Le président de la CNTB exige que les déplacés de Ruhororo retournent sur leurs collines d’origine. Ceux-ci refusent. Le président de l’Uprona conteste la décision et parle d’une mesure de désunion.
<doc3793|left>Plus 9500 déplacés du site Ruhororo sont dans l’impasse. Ils craignent d’être expulsés des lieux d’un moment à l’autre. « Depuis mercredi 18 avril de cette année, Monseigneur Sérapion Bambonanire, président de la CNTB a tenu un discours haineux», affirme Léocadie Sibomana, l’une des déplacés du site. La peur se lit sur le visage de cette sexagénaire. Elle indique que le parton de la CNTB leur a sommé de retourner sur leurs collines d’origine dans les meilleurs délais. Au cas de refus, témoigne-t-elle, il a précisé que sa commission va user de la force.
Comme Iwacu l’a constaté, c’est un vaste site situé au centre Ruhororo. Plus de 2 mille maisons y sont construites. Elles sont entourées de bananeraies, de patate douce, de manioc et d’autres cultures. La plupart d’entre eux viennent des collines Mukoni, Ruyaga, Nyamugari et Mutobo de la commune Ruhororo. Illuminée Ntahomvukiye, du même site raconte que personne ne va quitter le site : « Nous sommes des rescapés des massacres de 1993. Nous ne pouvons pas retourner sur nos collines puisque nous n’y sentons pas en sécurité. » Pour cette mère de cinq enfants, les maisons de tous ces déplacés ont été détruites.
Elle ne comprend pas pourquoi le président de la CNTB s’acharne à les déloger alors que le site a été aménagé dans un domaine de l’Etat.
<doc3794|right>« Aucune influence »
Jean Freddy Sinibagiye, un autre déplacé réfute les propos de Monseigneur Sérapion selon lesquels ce sont les cadres de la 1ère vice-présidence qui les empêchent de rentrer. Depuis la visite de Sérapion, poursuit-il, un climat de méfiance s’est installée entre les déplacés et ceux qui sont restés sur leurs collines. Ces déplacés refusent de quitter les lieux. Ils demandent plutôt au gouvernement de le transformer en village de paix.
Certains habitants aux alentours du site estiment que leurs voisins doivent retourner sur leurs collines d’origine.
D’après eux, cela fait plusieurs années qu’ils exploitent leurs terres et personne ne les inquiète. Claude Nahayo, gouverneur de la province Ngozi, reconnaît que 60% des terres où est construit le site appartiennent à la population qui n’a plus où cultiver. Pour le gouverneur Nahayo, elle doit être rétablie dans ses droits. Il estime qu’on ne va pas faire recours à la force. Et de proposer à ces deux catégories de la population un dialogue pour trouver une solution.
L’Uprona monte au créneau
Bonaventure Niyoyankana, président du parti UPRONA, estime que las agissements ainsi que les propos de Sérapion sont dangereux. Pour lui, accuser les cadres de la 1ère vice-présidence revient à déplacer le problème qui est entre lui et la paix sociale : « Il faut qu’il corrige son attitude. Qu’il interprète les différents textes de lois et savoir que la CNTB a une mission réconciliatrice. » Pour Niyoyankana, il veut rendre ethnique le problème des déplacés alors que cela n’est pas le cas : « 76% des sites occupés reviennent à l’Etat. Un déplacé doit s’installer là où il se sent en sécurité. » Niyoyankana considère le site de Ruhororo comme un village. Pour lui, ces déplacés sont le symbole des problèmes qui se sont succédé au Burundi. « Nous avançons vers la commission vérité et réconciliation. Ces déplacés sont des victimes, donc des témoins. Est-ce qu’ils pourront témoigner de ce qui s’est passé sur leurs collines alors qu’ils habitent avec quelqu’un qui a commis ce forfait ? », s’interroge-t-il.
<doc3795|right>Le président de l’UPRONA indique que le gouvernement a lui-même annoncé la politique de villagisation. Selon lui, le plan est caché dans les tiroirs alors qu’il est soutenu par les bailleurs qui sont prêts à financer. « Il y a la mauvaise volonté du gouvernement ou de certains membres responsables de ce secteur pour essayer de faire tout pour que cette politique ne soit pas connue publiquement et que les déplacés ne soient pas intégrés dans ces villages de paix », révèle-t-il.
« Le président de la CNTB serait dérangé mentalement »
Bonaventure Niyoyankana constate que le président de la CNTB s’aventure et ne sait plus son rôle. D’après lui, cet homme a développé une attitude de discrimination : « Il faudra que les psychologues vérifient s’il ne serait pas dérangé mentalement. Au moment où on va vers la réconciliation, lui il bouge vers la désunion des gens. » De rappeler que les déplacés de 1993 ne sont pas des Tutsi seulement mais il y a aussi des Hutu.
Dans son intérieur, poursuit Niyoyankana, Sérapion doit avoir un problème : « Il devrait être considéré comme un ennemi de la paix sociale et nous allons le traiter ainsi. » Pour le président de l’UPRONA, la seule force du président de la CNTB est la manipulation : « Il visite les paysans des alentours du site, l’encourage de venir réclamer ces terres. Il aide même à rédiger les correspondances.»
Contacté par Iwacu, Monseigneur Sérapion Bambonanire, président de la CNTB n’a pas voulu s’exprimer sur toutes ces accusations.