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Société civile et opposition : adversaires ou collaborateurs ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Société civile et opposition : adversaires ou collaborateurs ?

Les revendications de la société civile semblent écarter de plus en plus l’opposition, en faisant ce travail. Mais ce n’est qu’une illusion, développée par la conjoncture politique actuelle.

Dans [notre édition précédente->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2223], il nous est apparu que « dorénavant les politiciens de l’opposition sont réduits à suivre le tempo imposé par la société civile dans le choix des sujets du moment… L’ADC Ikibiri se met en retrait, laissant mécaniquement la place à la société civile, dans l’âpre bataille des opinions que nous vivons. »

Cette étrange situation a une explication logique. Le contexte politique actuel est contrôlé par le pouvoir. C’est-à-dire que les acteurs politiques directs, notamment les partis de l’opposition, ne sont pas libres d’agir alors que nous sommes dans un système dit démocratique. « Mais il y a une autre force qui, elle, n’a pas de prétention politique, puisque sa fonction est tribunitienne. C’est la société civile, qui a une fonction de porte-parole des masses qui sont en situation défavorable », indique le politologue Jean Salathiel Muntunutwiwe.

La société civile va donc, poursuit-t-il, traiter des problèmes politiques, même si sa fonction première n’est pas la politique. Cependant, la différence entre ce qui est politique et ce qui ne l’est pas est ici très mince, car tout dépend des acteurs qui vont mobiliser ces questions. «  C’est ce qui donne l’impression que la société civile agit plus aujourd’hui, parce qu’il y a un vide politique que laisse l’opposition », explique le professeur Muntunutwiwe.

Une stratégie de récupération

Comme, par définition, la société civile ne s’occupe pas de questions politiques, le pouvoir ne peut pas la museler, au risque de se délégitimer, et c’est par ce fait qu’elle s’impose.
Selon les rapports de force qui existent entre les deux, le pouvoir peut tenir compte ou non des revendications de la société civile. Aujourd’hui, le pouvoir semble affaibli et il peut écouter les propositions de la société civile et tenter des solutions. La preuve en est le discours tenu aujourd’hui : « toutes les institutions politiques burundaises aujourd’hui se sont levées pour reconnaître qu’il y a des problèmes, mais en même temps dénoncer l’immixtion de la société civile dans le travail du gouvernement », constate le politologue. Et c’est normal que le gouvernement s’adresse à la société civile en ce qui concerne la cherté de la vie, parce que c’est elle qui a posé le problème en premier.
Le travail de la société civile est ensuite politisé par l’opposition qui va profiter de son discours pour montrer au gouvernement qu’il y a quelque chose qui ne marche pas. Cela donne l’impression d’un travail commun, alors qu’il s’agit de deux processus différents. « C’est une stratégie de récupération du travail de la société civile pour l’inscrire sur leur agenda politique », souligne le Pr Muntunutwiwe.

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