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Sécurité/ Une crise aux graves conséquences sécuritaires

05/07/2016 Commentaires fermés sur Sécurité/ Une crise aux graves conséquences sécuritaires

Le pays est plongé dans une insécurité depuis une année avec des assassinats ciblés, des cas de torture et des violations graves des droits humains.

Le Général de Brigade Athanase Kararuza assassiné devant le lycée du Saint Esprit.
Le Général de Brigade Athanase Kararuza assassiné devant le lycée du Saint Esprit.

«823 personnes ont été exécutées et plus de 600 personnes portées disparues depuis le 26 avril 2015 au 15 avril 2016 », indique Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh. D’après lui, plus de 4800 personnes sont dans les différentes prisons du pays uniquement pour mobiles politiques liés au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza et plus de 1870 personnes ont été grièvement blessées et ont pris le chemin de l’exil de peur d’être achevées.

Lors de la présentation du bilan du 1er trimestre 2016, le ministre de la Sécurité publique, Alain Guillaume Bunyoni, parle de 115 attaques à la grenade, dont 112 sur Bujumbura, 46 civils tués, 215 blessés, dont 8 policiers et 2 militaires. Des assassinats ciblés notamment contre 3 officiers de la FDN, un officier et un agent de la police nationale et de deux conseillers collinaires.

Selon le ministre de la Sécurité publique, 28 bandes armées ont été démantelées et 698 « criminels » ont été appréhendés parmi lesquels 150 lanceurs de grenades. Il a mentionné la saisie de 117 fusils, 121 grenades, 10 bombes de mortier 60, 3 lance-roquettes, 4 mines et plus de 5.000 munitions. Il indique que « 35 terroristes opérant sous les ordres d’Alexis Sinduhije, Godefroid Niyombare et Hussein Radjabu hébergés et appuyés par le Rwanda », se sont rendus aux mains des forces de l’ordre.
Concernant ce bilan du ministre Bunyoni, Pierre Claver Mbonimpa trouve que le ministre de la Sécurité publique a donné un chiffre inférieur à la réalité et «qu’il l’a fait sciemment pour convaincre l’opinion.» Selon lui, l’Aprodh a identifié 108 personnes exécutées au cours du 1er trimestre 2016.

Assassinats ciblés et tortures

Outre ces chiffres, la célébration de l’indépendance arrive au moment où le Burundi connaît des assassinats ciblés d’officiers supérieurs de l’armée. Il s’agit du général Kararuza visé par une attaque à la grenade et à la roquette, le 25 avril dernier, alors qu’il déposait sa fille au lycée du Saint Esprit, du lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona, tué dans une embuscade à la grenade le 21 avril alors qu’il était à l’arrière d’une moto en train de rentrer chez lui et du lieutenant-colonel Darius Ikurakure assassiné par balles le 22 mars à l’Etat-Major général de l’armée.

A côté de ces assassinats, les cas de torture et de mauvais traitements se sont généralisés d’après le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’Onu. 345 nouveaux cas de torture ont été recensés portant à près de 600 le nombre d’actes documentés, depuis le début de la crise, par l’Onu. Le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme s’est également inquiété de l’existence de lieux de détention secrets.

Dates marquantes

Année 2015

2 août : Assassinat du lieutenant-général Adolphe Nshimirimana dans une attaque à la roquette.

3 août : Le lendemain, Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des prisonniers et des droits humains (Aprodh), est blessé par balles lors d’une agression.

13 octobre : La police lance un assaut dans le quartier Ngagara, à Bujumbura, à la suite du kidnapping de deux agents. Un journaliste de la télévision nationale, sa femme et ses deux enfants sont tués.

17 octobre : L’UA ouvre une enquête sur les violations des droits de l’homme dans le pays et appelle à la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui contribuent à la montée continue de la violence.

24 octobre : La situation sécuritaire s’aggrave et cela inquiète le Haut-Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies. Depuis le début de la crise, il y a eu 198 morts au Burundi, dont 63, rien que sur les trois dernières semaines.

11 décembre : Deux camps militaires sont attaqués, une répression sanglante s’en suit. Le porte-parole de l’armée parle de « 79 ennemis tués». Des organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme évoquent 154 morts et d’environ 150 jeunes portés disparus.

Des familles de la capitale se plaignent toujours de ne pas retrouver leurs proches.

Année 2016

3 janvier : Recrudescence à Bujumbura des agressions sexuelles et viols par des hommes armés. Ce phénomène touche surtout les quartiers contestataires où la plupart des hommes ont fui par peur d’être arrêtés. La plupart des victimes ne rapportent pas l’agression par honte ou par peur de représailles.

6 janvier : Selon un mémo adressé au Conseil de sécurité de l’ONU par le chef des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsous, la situation se dégrade dans le pays, avec une hausse des assassinats et des disparitions.9-10 janvier : les quartiers frondeurs de Bujumbura vivent un nouveau week-end sanglant. Trois civils sont tués, deux policiers blessés.

15 janvier : L’Onu dénonce l’existence de massacres ethniques, de charniers avec une centaine de cadavres et de viols collectifs commis par les forces de sécurité.

9 février : Les avocats du président Pierre Nkurunziza déposent une plainte contre X pour diffamation publique auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris. En cause : la diffusion dans le journal de France 3 du 13 janvier 2016 d’une vidéo montrant des actes de mutilation.

Le lieutenant-colonel Darius Ikurakure assassiné par balles à l’Etat-Major de l’Armée.
Le lieutenant-colonel Darius Ikurakure assassiné par balles à l’Etat-Major de l’Armée.

22 mars : Le lieutenant-colonel Darius Ikurakure est assassiné par balles. Il était régulièrement pointé du doigt dans la répression contre les opposants au troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.

29 mars : Le célèbre humoriste burundais Alfred-Aubin Mugenzi est arrêté par le Service national de renseignement (SNR) pour un sketch de juin 2015 sur le président Pierre Nkurunziza, lors d’une tournée au Rwanda.

30 mars : L’ancien ministre et ancien diplomate rwandais Jacques Bihozagara, ex-ambassadeur notamment à Paris et à Bruxelles, meurt subitement dans la prison centrale de Mpimba, où il était détenu depuis décembre 2015 accusé d’espionnage au profit du Rwanda.

21 avril : Le lieutenant-colonel Emmanuel Buzubona, considéré comme assez critique vis-à-vis du régime de Pierre Nkurunziza, est assassiné alors qu’il était à l’arrière d’une moto en train de rentrer chez lui.

24 avril : Martin Nivyabandi, ministre en charge des Droits de l’Homme, et son épouse échappent de peu à un attentat à la grenade alors qu’ils sortaient d’une messe à Bujumbura.

25 avril : Le général Athanase Kararuza, conseiller du Premier vice-président, et sa femme sont tués lors d’une attaque à la grenade et à la roquette alors qu’ils déposaient leur fille au lycée. Celle-ci succombe à ses blessures deux jours après.

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