Employée d’une ONG étrangère en province Cankuzo, Daphrose Niyuhire se déplace à moto. Entre dure épreuve et belle aventure… portrait d’une femme courageuse et déterminée.
« Je rate rarement les opportunités d’emploi grâce à mon atout de conduire une moto ». Daphrose Niyuhire, 40 ans, est maman de quatre enfants. Elle travaille dans une ONG Suisse, « Fédération Lutherienne mondiale », dans la province Cankuzo.
Daphrose ne fait pas son âge ni une maman de quatre enfants. Habillée en jean masculin et baskets, elle a des airs de jeune homme. Mais son très léger maquillage et sa chevelure abondante naturelle lui redonne une apparence féminine.
Le travail de terrain est son quotidien. Depuis 17 ans, elle doit se rendre dans les collines, parfois les plus éloignées de Cankuzo, en conduisant une moto. Elle affirme pouvoir parcourir jusqu’à 190 km par jour. « Les gens sont très étonnés de voir une femme conduire une moto. Parfois, je me retrouve entourée par la population », confie Daphrose, enthousiaste.
Elle a commencé à conduire en 2004, juste après ses études. Alors jeune et célibataire, elle était chômeuse et habitait à Bujumbura. Un appel d’offre d’une ONG qui opère à Makamba est passé sous son nez. Savoir conduire la moto était parmi les critères. « Je n’avais qu’une demi-journée pour l’apprendre, car l’examen était fixé le lendemain».
Déterminée à postuler et obtenir l’emploi, elle décide d’apprendre à conduire une moto dans les deux heures qui lui restaient avant l’examen. Elle n’a pas bien maîtrisé sa moto, mais a été retenue. Elle confie avoir été la seule femme à essayer. « Une fois au travail, l’on nous a donné une chance d’apprendre encore pendant un mois. Dans les deux semaines qui ont suivi, j’ai très bien maitrisé la conduite d’une moto. »
Entre courage et détermination, une dure épreuve
De Makamba à Cankuzo en passant par Rutana, Kayanza et Kirundo… Daphrose a parcouru avec sa moto plusieurs provinces. « Souvent, je me retrouve être la seule femme qui conduit une moto dans toutes les ONG dans lesquelles j’ai travaillé». Elle assure que savoir conduire une moto est un atout pour obtenir un emploi. D’après elle, la plupart des femmes ont peur de le faire. Même si elles postulent, observe-t-elle, elles ne peuvent pas être retenues car elles sont incapables de passer l’examen pratique.
Présentant une grande cicatrice au niveau de l’avant-bras, Mme Niyuhire confie s’être fracturée un bras dans un grave accident. Elle est restée malade presque qu’une année. Mais elle n’a pas abandonné : « En reprenant le travail, j’avais développé une petite phobie de la moto. Mais au fil du temps, je me suis réhabituée.»
Cette maman de quatre enfants ne cache pas son grand attachement à la moto : « Quand je me déplace sur autre chose qu’une moto, je trouve cela bizarre. Je ne suis pas en paix. »
Son plus grand défi est de conduire étant enceinte. Elle affirme ne pas avoir de choix : « C’est très fatigant, parfois j’ai des malaises. Mais je dois continuer à travailler.» Pas de faveur de l’employeur durant cette période. Elle dit prendre son congé pré et post-natal de trois mois comme toutes les autres.
Merci à vous Iwacu de publier les experiences de burundaises courageuses. Pour avoir travaillé avec Daphrose pendant plus de 8 ans au sein d’une ONG étrangère opérant à Rutana, j’ai été témoin du caractère hors du commun de cette femme bulldozer. Brave, compétente, soucieuse du bien être de la population rurale et toujours souriante. Longue carrière à Daphrose à …moto et pourquoi pas un jour en 4X4 climatisée.
Franchement touché par cette courageuse maman qui continue à conduire sa moto pour aller travailler même quand elle est enceinte.
Bravo Daphrose.