<doc516|right>Depuis 1991, il n’y a plus de gouvernement en Somalie. Le pays est aux mains de seigneurs de guerre. Comme le souligne le chercheur Gérard Prunier « le Somali est par essence réfractaire à toute autorité étatique ».Ce qui est spécifique chez les Somalis ? c’est qu’ils n’ont jamais connu, avant la colonisation, une autorité supra-clanique pouvant les réunir sous la même bannière. Tout au plus, l’on a pu assister à des confédérations de tribus ou clans juxtaposés les uns à côté des autres avec des territoires plus ou moins délimités pour chacun. Et pour tous les spécialistes militaires, la Somalie est un bourbier. Avec une organisation sociale fragmentée en clans, sous-clans, tribus, etc., il est pratiquement impossible d’identifier l’adversaire ou de délimiter une ligne de front. Et puis, c’est un peuple qui aime faire la guerre, si bien que des clans peuvent même faire momentanément la paix, le temps de bouter dehors les étrangers. Les Etats-Unis en savent quelque chose. En 1992, en lançant l’opération {Restore Hope}, pour la première fois, des Marines US interviennent en Afrique pour essayer de prendre le contrôle d’un pays. Les soldats US seront vaincus par une résistance nationaliste somalienne. {Restore Hope} sera un échec immortalisé par le film hollywoodien{ « La chute du faucon noir. »} La communauté internationale a, depuis lors, quelque peu délaissé la Somalie, ou n’intervient que par pays interposé, une sorte de « sous-traitance. » Vous voyez bien ce que je veux dire. Alors, comment expliquer l’engouement de nos militaires pour ce bourbier ? Il y a bien sûr ces belles déclarations officielles, qui font l’éloge de nos troupes « altruistes », ces « missionnaires de la paix »… Mais la réalité est plus prosaïque. Plus tragique aussi : la Somalie représente l’espoir. Le militaire qui aura la chance de survivre à cette boucherie rentrera avec un petit pactole en dollars. Voilà la cruelle réalité.