Presque trois ans après l’assassinat d’Ernest Manirumva, vice-président de l’Olucome, la Justice peine à faire la lumière sur ce crime et les enquêtes piétinent. Pacifique Nininahazwe, délégué général du Forsc craint, au nom des organisations de la société civile, que le dossier soit jeté aux placards.
C’était dans une conférence de presse tenue ce 9 septembre à WaterFront Hôtel (ancien Novotel). Les organisations engagées dans la campagne « Justice pour Ernest Manirumva » sont préoccupées par le traitement lent du dossier : « Le ministère public ne manifeste pas la volonté de compléter les enquêtes déjà menées par les trois commissions d’enquête et le FBI américain », s’inquiète Pacifique Nininahazwe.
Les rapports demandent d’auditionner et de confronter certains suspects, d’effectuer leurs tests ADN, et d’établir les responsabilités du Capitaine Pacifique Ndikuriyo, officier de la garde présidentielle et du policier Ezéchiel Icoyitungiye : « Pourquoi auditionner les activistes de la société civile alors qu’ils ne sont pas cités dans ces rapports ? » S’interroge-t-il tout en situant cette action dans un contexte qui lui semble étrange : « Cela arrive surtout après les discours des autorités Burundaises qui les stigmatisent et criminalisent leurs actions. »
Requêtes
Pacifique Nininahazwe regrette qu’aucun mécanisme de protection des témoins n’ait été mis en place comme le recommande la société civile depuis plus d’une année. Par ailleurs, elle condamne les tueries des citoyens de toutes tendances politiques, un peu partout dans le pays, ces temps-ci ; l’exécution des présumés criminels détenus par les services de sécurité : « Nous sommes également anxieux des informations faisant état d’un plan d’élimination des membres du FNL d’Agathon Rwasa », indique le délégué général du Forsc.
Il demande que chaque cas d’assassinat soit suivi d’une enquête minutieuse et que les résultats soient portés au grand public.
La société civile souhaite que le juge précise l’objet et la durée des compléments d’enquête et publie la date de la réouverture du dossier. Elle voudrait aussi que la justice burundaise fasse preuve d’indépendance, explore toutes les pistes évoquées autour de ce crime et rassure la partie civile et la famille d’Ernest Manirumva.
Au gouvernement Burundais, elle demande de sécuriser tous les citoyens, de garantir les libertés publiques et les droits fondamentaux des gens comme le précise la Constitution du Burundi, les documents régionaux et internationaux de protection des droits de la personne, ratifiés par le Burundi.
Si la société civile n’est pas satisfaite, elle va recourir à la cours de l’East African Community et à celui de l’Afrique des Droits de l’Homme et du Peuple.
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Les organisations engagées dans la campagne « Justice pour Ernest Manirumva »
Ligue Iteka, Forum pour le Renforcement de la Société Civile (Forsc), Observatoire de Action Gouvernementale (OAG), l’Observatoire de Lutte contre les Malversations Économiques (Olucome), Coalition de la Société Civile pour le Monitoring Électoral (Cosome), Association Chrétienne pour l’Abolition de la Torture (Acat), Union Burundaise des Journalistes (UBJ), Collectif pour la Promotion des Associations des Jeunes (CPAJ), Collectif des Associations et Ongs Féminines au Burundi (Cafob), Association pour la Protection des Droits Humains (Aprodh), Parole et Action pour le Réveil de la Conscience et l’Evolution des Mentalités (Parcem), Association des Femmes Juristes du Burundi (AFJB).