Suppression des droits acquis, affiliation qualifiée d’illégale à la Mutuelle, mises à pied des syndicalistes,…ce sont entre autres les griefs des travailleurs reprochés à la direction générale de la société Sobugea. Un préavis de grève a été lancé à partir du 9 juillet 2018.
«Nous faisons face à une situation alarmante suite aux mesures intempestives illégales», peut-on lire dans une lettre envoyée à l’inspecteur général du travail et signée par 205 travailleurs de la Sobugea. Dans la foulée, ils annoncent un préavis de grève de 6 jours à partir du 9 juillet 2018.
D’après les informations recueillies auprès des travailleurs de cette société, la direction essaie de les diviser. « Depuis lundi dernier, une liste circule au sein du personnel syndiqué de la Sobugea. La direction veut nous obliger à nous rétracter», confie un des travailleurs de la Sobugea. Jusqu’à mercredi dernier, poursuit-il, 11 personnes ont déjà apposé leurs signatures devant leurs noms.
Une multitude de griefs
Parmi ces mesures «illégales», il y a la suppression des droits acquis à savoir les primes de fidélité, les annales et l’avancement de grade. Selon les travailleurs de cette société, leurs salaires ont été revus à la baisse comparativement à ceux de 2015.
Suite à cette mesure, 21 employés sont dans le rouge et ne touchent pratiquement rien comme salaire à la fin du mois. «Ils sont dans le moins». 9 autres employés touchent un salaire compris entre 100 Fbu et 1.000 Fbu. Et plus de 150 employés perçoivent moins de 100 mille Fbu.
«On nous dit que cette situation va durer 4 ans. Cela est inacceptable».
Sur cette question, Télésphore Irambona, administrateur directeur général (ADG) de la Sobugea, assure que sa société n’a jamais revu à la baisse les salaires de ses employés. Elle a suspendu les annales, les gratifications et les autres primes, suite à la décision du ministère des Finances.
Une autre revendication est une bonne prise en charge médicale. Les employés de la Sobugea indiquent que dès sa création en 1981, la Sobugea faisait soigner ses employés dans des polycliniques privées à 100%, sur présentation d’un bon de commande.
La situation changea en 2015. Début mai 2018, une note de service sort. Elle précise que désormais les employés de la Sobugea vont se faire soigner selon le système de la Fonction publique.
D’après l’ADG de la Sobugea, cette décision a été prise dans le souci de mieux gérer les ressources financières de la société sur la proposition du conseil d’administration et le ministère des Transports.
Les travailleurs fustigent également les mises à pied de 15 jours et de 10 jours respectivement infligées au premier secrétaire du comité syndical Amissi Hakizimana et d’une autre syndicaliste, Mireille Harerimana.
Amissi Hakizimana avait été arrêté vendredi 29 juin 2018 par les agents du Service national de renseignement (SNR) mais il a été relâché ce mercredi 4 juillet 2018. «Nous demandons à la direction d’annuler la mise à pieds de nos leaders syndicaux et de surseoir à ces mesures draconiennes».
Télésphore Irambona tient à rassurer : « Nous sommes toujours ouverts au dialogue». Il affirme qu’il a toujours expliqué toutes ces décisions à ses employés mais qu’ils n’ont pas voulu comprendre.
Par ailleurs, souligne-t-il, le dialogue avec ses employeurs est un exercice permanent. «Nous l’avons toujours fait.» Sur la question des mises à pied, M. Irambona reste catégorique. Pas question de discuter sur des sanctions disciplinaires.
Et sur la question de diviser les employés pour casser le mouvement de grève, l’ADG de la Sobugea n’a pas voulu en dire plus. «En tant que gestionnaire, j’ai mes responsabilités».
Par Fabrice Manirakiza & Désiré Sindihebura