L’Accord d’Arusha pour la Paix et la réconciliation au Burundi signé le 28 août 2000 prévoit la réécriture de l’histoire du Burundi. Pour Emile Mworoha, président de la commission mise en place pour ce travail, il faut écrire une histoire authentique, nationale et qui aide à la reconstruction du pays.
<doc2668|left>« Quand on parle de « réécriture » de l’histoire du Burundi, parfois on dirait qu’on va se dédire. Non, puisque l’histoire est une discipline scientifique qui se fait avec une méthodologie, avec des sources ; quand il y a des nouvelles sources on peut reprendre, on peut écrire à nouveau, avec des nouvelles éditions », indique le professeur Emile Mworoha.
Par exemple, il souligne que la gestion coloniale s’est faite sous l’empire de l’idéologie hamitique qui finalement s’est disqualifiée sur le plan scientifique : « Cependant, elle continue à être acceptée comme une vérité, parce qu’elle a été intériorisée. Elle est véhiculée par certains ouvrages qui se fondent sur l’inégalité des classes sociales, sur la domination des races supérieures sur celle dites inférieures, etc », déplore-t-il. D’après lui, dans beaucoup de pays, cette idéologie est supprimée des nouveaux ouvrages. Donc, conclut-il, souvent quand on disait « réécriture », on pensait à cela.
« Ce sont donc des nouvelles sources qui permettent d’écrire d’une autre manière l’histoire. L’historien écrit en donnant une nouvelle édition parce qu’il y a des nouvelles références, des nouvelles méthodologies qui permettent d’écrire de façon plus fine et plus juste », explique-t-il.
Selon lui, cette commission est composée de burundais de toutes tendances et d’étrangers qui ont travaillé sur le Burundi : sur l’histoire, l’anthropologie ou l’économie. Mais le principal critère de choix, précise-t-il, a été la qualification scientifique, c’est-à-dire la formation scientifique en matière d’histoire parce qu’il y a une manière d’écrire. C’est donc un comité scientifique qui se penche sur le dossier.