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« Si elle te dénonce au Centre Humura, soit tu te marries avec elle, soit tu t’apprêtes pour la prison »

05/05/2013 Commentaires fermés sur « Si elle te dénonce au Centre Humura, soit tu te marries avec elle, soit tu t’apprêtes pour la prison »

Depuis que ce centre pilote de prise en charge des victimes des violences basées sur le genre fonctionne, les hommes l’accusent de favoriser les femmes. Ce que la coordinatrice dément.

<doc6752|right>"Si une fille te menace de te traîner devant les magistrats de Humura, il n’y a pas mille solutions : soit tu acceptes de l’épouser, soit tu finiras derrière les barreaux", indique Jean-Marie, un habitant de Gitega.
Avec cette peur au ventre, la plupart des hommes qui remarquent que leurs petites amies sont enceintes décident de disparaître un temps, en attendant que la fille accouche : "Si par chance, le bébé ne te ressemble pas, tu peux reprendre ta vie calmement !"

Car le centre Humura ({Sois tranquille}), qui s’occupe des victimes de violences basées sur le genre, avec des victimes soignées et assistées dans leur réintégration, est devenue la bête noire de la plupart des hommes des environs, qui voient en lui "un organe d’oppression", fulmine Théogène.

Même si certains prennent courage et vont se présenter devant leurs supposés beaux-parents, en l’absence de toute preuve médicale de paternité. B. H., 21 ans, taximan de son état affirme être avec une femme parce que cette dernière l’a menacé de le traduire devant la justice s’il ne reconnaîtra pas la paternité de son enfant : "D’après mes calculs, elle a accouché un mois avant l’échéance des 9 mois après notre première {rencontre}. Elle m’a piégé car je ne suis pas le père de cet enfant, je le sens ! Mais comme je n’avais pas d’autres preuves, personne n’a voulu m’entendre. Toute sa famille avait juré d’avoir ma peau en portant le cas devant Humura, si je refusait de l’épouser », regrette-t-il en promettant de "me chercher une concubine pour la punir."

Les femmes jubilent

Tandis que les hommes se lamentent d’être injustement accusés, les femmes elles, sont aux anges. Elles font savoir que ce centre est venu les délivrer des sévices qu’elles enduraient depuis des années : "Aujourd’hui nous avons là où nous portons plainte sans être réprimandées par notre entourage. Avant, nos filles abandonnaient l’école pour grossesse non-désirée sans que ces hommes soient inquiétés", se réjouit Bernadette, rencontrée près du marché de Gitega.

Quant à Sylvie Nzeyimana, coordinatrice de ce centre, elle rejette catégoriquement les allégations de ceux qui affirment que le centre favorise les femmes : "Nous accueillons toutes les victimes sans distinction de sexe. Pour les plaintes, notre personnel est qualifié pour faire des enquêtes. Si nous trouvons qu’il y’a eu consentement et que la fille est majeure, nous nous dessaisissons de cet affaire », fait-elle fait savoir.

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