singulier de boycott par la partie gouvernementale, le parti au pouvoir et ses alliés. L’ancien président Tanzanien avait par ailleurs déploré les exigences en cascades de Bujumbura qui voulait se passer pour le joueur et l’arbitre du dialogue. Bref, le facilitateur avait exprimé son ras le bol.
Le sommet a lieu au lendemain d’une guerre épistolaire à laquelle se sont livrés Museveni, président de le l’EAC et médiateur dans la crise burundaise et son homologue burundais, le président Nkurunziza. Le président ougandais avait, en gros, indiqué que la sous-région a la responsabilité d’aider le Burundi à sortir de la crise. Elle ne cautionnera pas un échec cuisant parce que Bujumbura refuse de faire des concessions. Un véritable revirement de la situation. Quand on sait que depuis l’éclatement de la crise, l’opposition a toujours dénoncé une complicité entre les deux chefs d’Etat.
Les déclarations du patron de l’EAC laissaient penser à une véritable entente entre Kampala et Bujumbura. Sa déclaration fracassante lors du dernier sommet reste dans les mémoires. Il avait pris position contre les sanctions de l’Union européenne sur le Burundi.
La grande question étant donc de savoir quelle sera la position du vieux loup M7 et de ses acolytes. En tout cas des leaders de l’opposition en exil exigent plus de fermeté de la part de la sous-région en demandant des sanctions pour faire plier Bujumbura. Il s’agit notamment de Léonard Nyangoma, Léonidas Hatungimana, Alexis Sinduhije, Charles Nditije, Jérémie Minani et Chauvineau Mugwengezo. Dans une correspondance adressée au président Museveni, ils ont brandi le spectre du risque de la guerre civile avec un embrasement de la sous-région.
Les pessimistes, quant à eux, pensent qu’il s’agit d’une réunion de trop. Ils rappellent que les rounds de dialogue se sont succédé et les sommets aussi. Au final rien n’a bougé du côté de la région. Chaque Etat fait face à ses contradictions internes et personne ne va lever le petit doigt pour le Burundi. Au final, un communiqué lisse va sortir du style : « Nous sommes préoccupés…nous engageons les protagonistes au dialogue… » Des déclarations qui finissent par ne produire aucun effet. « Sans effet, » comme aiment si bien dire les leaders du parti au pouvoir en narguant l’opposition et la communauté internationale.
« La solution de la crise sera trouvée par les Burundais eux-mêmes, ce n’est pas aux étrangers de la résoudre pour nous, » clame toujours le président Domitien Ndayizeye. Une rhétorique reprise par plusieurs membres de la classe politique burundaise, dont Léonard Nyangoma qui indique que la région ne peut qu’accompagner les efforts des Burundais.
A ce stade, Bujumbura pourrait concéder un autre round du dialogue et assurer les chefs d’Etat de la participation du gouvernement et du parti au pouvoir. En revanche, il va annoncer sa ligne rouge : pas question de négocier avec les putschistes.
Dans le cadre des mécanismes de gestion de crise régionale, l’EAC a été désignée par l’Union africaine pour piloter les pourparlers inter-burundais. 5 sessions de dialogue ont eu lieu. A la fin, le facilitateur a annoncé que la cinquième session était la dernière. Les objectifs de la facilitation ayant été mis en suspens. Il s’agit notamment d’aider les protagonistes au dialogue pour permettre aux réfugiés et aux politiciens en exil de rentrer au pays et préparer les prochaines élections de manière inclusive et pacifique.
En tout cas, Bujumbura lui n’attend pas. La Constitution, la feuille de route sont en place. Le code électoral est en route. Difficile de dire si le sommet va le ralentir dans sa course vers les élections de 2020.