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Société

Sobugea : les employés fâchés contre la direction

11/06/2018 Commentaires fermés sur Sobugea : les employés fâchés contre la direction
Sobugea : les employés fâchés contre la direction
Amisi Hakizimana : « La victime a passé quatre jours au centre de santé de Kanyosha sans aucune assistance médicale. »

Le personnel de la Sobugea déplore le décès de leur collègue survenu, jeudi 31 mai, suite à la décision de la direction générale changeant leur système des soins de santé. La direction de cette société assure le contraire.

9h, mardi 5 juin. A la Clinique prince Louis Rwagasore, la colère et les pleurs dominent chez les employés de la Société burundaise de gestion des entrepôts et assistance des avions en escale à l’Aéroport de Bujumbura (Sobugea) venus rendre un dernier hommage à leur collègue, Jean Claude Roy Habonimana, décédé jeudi 31 mai. Pour manifester leur mécontentement, ils ont refusé de prendre le repas habituellement servi par la Sobugea.

Amisi Hakizimana, premier secrétaire du syndicat des travailleurs de la Sobugea, indique que le décès de son collègue est dû à la négligence de la direction de la Sobugea. « Elle a refusé son assistance médicale ».

Tout remonte au mois de février. Jean Claude Roy Habonimana souffre d’une tumeur de l’estomac. Il est opéré le 12 février à l’Hôpital Bumelec là où il passe 12 jours. Le 24 février, il rentre chez lui. Mais, il doit se présenter à l’établissement pour faire des contrôles réguliers.

Fin mai, il rechute. Son médecin constate que la maladie s’est compliquée. Le cancer a atteint le foie de la victime. Dans l’immédiat, elle doit être admise et opérée à l’hôpital Bumelec. Chose qu’elle n’a pas obtenu. Motif : la direction générale de la Sobugea a changé le système de soins de santé, depuis le 3 mai. Elle a affilié ses employés à la Mutuelle de la fonction publique. Cette dernière ne collabore pas avec les hôpitaux privés.

Absence d’assistance médicale

Par manque d’assistance médicale par la Sobugea et de moyens financiers, déplore-t-il, sa famille décide de l’hospitaliser au centre de santé de Kanyosha, alors qu’il devrait être soigné dans une structure de soins de santé spécialisée en la matière. Ce responsable syndical indique que la victime a passé quatre jours au centre de santé de Kanyosha sans aucune assistance médicale. Pendant toute cette période, regrette-t-il, les travailleurs de la Sobugea ont demandé son transfert dans un hôpital privé, à maintes reprises, en vain. « La direction générale s’est obstinée ». C’est jeudi vers 17h qu’il a été transféré à la Clinique prince Louis Rwagasore à bord d’un bus de la Sobugea. Trois heures plus tard, il a rendu l’âme. Compte tenu de la vulnérabilité des employés de la Sobugea, prévient le syndicaliste, les autres risquent de subir le même sort.

M. Hakizimana explique, par ailleurs, que dès sa création en 1981, la Sobugea faisait soigner ses employés dans des polycliniques privées à 100 %, sur présentation d’un bon de commande. Jusqu’en 2015, il n’y avait aucun problème. Les problèmes commencent en 2015. Dès lors, la direction de la Sobugea fait soigner ses employés à la Polyclinique « Maison médicale » sans contrat. Les pharmacies Salaama et Arc-en ciel servent des médicaments au personnel de la Sobugea également sans contrat.

Parfois, le montant de la facture est multiplié par dix. Début mai 2018, une note de service est sortie. Elle précise que désormais les employés de la Sobugea vont se faire soigner sur le système de la Fonction publique. Prétexte : les frais de soins de santé ont sensiblement augmenté. Selon le responsable syndical, cette augmentation est due à la mauvaise gestion.

Outre les problèmes de la prise en charge médicale, les employés de la Sobugea fustigent également la réduction de leurs salaires comparativement à ceux de 2015. Suite à cette mesure, 21 employés touchent des salaires compris entre – 44.445 et – 138 BIF, 9 touchent un salaire compris entre 100 et 1000 BIF et plus de 150 employés touchent moins de 100 mille BIF.

La direction se défend

Télesphore Irambona : «La Sobugea n’a jamais cessé la prise en charge médicale de ses employés.»

Télesphore Irambona, administrateur directeur général (ADG) de la Sobugea, fait savoir que sa société n’a jamais cessé la prise en charge médicale de ses employés. Seulement, explique-t-il, ce qui a changé est le système de soins de santé. Aujourd’hui, poursuit-il, tous les employés sont pris en charge par la Mutuelle de la fonction publique alors qu’auparavant la Sobugea les faisait soigner dans des hôpitaux privés sur bon de commande. Selon ce responsable, cette décision a été prise dans le but de mieux gérer les ressources financières de la société sur la proposition du conseil d’administration et le ministère des Transports.

M. Irambona indique, par ailleurs, que la Sobugea n’a jamais revu à la baisse les salaires de ses employés. Elle a suspendu les annales, les gratifications et les autres primes, suite à la décision du ministère des Finances. Cette décision, tient-il à rappeler, exige de tous les employeurs qui ont accordé des annales à leurs employés de les restituer. Elle s’applique à tous les fonctionnaires, pas seulement à ceux de la Sobugea.

Après le retrait des annales et autres primes, explique-t-il, les employés ont vu leurs salaires baissés alors qu’ils avaient des engagements bancaires. Au moment où ils ont pris ces engagements, la mesure n’était pas encore tombée.

Il précise, du reste, que l’emprunt d’une dette est individuel. L’employeur n’a aucun rôle. Là où le bât blesse, déplore M. Irambona, c’est que ces employés ne veulent pas comprendre. Ceux qui ont des salaires négatifs, poursuit-il, sont ceux qui recevaient des gratifications et des primes de bilan.

L’ADG de la Sobugea ajoute que son administration informe régulièrement ses employés des décisions prises soit par des notes de service, soit par le biais de leurs chefs de service, par le conseil de l’entreprise ou lors de l’Assemblée générale.

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