Les rapatriés du site Gateri, en province Cibitoke, affirment qu’ils ne sont pas assistés. Ils se demandent pourquoi le gouvernement veut rapatrier les Burundais vivant en Tanzanie, alors que ceux qui sont déjà rentrés au pays meurent de faim…
<doc3977|right>Situé à plus de cinq kilomètres de la commune Buganda dans la province de Cibitoke, ce site a accueilli, depuis 2005, des rapatriés venus de la République Démocratique du Congo, du Rwanda et de la Tanzanie. Plusieurs maisons en tôles y sont construites. Pourtant, certaines sont déjà délabrées, les murs se fissurent. « Plus de 36 ménages vivent encore dans des hangars depuis janvier de cette année, faute de maisons », témoigne Eliane Niyomugisha, tenant un enfant entre les mains. Et bonjour les maladies : « Nous n’avons pas de moustiquaires, ni de couvertures contre le froid », précise Eliane.
Loin des hangars, juste à l’entrée du site, trois robinets secs. « Nous utilisons de l’eau sale parce qu’elle coule rarement dans les robinets », raconte Léocadie Ndabaruhire, en train de puiser de l’eau dans une petite rivière, la Mukashi, située à 300 mètres du site.
Bref, ce site de plus de trois cents ménages est des plus pauvres : ni école, ni centre de santé, ni position policière pour assurer la sécurité. Curieusement, la question de sécurité n’est pas la préoccupation des rapatriés : «Personne ne viendra nous attaquer parce que nous n’avons rien. Nous avons plutôt besoin d’une assistance en vivres », souligne Juvénal Manirakiza.
« Il faut revoir la politique de rapatriement »
Ces rapatriés demandent à l’administration de leur doter d’un centre de santé, d’une école pour leurs enfants et un espace cultivable.
Un problème d’espace et de moyens décrié par les garçons ayant atteint plus de 18 ans, rencontrés dans le site: « Nous voulons construire des maisons, nous sommes démunis. Il faut que le gouvernement nous fournisse des tôles pour éviter de partager les chambres avec nos parents ! ». Les mêmes rapatriés demandent au gouvernement de revoir sa politique de rapatriement. Pour eux, c’est inconcevable d’exiger des réfugiés de la Tanzanie de rentrer alors que ceux qui sont au pays ne sont pas assistés.
Nous avons contacté Clothilde Niragira, ministre de la Solidarité nationale, sans succès. Néanmoins, des sources proches de ce ministère parlent d’une étude déjà faite sur les rapatriés. Les mêmes sources font savoir que la ministre Niragira s’exprimera après la validation et la publication de cette étude, que tous les partenaires impliqués dans le processus de rapatriement devraient d’abord avaliser.