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Sida : « Nous allons faire une prévision plus importante de ces produits »

18/09/2011 Commentaires fermés sur Sida : « Nous allons faire une prévision plus importante de ces produits »

La rupture de stock de trois produits importants dans la prise en charge médicale des personnes vivant avec le VIH/SIDA est due à une demande plus forte que celle qui était prévue, explique Dr Jean Rirangira, secrétaire exécutif permanent du Conseil National de Lutte contre le Sida. Le CNLS veut consolider la planification.

Ce n’est pas la première fois qu’il y a une rupture de stock de médicaments. Pourquoi une situation qui se répète ?

Il n’y a pas eu toujours de rupture de stock contrairement à ce que l’on dit. Nous avons connu une rupture sérieuse essentiellement de trois produits à savoir Atrepla, Truvada et Lamivudine. Cette rupture a eu lieu au mois de juin, mais à partir du mois du juillet, elle s’est progressivement résolue grâce à des produits que nous avons reçus du gouvernement et de la Fondation Clinton. Sinon, au cours de l’année passée, nous n’avons pas connu une rupture majeure.

Pourquoi ces produits ?

Ces produits sont importants. Nous avons remarqué qu’ils ont été sur utilisé par rapport aux prévisions. Les médicaments antirétroviraux coûtent cher. Normalement, le programme national en collaboration avec les différents acteurs établit et met régulièrement à jour les schémas de traitement. On essai de discuter les schémas de traitement avec les représentants de ceux qui utilisent ces produits avec lesquels on fait la planification.

Donc, ces schémas n’ont pas été respectés ?

C’est exactement cela. On a consommé plus ce que prévu. Nous avions constaté que les quantités étaient en train de diminuer. En réalité, c’est un problème de planification. Une fois que nous avons constaté que les stocks étaient en train de baisser, nous avons alerté les partenaires financiers. Pour expliquer comment on est arrivé à cette situation, cela peut prendre beaucoup de temps. C’est ce qui s’est passé. Néanmoins, cela nous a servi de leçon. Désormais, les prochaines planifications vont tenir compte de cette situation. Maintenant, il faudra faire une prévision plus importante de ces produits.

Peut-on dire qu’il y a eu mauvaise gestion de ces produits ?

Il est difficile de parler de mauvaise gestion sur ce problème précis. Nous, en tant que gestionnaire, nous avons planifié sur base des schémas que nous avons expliqués aux prescripteurs. La demande a été forte car ces produits ont des avantages réels, mais coûtent plus cher. En outre, actuellement, il existe de nouvelles directives de l’OMS concernant la mise sous traitement de personnes atteintes du sida. Avant, on mettait sous traitement des patients dont les CD4 sont à moins de 250. Actuellement, c’est à 350. Nous devons tenir compte de cela dans nos prévisions.

Une rupture de stock est signe d’un problème…

Une rupture de stock, c’est un symptôme de certaines faiblesses qu’il faut analyser et qu’on peut placer à plusieurs niveaux. Il arrive que les prévisions soient dépassées, un retard enregistré au niveau des fournisseurs. Ça peut être des lenteurs spécifiques liées au fait qu’ils n’arrivent pas à trouver les produits en quantités suffisantes. Souvent, ils nous rétorquent qu’il faut tenir compte que notre pays est enclavé. C’est pourquoi, ils ne les envoient pas dans les délais. D’ailleurs, parmi les trois produits, deux sont disponibles et nous avons des stocks de trois mois. Mais, il y a d’autres commandes que nous attendons qui ont été fait par le ministère de la Santé et de Lutte contre le sida. Le troisième (Lamivudine), nous l’attendons aujourd’hui. Et ce n’est pas sûr que nous l’ayons dans les délais.

Pourquoi ne pas changer de fournisseurs puisqu’ils n’honorent pas leurs engagements ?

C’est une analyse que nous devrons faire en sélectionnant des fournisseurs qui, dans le passé, n’ont présenté aucun problème. Ceci étant, quand on fait les lettres de marché, il y a une clause qui concerné la durée de livraison.

Avec le manque de médicaments, c’est la qualité des soins qui baisse …

Pour offrir la qualité des soins, il y a beaucoup d’éléments qui entrent en jeu. Évidemment, la disponibilité des médicaments est l’un des aspects. Mais, il y a aussi la disponibilité du personnel soignant et la gestion à différents niveau. Ici, nous assurons une fonction qui est celle de l’approvisionnement. Il existe différents niveaux d’intervention avec lesquels il faut échanger les informations. Il faut que ceux qui reçoivent les médicaments, les utilisent d’une manière rationnelle.

Les acteurs de la société civile exigent la transparence dans tout le processus décisionnel afin d’éviter cette situation…

A chaque étape, le secrétariat exécutif les associe. Le ministère de la Santé et de la Lutte contre le Sida a mis en place un comité national de gestion de médicaments qui se réunit régulièrement. Quand le service technique chargé de l’approvisionnement du CNLS planifie les achats, il le fait sur base des consommations que nous connaissons grâce aux rapports établis par les utilisateurs parmi ceux de la société civile. Par ailleurs, ces derniers sont représentés dans ce comité. Quand nous commandons ces médicaments, ils sont en général au courant. De même, quand des problèmes tels des lenteurs au niveau des fournisseurs surviennent. Ce qu’on peut faire, c’est de les informer davantage plus qu’on ne le faisait. En plus, le Central d’Achat des Médicaments du Burundi informe le comité de l’état des stocks chaque mois.

Certains médias ont parlé d’une vingtaine de décès dus à cette rupture…

J’ai lu cela dans la presse. Mais il faut faire attention avec ce genre d’information. Est-ce que ces décès sont dus réellement à la rupture de stock ? Nous ne croyons pas en cette information qui n’a pas été vérifiée. Personne ne peut dire si on l’a établie sur base des faits. D’abord, nous avons demandé aux médecins de prendre des alternatives pour qu’il n’y ait pas de rupture de soins lorsque nous redoutions une rupture de stock. Nous avons fait des vérifications dans la région mentionnée, mais on n’est pas parvenu à établir que ces décès sont dus à cette rupture.

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