Mardi 16 juillet 2024

Société

Sixte-Vigny Nimuraba : « Un seul cas de torture, c’est trop »

26/06/2021 Commentaires fermés sur Sixte-Vigny Nimuraba : « Un seul cas de torture, c’est trop »
Sixte-Vigny Nimuraba : « Un seul cas de torture, c’est trop »
Sixte-Vigny Nimuraba

A l’occasion de la Journée internationale de la Lutte contre la Torture ce 25 juin, le président de la CNIDH demande aux instances habilitées d’agir contre ceux qui usent de leurs fonctions pour pratiquer la torture sur autrui.

Au mois d’avril, vous avez présenté un rapport sur la situation des droits de l’Homme pour l’année 2020. Quelles formes de torture avez-vu pu observer ?

Cela dépend des cas et des situations. Il y a des cas de policiers qui tabassent des gens pour tel ou tel autre motif même si rien ne justifie le recours à la torture. Il y a d’autres cas de personnes soumises à de la torture lors d’interrogatoires, il y en a d’autres qui sont violentées dans un véhicule de la police lors d’un transfert vers le cachot ou vers le tribunal.

Qu’est-ce qui est fait pour enrayer cette situation ?

Il y a des campagnes qui sont menées pour décourager cette pratique, à commencer par les hautes autorités qui appellent à ce que soient mis fin aux traitements inhumains. On peut aussi parler des sanctions prises à l’encontre des coupables de torture. Lors des procès, quand il est fait état de torture, les procédures s’arrêtent pour mener des investigations qui permettent de poursuivre les auteurs. Nous sommes aussi en train de mettre sur pied un mécanisme de prévention de la torture au Burundi. Le dossier est en train d’être analysé au niveau du Ministère en charge de l’Intérieur. Avec ce mécanisme, les actes de torture connaîtront une surveillance accrue.

Quid de la réaction de la police dont certains agents sont mis en cause dans des cas de torture ?

Ce n’est pas seulement la police qui est concernée par des cas de torture. Nous sommes en relation avec plusieurs institutions : Police, Armée, administrations, ONGs, etc. Ce qui fait que chaque fois qu’il y a allégation de cas de torture, nous menons des enquêtes et adressons des recours à la Police. Nous contactons aussi le Ministère de la Justice pour un suivi des cas signalés. Nous sommes aussi en relation avec plusieurs organisations des droits de l’Homme qui sont sur terrain. Avec elles, nous faisons parfois appel au Ministère public pour des actions concrètes en rapport avec les violations des droits de l’Homme répertoriées.

Les victimes des cas de torture que vous avez pu documenter ont-elles pu avoir accès à la Justice ?

Nous essayons de les y aider mais ce n’est malheureusement pas tout le monde qui peut en bénéficier. Sans oublier qu’on est face à des procès qui prennent beaucoup de temps. Mais le Ministère public a parfois réagi pour des cas signalés. Il y a notamment un cas que nous avions documenté à Bururi où les auteurs ont été traduits en justice. Donc, des cas similaires existent et nous encouragent à poursuivre l’action que nous menons.

Des enquêtes que vous avez pu mener, y a-t-il un recul ou une augmentation des cas de torture ?

Avec l’amélioration du cadre sécuritaire, nous enregistrons peu de cas de torture. Mais ce n’est pas à négliger car un seul cas de torture, c’est trop ! C’est pourquoi nous devons toujours œuvrer pour prévenir mais aussi faire à ce que soient punis ceux qui s’adonnent à la torture.

Quel appel pouvez-vous lancer aux pouvoirs publics ?

Il faut que les instances habilitées fassent tout pour mettre fin à la torture, notamment de la part de personnes pouvant user de leurs fonctions pour pratiquer la torture sur autrui. Je rappelle aussi que le Burundi a ratifié la Convention contre la Torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il ne faut pas non plus oublier que ces cas de torture nuisent à l’image du pays. Donc, c’est de la responsabilité du Ministère de la Justice de poursuivre ceux, policiers ou administratifs, pouvant se rendre coupables de torture et faire en sorte qu’ils soient sévèrement sanctionnés.

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