Violences sexuelles, violences conjugales, sont les grands types de violences basées sur le genre les plus enregistrées dans la province de Rumonge. Après une formation sur comment accompagner socialement les victimes dans leurs communautés, les acteurs dans la prévention des VBG dans cette province se sont tous engagés à doubler leurs efforts et à travailler en synergie.
La formation a été dispensée par le ministère ayant le Genre dans ses attributions en partenariat avec le bureau du PNUD au Burundi. C’était en date du 22 et 23 août. Le but : sensibiliser les leaders communautaires sur les causes et les conséquences des traumatismes afin de bien mener leurs interventions dans les communautés.
« La première chose à faire pour une victime de violence sexuelle, c’est de l’amener à l’hôpital pour être soignée avant les 72 heures », a rappelé Marie Rose Harerimana, de l’association Dushirehamwe. Après l’assistance médicale, a-t-elle continué, l’association accompagne la victime durant le processus judiciaire.
Parmi les cas de violences les plus enregistrées, Marie Rose Harerimana en a cité les violences sexuelles chez les jeunes femmes et les violences physiques au sein des couples.
Après cette formation sur la réhabilitation sociale des victimes VBG, l’association Dushirehamwe se dit bien outillée et plus engagée à lutter contre ce fléau. « Cette formation a été d’une grande utilité. On a pu remarquer des lacunes dans nos services. Mais c’était par ignorance », a indiqué Mme Harerimana.
Cependant, elle a déploré l’insuffisance des kits de dignité donnés aux victimes. D’après elle, ce kit doit être renforcé selon les besoins de ces dernières. « Il y a des femmes qui viennent ici sans vêtement. Lui donner juste un seau, et un seul pagne, c’est insuffisant. Il faut lui donner au moins un kit qui pourra l’aider les trois premiers mois ».
La Police judiciaire de la province de Rumonge, elle, a encouragé que dans ce kit de dignité il y soit ajouté des moyens financiers. « Il y a des victimes qui étaient de petites commerçantes, ou des cultivatrices. Un petit capital était nécessaire pour qu’elles puissent relancer leur petit commerce ou de récupérer ce temps qu’elles n’étaient pas dans les champs », a insisté Col de Police Innocent Nahimana, sous commissaire de la Police judiciaire de Rumonge.
Pour ce dernier, ladite formation l’a interpellé sur ses actions dans la prévention de ces violences. Et de parler surtout sur la connaissance de soi-même. « Beaucoup de gens vivent toujours avec le stress post traumatiques. C’est difficile donc de donner une assistance durable si le trauma n’est pas traité », a révélé Col de Police Innocent Nahimana. Et de réaffirmer l’engagement de la Police judiciaire de Rumonge à collaborer avec le centre Humura afin d’éradiquer ce fléau de violences basées sur le genre.
« On n’a pas beaucoup de victimes qui viennent solliciter notre appui, mais les notions apprises vont nous aider dans l’accompagnement des couples et des fiancés », a fait savoir Philémon Nizigama, pasteur de l’église Pentecôte de Rumonge. Néanmoins, il a indiqué que parmi les assistances de l’église dans l’accompagnement d’une victime de violence, il y a des séances d’écoute pour aider cette dernière pour ne pas perdre d’espoir.
Pour ce pasteur, il faut plus de séances de sensibilisation au niveau communautaire sur comment traiter les victimes et non pas les stigmatiser. « Il faut aussi que les jeunes soient sensibilisés car des fois eux aussi tombent dans ce délit », a-t-il-ajouté.
Des efforts mais, ….
Après cette formation, les leaders communautaires ont dégagé leurs engagements pour renforcer leurs actions. Cependant, certains en ont dressé des défis pouvant freiner ces dernières. Ils ont soulevé en premier les règlements à l’amiable.
« C’est un grand défi car cela freine les procédures judiciaires et cela laisse les auteurs impunis », s’est lamenté Clotilde Nduwimana, notable sur la colline Mugara. Elle a regretté des autorités à la base qui encouragent plus ces règlements à l’amiable.
En plus de ces règlements à l’amiable, certains iront même loin en déplorant le retard dans les exécutions judiciaires. « Les juristes suivent le dossier lorsque les faits sont encore chauds », a déploré Virginie Nduwimana, de l’association Spark, antenne Rumonge.
Pour atteindre leur but d’éradiquer les violences basées sur le genre et aider les victimes à réintégrer dans la communauté, toutes les parties prenantes se sont convenues à pas mal de choses. Conjuguer les efforts et renforcer leurs interventions. « Nous allons travailler beaucoup plus avec ce centre Humura, car les victimes faisaient de long chemin pour aller se faire soigner », a fait savoir le Col de Police Innocent Nahimana.
Les notables collinaires eux, ont insisté sur des sensibilisations incluant aussi les hommes. « Dans de telles formations ce sont souvent les femmes qui viennent, les hommes se disent moins concernés ; et cela peut causer d’autres violences basées sur le genre », le constat de Clotilde Nduwimana, notable sur la colline Mugara.
Une appréciation positive de la part communale
Parmi les violences les plus enregistrées dans la commune Rumonge, l’administration en a parlé plus des violences conjugales, sexuelles et les violences économiques. « Les hommes de Rumonge abandonnent leurs familles pour aller à l’étranger ou épouser des jeunes filles », a fait savoir Augustin Minani, administrateur de la commune Rumonge.
Il a indiqué que dans de tels cas, l’administration ordonne à cette jeune femme de quitter l’homme pour que ce dernier puisse regagner le toit familial. Et dans les cas de violence sexuelle, c’est la justice qui est saisie.
« Nous avons beaucoup apprécié l’initiative du PNUD avec le gouvernement du Burundi à travers le ministère du Genre », a confié l’administrateur de la commune de Rumonge. Et d’insister sur l’importance de telles interventions visant l’accompagnement psychosociale dans la province de Rumonge. « La population de Rumonge a été victime de toutes les crises qu’a connues le Burundi. Elle est traumatisée et elle a besoin des remèdes de ces traumatismes ».
L’administration communale a fait appel à la continuité des formations sur l’approche biopsychosociale, en particulier à l’endroit des notables collinaires. « Ce sont eux qui collaborent directement avec les citoyens. Une fois formés, ils aideront à la réinsertion des victimes et assureront leur réhabilitation sociale effective », a lancé Augustin Minani.
Les leaders communautaires ont appelé le centre Humura de Rumonge à assurer un accueil adéquat à tous les demandeurs de ses services ainsi que le déplacement des victimes et de leurs accompagnateurs, à intervenir dans la répression des auteurs et le rétablissement des victimes dans leurs droits ainsi qu’à octroyer un kit de dignité aux victimes, des habits, des ustensiles de cuisine, et rétablissement socioéconomique.