Par ses cris de joie, coups de gueule aux arbitres, blagues salaces, impossible de passer inaperçu dans les gradins du stade Prince Louis Rwagasore ou du terrain de basketball Toyota. « Des qualités » qu’il a finies par exporter outre la Kanyaru.
Seba, Baswahili pour les intimes compatriotes, Murundi pour les Rwandais, Sébastien Sahinguvu de son vrai nom, à l’instar de Kigingi sur scène, est un de ceux qui apportent de la joie sur les terrains, il peut galvaniser les supporteurs jusqu’à infléchir le cours d’une rencontre perdue à l’avance, bien plus, par son sens du rire, il rend la défaite facile à digérer.
Fan invétéré du club Vital’o, il découvre en lui cette qualité un peu sur le tard. « C’est vrai que jeune, je pouvais lancer des blagues par ici et par-là, mais, pas au point que j’électrise à moi seul tout le stade ».Le déclic, dit-il, vient en 1997, à l’époque des grands classiques Vital’o -Inter Star .Il raconte que ce jour-là, les mauves et blancs sont malmenés par Inter Star. « Du coup, un silence assourdissant de ses supporteurs. Dans mon coin, je sens une envie folle de crier pour pousser mon équipe .Le moment où je me suis lancé à crier, à lancer des blagues venues de nulle part, les autres fans se sont réveillés et Vital’o a fini par égaliser et arracher la victoire ».
Le début d’une longue histoire d’amour. De tous les voyages de Vital’o, Seba sera toujours présent jusqu’à presque devenir le supporteur adulé du club, le providentiel douzième homme qui peut remobiliser les troupes en débandade.
Seul bémol : son swahili limité dans un milieu footballistique bondé de swahiliphones. Un mal pour un bien, se justifie-t-il en souriant. « Au moins, quand je les nargue en kirundi, ils ne comprennent rien, alors que moi je comprends un tout petit peu.»
2005, Vital’o participe à la Kagame Cecafa Cup à Kigali, Seba a accompagné l’équipe. Lors du match d’ouverture, les mauves et blancs sont opposés aux Rwandais de l’Armée Patriotique Rwandaise(APR).Une rencontre au sommet.
L’expérience rwandaise
Sur le terrain, les joueurs des deux équipes se rendent coups pour coups. Voyant la victoire filer entre les doigts des Burundais, Seba entre dans la danse. « Burundi Oyee ! Rwanda inje ! (Allez Burundi, Rwanda dehors !ndlr). Avec un drapeau, il court dans les gradins du stade Amahoro, taquinant les spectateurs rwandais. Ces derniers sont bouche-bée!« Une nouveauté pour eux .Timides, habités à regarder un match tranquillement, surtout que dans les tribunes se trouvait le président Kagame, ils n’en reviennent pas des folies de Seba et compagnie», explique Seba. Il se souvient qu’un policier est venu l’arrêter. Une opportunité pour lui de redoubler d’ardeur, criant haut et fort que même à la messe, les croyants chantent. Avant de demander: « Pourquoi, on ne s’amuserait pas au stade ? » Pris au dépourvu, le policier le relâche. « Un moment de rire dans tout le stade. Car, par après, ils se sont décrispés et ont commencé à chanter, à nous taquiner. A mettre de l’ambiance dans le stade quoi ! »
« Un tour de numéro »qui laisse pantois James Kabarebe, président d’APR. «Après l’élimination de Vital’o, il a envoyé des émissaires pour me demander si je pouvais rester .Ce que je ne pouvais pas refuser parce qu’il m’avait même dégoté un emploi ».Il se remémore qu’à sa 1ère paie, il n’en revenait pas que ses ‘’folies au stade’’ lui permettent de toucher plus de 700.000 FRw (salaire de chauffeur et primes de matches y compris). Durant plus de 10 ans, il sera le supporteur le plus adulé de l’APR. Une longue histoire d’amour qui lui permettra de voyager presque partout en Afrique. Bien plus, cela lui a fait comprendre que finalement, il n’était pas un clown comme certains de ses détracteurs s’amusaient à le qualifier. « Franchement, quand on parvient à se construire une maison, à bien éduquer ses enfants, etc, en faisant ce que l’on aime .Quoi de mieux que cela ? »
Après un détour au sein du club New Star de basketball, tout récemment, les dirigeants du club Dynamo viennent de s’attacher ses services. « Simple histoire de les pousser et enfin conquérir le titre de l’ACBAB qui leur échappe tant. Bien sûr, c’est moyennant quelque chose… », rigole-t-il. Seba est âgé de 48 ans, il est père de 4 enfants (2 garçons et 2 filles).Contrairement, à ce que beaucoup pensent, il ne boit et n’a jamais bu de l’alcool.