Après le refus de l’ombudsman de révéler les noms de ceux qui ont le projet de l’assassiner, quelques députés lui demandent de démissionner. Si non, précisent-ils, c’est une catastrophe pour le pays.
<doc4168|right>« L’ombudsman n’est plus à la hauteur de ses fonctions. Il n’est pas permis à une autorité comme lui de céder aux intimidations », indique Bonaventure Gasutwa, un député du parti Uprona. Il signale qu’une telle personnalité doit s’attendre aux intimidations, de part sa mission. Au cas contraire, ajoute-t-il, il devrait démissionner pour cause d’incompétence.
Pour François Bizimana, ex-député de l’East African Legislative Assembly (EALA), les députés sont appelés à aider l’ombudsman à avoir le courage de démissionner.
Ce poste, souligne-t-il, devrait être occupé par un autre homme courageux prêt à collaborer avec les députés. «Et dans ces conditions, les malfaiteurs [qui menacent de tuer M. Rukara, Ndlr] seront appréhendés avant de faire couler du sang », insiste-t-il.
M. Bizimana est très étonné par le comportement de l’ombudsman : « L’ombudsman affirme que les corrompus existent et qu’ils veulent l’assassiner. Il demande même, que s’il est tué, des examens, dont celui d’ADN, soient effectués pour détecter la cause de sa mort. »
Pour lui, l’ombudsman connaît l’identité des auteurs de ce plan macabre. Or, s’indigne-t-il, voilà que cette personnalité a préféré garder le silence sous prétexte de secret professionnel. « Faudra-t-il attendre la mort de l’ombudsman pour savoir la vérité ? », se demande-t-il. M. Bizimana signale que « verser le sang d’un ombudsman est synonyme de déstabilisation d’une institution.»
A cet égard, il estime que « les députés devaient être prudents et faire leur travail pour éviter que le Burundi ne replonge dans une crise sociopolitique.»
Par rapport au motif avancé par l’ombudsman pour ne pas dévoiler l’identité des corrompus qui veulent le tuer, à savoir le secret professionnel , Juvénal Gahungu, député et membre du parti Sahwanya-Frodebu Nyakuri, précise que l’ombudsman est autorisé à avoir des secrets professionnels, mais pas sur les cas de corruption.
Que faire si l’ombudsman s’enferme dans son silence ?
<doc4169|left>Comme on ne peut pas forcer quelqu’un à dire la vérité, François Bizimana signale que la question reviendra aux députés.
Ces derniers ont l’obligation, précise-t-il, de travailler pour l’intérêt de la population. Et dans ce cas, ils n’auront pas de difficultés de le contraindre à la démission, comme l’indique Bonaventure Gasutwa, car, « l’ombudsman aura démontré qu’il n’est pas capable de dire la vérité.»
D’après François Bizimana, si Mohamed Rukara n’est pas destitué ou s’il ne démissionne pas, « ce sera une déception totale pour la communauté nationale et internationale.»
Il rappelle que le 26 août 2010, lors de son investiture, le président Pierre Nkurunziza a placé dans ses priorités la « tolérance zéro contre la corruption.»
A cette occasion, poursuit-il, il a demandé aux Burundais dont Mohamed Rukara – présent comme député -, de dénoncer toute personne coupable de corruption.
Il espère donc que les députés vont prendre le taureau par les cornes et exiger de l’ombudsman de révéler ces noms. M. Bizimana reste convaincu que les députés ne vont pas accepter l’échec du programme du président à cause d’une seule personne. « Que serait, en ce cas, la signification du parlement ? », s’interroge-t-il.
Juvénal Gahungu, quant à lui, propose la mise en place d’une commission d’enquête pour mener des investigations sur les récentes déclarations de l’ombudsman par le biais de son porte-parole.
Sur une éventuelle destitution de l’ombudsman, François Bizimana indique, en outre, que cette décision doit émaner du parti CNDD-FDD. « Sinon, c’est impossible eu égard à sa position dans le comité des sages de ce parti », conclut-il.