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SOBUGEA : un conseil d’administration divisé ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur SOBUGEA : un conseil d’administration divisé ?

Un document confidentiel et non signé accuse l’actuel directeur général de la SOBUGEA de malversations économiques, et demande son départ. Pour ce dernier, c’est un tissu de mensonges.

<doc3273|left>« Depuis sa nomination comme directeur général (DG) de la SOBUGEA en date du 5 octobre 2009, il n’a jamais cessé de se livrer à une mauvaise gestion de la société », attaque ce document. Il, c’est Elias Buregure, le numéro un de la Société Burundaise de Gestion Aéroportuaire, SOBUGEA. Les principaux exemples fournis par ce document concernent notamment le non respect du code des marchés publics, et de la règle de concurrence en général, dans l’attribution des marchés, en faisant fi des recommandations du conseil d’administration (CA) de la société. Il s’agit également d’un refus de collaboration du DG avec le même CA, et une violation du traitement équitable des compagnies aériennes usagers de la SOBUGEA, signe d’une corruption. Ce document dénonce également l’attitude du D.G qui dresse, « sournoisement », le syndicat contre le CA, avec des menaces de grève.
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{ Les manquements relevés dans le rapport du contrôle interne
– Octroi abusif des avances sur les commandes aux fournisseurs (SOVAM et CSI-ENC) et des primes
– Violation des procédures de compétition dans l’exécution de certains approvisionnements à l’étranger par le passage à un seul et même intermédiaire local (garage ECLAIREUR)
– Réparation des véhicules accidentés abusivement prise en charge, hors concurrence, par un réparateur privé externe à la société (garage ECLAIREUR) et sans contrat y afférent le liant à la SOBUGEA
– Des cas d’avancement de grade négocié }
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Les manquements relevés par ce document s’inspire du rapport de contrôle interne de la société, effectué dans le premier semestre de 2011. Mais il contient également d’autres irrégularités véridiques rapportées par d’autres sources.

Pourtant, pour Elias Buregure, le directeur général de la SOBUGEA, les allégations de ce document, non signé, sont contradictoires avec le fonctionnement réel de la société. Le 24/02/2011, se rappelle-t-il, le CA, dans une réunion extraordinaire, a trouvé que la SOBUGEA, société mixte, n’est pas concernée par la loi régissant les marchés publics.
Une gestion normale…

Quant au rapport du contrôle interne de la société, Elias Buregure se souvient aussi que le CA l’a analysé et l’a adopté, en proposant seulement certains amendements de la forme. « Mais il n’y était question d’aucune accusation concernant le DG de la société », souligne-t-il. M. Buregure ajoute qu’il n’a jamais refusé de collaborer avec le CA, sauf pour la transmission de certains contrats avec les clients, qui sont confidentiels, et qui sont sources de conflits d’intérêts, notamment avec Air Burundi.
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Les autres irrégularités véridiques rapportées par d’autres sources
– Refus de donner des documents de travail au conseil au CA à deux reprises, notamment concernant les listes de paie qui auraient permis au CA d’analyser objectivement les avantages salariaux à accorder au personnel.
– Le cas des médicaments pris par le personnel de la SOBUGEA dans une pharmacie, négociée par le DG, où un même produit a un prix plus élevé s’il est vendu au membre de ce personnel.
– Exonération des frais du groupe de démarrage des avions au sol à un opérateur de vols cargo non réguliers (ASKARI), alors que l’usage du même équipement est facturé aux autres compagnies, dont Air Burundi, à $200 par démarrage.
– Révision à la baisse d’environ 50% du tarif d’assistance en faveur d’un opérateur de vols cargo non régulier JORDAN AVIATION.
– Achat d’un compresseur de plusieurs dizaines de millions après un marché attribué irrégulièrement, compresseur qui s’est avéré ne pas avoir la capacité de fonctionnement requise. Information vérifiée après une plainte d’Ethiopian Airlines.
– Non respect de l’ordonnance régissant l’octroi des frais de mission
– Refus de respecter les procédures des marchés publics
– Complicité du DG avec le syndicat pour faire augmenter les salaires par force
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En soulignant qu’il lui revient de gérer les affaires quotidiennes de la société, en visant une meilleure efficacité : « Les contrats sont négociés et sont confidentiels. Les prix accordés aux différentes compagnies peuvent être conformes ou différents, mais cela entre dans mes prérogatives. »
Le DG de la SOBUGEA précise que les tarifs de base servent de points de repère, en considérant l’apport de chaque compagnie : « ASKARI ne paie pas moins de $10.000 (près de 14 millions Fbu) par vol ; si elle demande une réduction de $400, je considère les intérêts, au lieu de perdre un tel client.» Ainsi donc, toutes les décisions qu’il prend sont orientées vers le développement de la société. « Contrairement à certains membres du CA qui voudraient investir peu mais avoir plus de dividendes », souligne M. Buregure.

Un syndicat indépendant ?

De ses rapports avec le syndicat, il souligne qu’un bon dirigeant doit être à l’écoute de ses employés s’ils ont des problèmes, pour essayer de les résoudre sans qu’il y ait grève, mais dans le respect du règlement et de la hiérarchie.
Mais Elias Buregure rappelle que les hausses des salaires ont été promises par le président du CA en décembre 2011, en présence du ministre des Transports, au plus tard le 31 janvier, après révision du règlement d’entreprise.

« Le syndicat est un organe libre et indépendant qui agit conformément au code du travail, sans être téléguidé ou manipulé par l’employeur, et aucune preuve tangible ne prouve cette manipulation », s’est défendu le syndicat de la SOBUGEA, face aux insinuations du document. Il condamne farouchement l’auteur de ce « tract » qui ne veut pas signer le document, en voulant salir le syndicat qu’il serait à la solde du patronat.

Des raisons cachées…

Pour ce syndicat, la seule problématique que connaît la SOBUGEA est sa fusion d’avec Air Burundi. En effet, un conflit ouvert existe depuis quelques jours entre les deux boîtes, dont la raison est la santé financière d’un des adversaires. Quoi de plus naturel dans ce cas si la direction et le syndicat de la SOBUGEA fassent front commun… Mais nous y reviendrons plus tard.

Pour Melchior Nahimana, ADG d’Air Burundi et président du conseil d’administration de la SOBUGEA, certains points contenus dans le document leur sont connus : « Ce sont surtout les points relevés par le rapport d’enquête interne, les autres nous sont inconnus », déclare-t-il. Mais, poursuit-il, ce document n’est pas le cadre approprié pour en parler.
Cependant, scandalisé, Athanase Ndihokubwayo, alias Zeus, vice-président de ce conseil, qualifie ce document de honteux. Pour lui, il ne fait aucun doute que le conseil d’administration est bicéphale, avec des intérêts divisés. « Si Elias Buregure était accusé de mauvaise gestion, quel que soit l’administrateur qui aurait les éléments de détournement, il les présenterait dans un dossier bien élaboré et le CA, tel qu’il est, écarterait le DG de la SOBUGEA », indique-t-il. M. Ndihokubwayo ne conçoit pourtant pas des administrateurs qui utiliseraient un tel document non signé.

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