La séance de ce lundi 25 septembre au Sénat a porté sur les constructions qui ne respectent pas les normes. Les sénateurs recommandent leur destruction dans l’immédiat.
Les sénateurs se disent outrés. Le rapport de deux commissions permanentes à la chambre haute sur les constructions en mairie de Bujumbura fait état d’une imminente bombe à retardement. Les sénateurs réunis en plénière ont analysé ledit rapport.
Cinq ministres sont sur place. Ceux en charge de l’environnement, des travaux publics, de la gestion des catastrophes, de l’administration territoriale et de l’énergie. «Ils sont présents pour savoir les avis des représentants du peuple», a tenu à justifier Révérien Ndikuriyo, président du Sénat.
Les sénateurs s’accordent quant à la démolition de toutes les constructions anarchiques dans les meilleurs délais. «Peu importe le propriétaire, haut dignitaire ou non», a souligné M. Ndikuriyo.
Ils fustigent non seulement les constructions érigées dans des espaces verts mais aussi les maisons construites sur ou sous les installations de la Regideso ou de l’Onatel. Les élus du peuple s’étonnent que leurs propriétaires soient parfois des autorités. Certaines d’entre elles construisent sans l’autorisation de bâtir.
Anicet Niyongabo, 2ème vice-président du Sénat, n’est pas tendre envers les autorités qui délivrent le permis de construire dans des espaces interdits. Ils doivent en répondre. Il appelle aux sanctions administratives et pénales.
Un avis partagé avec Ildéphonse Ntawunkunda, élu dans la circonscription de Muyinga. Cependant, il semble réticent quant à la démolition : «Où iront les occupants ? Comment l’Etat va-t-il gérer ces personnes sans-abris ?»
Le président du Sénat ne l’entend pas de cette oreille. La destruction implique un intérêt national. Simplement, soutient-il, ceux qui détiennent des titres de propriété devraient bénéficier d’une indemnisation.
Les sénateurs recommandent des investigations approfondies pour inventorier toutes ces constructions. Afin qu’il n’y ait pas de reproches du deux poids deux mesures.
Le quartier Gisyo destiné à l’agriculture…
Les membres du Sénat se disent préoccupés par le lotissement des zones fertiles de la plaine de l’Imbo. Ils insistent sur la nécessité de nourrir les Burundais. «La vie sans logis continue quand on a de quoi se nourrir tandis que l’inverse est impossible», note Révérien Ndikuriyo.
A ce sujet, la présidente de l’une des commissions dénonce un manque d’attention dans l’attribution des parcelles. Immaculée Ndabaneze évoque des constructions érigées sur des périmètres qui devraient servir à l’agriculture mécanisée. Le Plan national de développement lancé dernièrement prévoit la modernisation de l’agriculture.
Apollinaire Sindayikengera, un autre sénateur, appelle quant à lui à la création d’un département chargé de distinguer les terres arables de celles réservées aux constructions.
Tous les intervenants à ce sujet exhortent le gouvernement à la désaffectation en vue de gagner des terrains agricoles. Ils mettent notamment en exergue les quartiers de Gisyo en zone de Kanyosha et Maramvya dans la commune Mutimbuzi. Déo Guide Rurema, ministre de l’Environnement, de l’Agriculture et de l’Elevage, tranquillise : «Gisyo va bientôt être désaffecté pour qu’il soit un espace cultivable».
Son ministère va dépêcher des délégués pour vérifier si les bénéficiaires des terrains destinés à l’exploitation agricole ont tenu parole.
Vers la fin de la séance, le sénateur Venant Ruhuna s’est montré sceptique. Toutes ces constructions anarchiques sont érigées au su et au vu de l’administration. «Pourquoi leurs propriétaires n’ont-ils pas été arrêtés ?» M. Ruhuna doute de l’exécution des recommandations du Sénat : «Attendons voir».
Entre autres localités pointées du doigt, le quartier Kiyange I, l’espace de la station des eaux usées de Buterere, les habitations érigées en zone Buyenzi dans les environs de la rivière Ntahangwa, le quartier Maramvya, etc.