Les déplacés affirment que leurs voisins veulent les expulser pour exploiter la partie où est aménagé le site. L’administration communale est dépassée et la question a été soumise au gouverneur de Ngozi.
<doc5020|left>« Un conflit foncier a déjà dégénéré dans le site de Ruhororo, il y a deux semaines», témoigne Athanase Havyarimana. Ce déplacé indique que l’incident est survenu vers fin juillet. « J’étais en train de fabriquer des briques adobes », Tout à coup, un certain Janvier Minani a fait irruption dans le site. Il m’a empêché de continuer sous prétexte que je suis en train de construire dans sa parcelle. » Selon toujours ce déplacé, ils se sont bagarrés et les voisins sont intervenus pour calmer la situation.
N.E., un autre déplacé, précise que des habitants de Ruhororo, restés sur leurs collines, affirment que le site a été aménagé dans leurs parcelles. Pourtant, s’étonne ce sexagénaire, les déplacés occupent ce site depuis le 17 septembre 1994. Il affirme que ce sont les autorités de l’époque qui les ont installés dans cette partie.
« Le gouvernement a envoyé des machines pour le terrassement. La plupart des maisons ont été construites par l’ONG Care International et personne n’a réclamé cette partie de la parcelle. » S.D. ajoute que l’espace a été délimité. Et de se demander pourquoi ils réclament cette partie plus de 15 ans après. G.A. du même site accuse l’administration à la base d’être derrière les réclamations de ces habitants : « Nous avons toujours sollicité l’intervention de l’administrateur sans succès. »
Sous couvert d’anonymat, certains habitants proches du site estiment que leurs voisins doivent retourner sur leurs collines d’origine. D’après eux, ils passent toute la journée à exploiter leurs terres et personne ne les inquiète.
Un site bien aménagé
Ce vaste site est situé au centre Ruhororo à Ruyange. 9696 personnes y vivaient l’année passée, selon des sources sur place. Le site est entouré de bananeraies, de patates douces, de manioc et d’autres cultures. La plupart de déplacés sont venus des collines Mukoni, Ruyaga, Nyamugari et Mutobo de la commune Ruhororo. D’après eux, ils n’envisagent pas de retourner sur les collines d’origine. « Nous sommes des rescapés des massacres de 1993. Nous ne pouvons pas retourner sur nos collines, alors que nous ne sommes pas tranquilles», témoigne I.N. Pour cette mère de cinq enfants, les maisons de tous ces déplacés ont été détruites. En outre, elle estime qu’aucun problème ne se pose dans le site car il a été aménagé dans un domaine de l’Etat.
Cette information est confirmée par les autorités de l’époque et par les personnes qui ont été impliquées dans la mise en œuvre du projet de réinstallation des déplacés. La répartition des parcelles a été déterminée à partir d’un plan de cadastre officiel fourni par les autorités provinciales de l’époque.
L’administration provinciale a été saisie
Clément Baryakaziri, administrateur de la commune Ruhororo, affirme que le site a été aménagé dans les parcelles des particuliers : « Il n’y a pas eu de contrat à cette époque parce que nous étions dans une période de crise. » Pour lui, toutes les parcelles vacantes dans le site doivent obligatoirement revenir à ceux qui sont restés sur leurs collines. Malheureusement, déplore-t-il, les déplacés se sont opposés à cette mesure. « Des jeunes du site se sont organisés pour contrecarrer cette mesure », explique-t-il. L’administrateur Baryakaziri révèle qu’un agent du service national de renseignements à Ruhororo a été menacé par ce groupe, le 30 juillet de cette année. Il indique avoir soumis la question du site Ruhororo au gouverneur de la province Ngozi. Iwacu a contacté ce dernier sans succès.