Somalie ou l’honneur retrouvé de l’armée burundaise

C’est un lisant l’admirable article de Roland Rugero dans le journal IWACU, à propos du reportage de Pauline Simonet consacré au Burundi sur France 24, que je prends à mon tour la plume. Pour défendre l’honneur retrouvé de l’armée burundaise en Somalie. Comme le jeune journaliste qui souffre du traitement méprisant auquel on soumet souvent notre pays à travers les media internationaux, les Burundais sont accoutumés à ce genre de traitement par des journalistes en mal de sensations, qui jouent les éternels « Tarzans ». <doc2452|left>Mais une fois n’est pas coutume : les grands journaux internationaux et régionaux consacrent depuis quelques semaines des articles élogieux sur le rôle joué par l’armée burundaise en Somalie. Un reportage de Joffrey Gentleman dans l’édition de {International Herald Tribune} datée du 26-27 novembre 2011 consacre un article particulièrement flatteur intitulé [{« Africa Union Troops surprise critics with success in Somalia».}->http://www.nytimes.com/2011/11/25/world/africa/africa-forces-surprise-many-with-success-in-subduing-somalia.html?_r=1&scp=2&sq=Burundi&st=cse] Le journaliste y écrit notamment que la Force de l’Union Africaine constituée de moins de 10.000 soldats est entrain de réussir là où les Américains avec plus de 25.000 hommes avaient plié bagages : {« Analysts say the African Union has done a better job of pacifying Mogadishu than any other outside force, including 25.000 US troops in the 1993 ».} On ne peut que louer l’immense honnêteté du journaliste américain dont le quotidien montre une photo des troupes burundaises entrain de défendre le district Deynite de Mogadishu où nos compatriotes ont subi récemment des pertes importantes le 20 octobre dernier. Et le journaliste d’ajouter que contrairement aux Américains et aux Nations Unies qui ont dû quitter précipitamment le pays après la mort de 18 soldats, l’Union Africaine maintient la mission grâce en partie aux troupes burundaises {« Unlike the Americains who hastily left Somalia after 18 soldiers were killed during the infamous Black Hawk Down debacle in 1993, or the United Nations missions that folded not long afterward, the African Union has pressed on ».} D’autres troupes africaines vont y être dépêchées, attirées sans aucun doute, comme le relève le journaliste, par l’appât du gain. Comme si ce n’était pas le cas des conscrits envoyés en Afghanistan ou Irak pour y combattre des guerres qui les dépassent. Comme jadis au Vietnam. Les soldats de l’Amisom vont y être joints par ailleurs par les troupes kenyanes qui sont également attirés par l’attrait du billet vert comme un aimant irrésistible. {The East African}, dans son édition du 21-27 novembre consacre également un article intitulé : {« How war has boosted regional global clout out of Rwanda, Burundi, Uganda and now Kenya too »}, sous la signature de Charles Onyango-Obbo. Il relève que le Burundi a retrouvé son statut sur le plan diplomatique régionale dans la Communauté est-africaine pour avoir envoyé des troupes en Somalie. Notons au passage le ton condescendant du journaliste africain, ressortissant d’un pays pauvre et décrivant un autre pays pauvre : {« Today Burundi which used to be relegated to the back of the room, gets a front seat at international meetings on Somalia and peace keeping in Africa ».} A comparer avec le ton du journaliste de {International Herald Tribune} qui est plus mesuré dans son jugement. Comme si le pauvre du ghetto urbain de Kibera à Nairobi était mieux loti que le Burundais moyen. Le Burundi, meurtri et appauvri après plusieurs années de soubresauts, doit cependant être fier de son armée qui redonne espoir et dignité. Roland Rugero, tu as raison de t’indigner et de souligner que le peuple burundais est très complexe, étrange, beau, réfractaire aux simplifications, fier sous ses haillons. Une des rares nations africaines à n’avoir jamais vendu au cours des siècles ses sujets comme esclaves quand ses voisins s’y adonnaient sans vergogne. Hommage aux soldats tombés en Somalie pour l’honneur du Burundi. {Jean-Jacques Irambona}