163 familles sans assistance occupent le site de Karurama II en commune Rugombo de la province de Cibitoke. Le ministère de la Solidarité tranquillise et prodigue des conseils.
«Avant, certains habitants du site vivaient de la mendicité. Aujourd’hui, il est strictement interdit de mendier, sous peine d’être puni. Même l’ONG qui nous assistait a clôturé ses activités avec ce mois de décembre», se lamentent les sinistrés du site, près de la frontière avec la RDC. A Karurama, deux sites y sont aménagés. L’un pour les anciens militaires handicapés de guerre, l’autre pour les sinistrés.
Ce dernier est aménagé sur un terrain d’environ un hectare. Des maisons couvertes de tôles mais en briques adobes occupent l’espace aménagé. Une différence : trois des 163 maisons construites sont neuves avec des briques cuites et du ciment. «Vous voyez que ces maisons sont particulières. C’est ZOA, une ONG néerlandaise qui les a construites.
Les anciennes étaient détruites », précise Véronique Nibizi, une quinquagénaire, qui habite le site. Au sud se trouve une étendue bien viabilisée, morcelée en parcelles à bâtir, à moins d’un km de la cimenterie Buceco. Les occupants du site craignent d’être repoussés un jour pour que cet emplacement fasse l’objet d’un lotissement.
A la vue d’un véhicule, plus d’une dizaine de personnes de tous âges affluent vers les visiteurs en un petit laps de temps. Ils croient à un bienfaiteur qui leur vient en aide. Tout le monde veut parler en même temps, avec des contradictions s’il faut certaines précisions. L’un dira : « Nous sommes ici depuis trois ans… » Un autre s’improvise et parle de quatre ans, tandis que les autres vont préciser que c’est depuis cinq ans. Ce qui est vrai selon le chef du site.
Chacun veut parler de la misère qui le menace dans ce site. Certaines maisons présentent des fissures. La peur au ventre, les occupants disent que trois maisons se sont effondrées suite à la pluie. Les maisons ont été construites par le Pnud, il y a 5 ans.
Pas de bienfaiteurs
« ZOA a clôturé son projet de soutenir les sinistrés de notre site. Cette ONG nous assistait en vivres et donnait 20 mille francs burundais à chaque famille. Maintenant nous n’avons plus de bienfaiteurs », alerte Adelito Bimenyimana, chef du site des sinistrés de Karurama II. L’homme de 54 ans fait savoir que la vie va devenir très dure s’il n’y a pas d’autres bienfaiteurs pour leur venir en aide.
Toutefois, la plupart des personnes rencontrées sont encore capables de travailler. «Nous n’avons pas où cultiver. L’administrateur nous a dit qu’il n’y a pas de terres à nous donner ». Avant de leur octroyer ces maisons, ils étaient au chef-lieu de la commune Rugombo. «Il était facile pour nous de trouver où cultiver et recevoir soit de la nourriture ou de l’argent en contrepartie ». Maintenant que nous sommes à Cibitoke, poursuit-il, nous sommes dans l’impossibilité de nous rendre à Rugombo (9km ndlr) et de retourner au site. Et de conclure : «Nous allons mourir de faim et de maladies.»
Outre qu’ils sollicitent des bienfaiteurs, les habitants de ce site demandent à l’administration de laisser leurs enfants étudier sans uniformes et de ne pas leur demander des contributions destinées à l’achat du matériel scolaire. Les écoliers, affirme un père de sept enfants, doivent avoir chacun 3200 BIF pour l’achat de banc-pupitre. Visiblement, ces sinistrés ne présentent pas de signes de malnutrition.
Adelito Bimenyimana explique : « Nous étions assistés en vivres et l’argent que nous recevions servait dans des activités génératrices de revenus. C’est plutôt l’année 2019 qui nous sera dure. »
Pour sortir de cette situation, tout le monde réclame des terres à cultiver, des petits ruminants ou des poules à élever. A cela s’ajoute la gratuité des soins de santé, car, s’inquiètent-ils, il y a beaucoup de moustiques dans la région qui causent la malaria.
Des conseils…
Au niveau du ministère de tutelle, les sinistrés de Karurama II font partie de ceux qui bénéficient de l’assistance de sa part. «Une fois les 6 mois, nous leur donnons des vivres. La quantité qu’ils reçoivent est fonction de la disponibilité du stock et cela va continuer », indique Révérien Simbarakiye, porte-parole du ministère de la Solidarité. Il est aussi directeur général de la réintégration des sinistrés.
Quant aux inquiétudes liées aux frais que les écoles exigent des enfants, M. Simbarakiye tranquillise. Le site de Karurama II est connu à Cibitoke. Les enfants sinistrés ne portent pas d’uniformes à l’école. Ils ne doivent pas aussi contribuer pour l’achat de tel ou tel autre matériel scolaire. Je demande plutôt au responsable du site de le signaler aux écoles. Ainsi, les parents et les enfants ne vont plus s’inquiéter.
Ce directeur général affirme qu’il n’a pas encore eu le rapport faisant état de la fin du projet de ZOA, ni d’une autre ONG qui va reprendre le projet. Toutefois, il demande aux bénéficiaires de ne jamais gaspiller le peu d’argent qu’ils reçoivent de la part des bienfaiteurs. Il faut, dit-il, collecter les petites sommes et penser aux activités génératrices des revenus.
Nous avons essayé de joindre à plusieurs reprises les autorités administratives de Rugombo pour plus d’éclaircissements, en vain.