Après le communiqué du ministre des Infrastructures appelant aux déplacés du site Socartie au nord de la ville de Bujumbura de quitter les lieux au plus tard le 30 août cette année, ces derniers déplorent une mesure prise à la hâte. Ils craignent de devenir des sans-abris et demandent à l’État de leur trouver une autre localité.
Dans son communiqué de ce 7 juillet, le ministre des Infrastructures, de l’Équipement et des Logements Sociaux, Dieudonné Dukundane, a informé tous les habitants du site Socartie en zone urbaine de Kamenge qu’ils doivent quitter les lieux au plus tard le 30 août 2023. C’est « pour préparer le terrain afin de mettre en œuvre du projet de construction des logements sociaux adopté par le Conseil des ministres de ce 7 juin 2023 ».
Pour les déplacés de ce site, ce communiqué du ministre des Infrastructures ne tient pas compte de leurs doléances soumises aux hautes autorités du pays. Certains ont peur de se retrouver dans la rue après ce délai.
« Nous avons accueilli cette information avec une grande amertume. Où est-ce que nous irons ? Ma mère est veuve et je vis avec handicap. Nous vivons dans ce site depuis 1999. Nous n’avons pas de moyens pour acheter une parcelle et construire une maison ailleurs », indique Bernadette Nshimirimana.
Elle confie que sa famille est passée par différents quartiers de la ville de Bujumbura après la crise de 1993 pour finalement se retrouver au site de Socartie : « En tant que déplacés, l’état nous a amené dans ce site nous promettant de nous installer dans un autre endroit après quelques mois, mais rien n’a été fait ».
Cependant, elle affirme que l’Etat a donné à quelques familles des déplacés de Socartie des parcelles à Maramvya dans la commune Mutimbuzi : « Nous avons vendu cette parcelle de Maramvya pour payer les soins de santé pour ma mère. Avec le reste de l’argent, nous avons acheté une autre parcelle à Gatumba, mais elle a été récemment inondée par les crues de la Rusizi ».
Elle appelle à l’Etat de donner aux déplacés de Socartie des parcelles dans une autre localité. Pour ceux ayant déjà des parcelles ailleurs, elle demande au gouvernement de les appuyer pour construire leurs maisons.
Pour Emmanuel Sabiyumva, aussi habitant de Socartie, l’Etat devrait trouver une autre localité pour réinstaller ces familles de déplacés. Il apprécie qu’en début de cette année, une équipe envoyée par la présidence est venue écouter leurs doléances : « Nous ne sommes pas contre la décision du gouvernement. Comme nos préoccupations ont été soumises aux hautes autorités, nous espérons que le gouvernement ne nous chassera pas avec force ».
Selon lui, sa famille sera sans-abri si cette mesure est maintenue. Il rappelle que même ceux qui ont des parcelles ont besoin du temps pour construire leurs maisons. « Il faut que l’Etat nous donne des tôles et autres matériaux pour que nous puissions construire nos maisons et quitter ce site ».
« Que l’Etat ne nous chasse pas à la hâte »
Damien Ntamagara, habitant de Socartie, fustige que l’Etat ait récemment récupéré certaines parcelles octroyées aux déplacés de Socartie à Maramvya sous prétexte qu’ils n’y ont pas encore construit des maisons : « L’Etat a récupéré ces parcelles alors que certains acquéreurs essayaient encore d’y construire des maisons, malgré la pauvreté dans nos familles. Certains avaient déjà construit des fondations, d’autres avaient presque terminé la construction des maisons ».
Selon lui, certains déplacés ayant vendu leurs parcelles de Maramvya ont acheté d’autres parcelles à Gasenyi dans l’espace déclaré périmètre du palais présidentiel : « Ils n’ont pas jusqu’ici reçu des indemnités pour chercher les parcelles ailleurs et construire leurs maisons. Il faut d’abord les indemniser ».
Il demande au ministre des Infrastructures de surseoir à sa mesure et écouter d’abord les doléances de la population : « Que l’Etat ne nous chasse pas à la hâte. Nous sommes des citoyens, nous vivons dans des maisons de l’Etat. Il devrait nous délocaliser paisiblement. Nous sommes prêts à quitter ce quartier dans des conditions favorables ».
Rappelons que le Conseil des ministres du 7 juin dernier a adopté le projet de construction des logements sociaux. Ce projet débutera avec la construction de 5 000 appartements dans le site Kizingwe-Bihara au sud de la ville de Bujumbura et 1 600 appartements dans le site Socartie au nord de la capitale économique.
Il est plus que temps de terminer avec m
les déplacés d’intérieur. Une honte pour le pays. Puisqu’il y a la paix maintenant, que chaque déplacé retourne chez lui et que les autorités veuillent à sa sécurité chez lui. Que ceux qui ont eu des parcelles, qui les ont vendues et acheté ailleurs en gardant le bénéfice ne se plaignent pas. Qu’ils rejoignent enfin leurs collines d’origine. Que plus jamais un citoyen ne soit déplacé de chez lui, de sa colline, de sa province. C’est cela la vraie démocratie!!
@Nkunzumwami
Je crois qu’au debut ca aurait pu etre un grand dilemme pour notre RETA MVYEYI RETA NKOZI.
RETA MVYEYI aurait peut-etre pu ecouter ceux qui disent carremment:« « Il faut que l’Etat nous donne des tôles et autres matériaux pour que nous puissions construire nos maisons et quitter ce site »… »
D’autre part RETA NKOZI doit avoir etre surpris de voir la gravite du probleme de l’habitat au niveau national (et pas seulement au Quatier SOCARTIE) quand TANT DE GENS sont venus se faire inscrire pour pouvoir acheter un nouveau logement decent.
« Que l’Etat ne nous chasse pas à la hâte »