Bon gré mal gré, la pénurie de carburant s’invite à l’hémicycle de Kigobe. Une courte vidéo fait actuellement le buzz sur les réseaux sociaux. En pleine séance, un député a rappelé à ses collègues de penser à ceux qui rentrent à pied, suggérant d’écourter la session pour « les laisser partir ». Ce commentaire a sournoisement mis en lumière le fait que leurs véhicules manquaient de carburant.
Étonnamment, le sujet à l’ordre du jour n’était pas des moindres : la Présentation des commentaires de la Cour des comptes sur le « Projet de loi portant fixation du budget général de la République du Burundi pour l’exercice 2024/2025 ». L’intervention de ce représentant du peuple a suscité de vives critiques. Cela m’a rappelé une autre députée qui, en décembre dernier, s’était illustrée lors d’une séance de questions au ministre de l’Énergie. Elle avait alors revendiqué une station-service réservée uniquement aux élus, se plaignant d’être méprisée lorsqu’elle devait faire la queue comme tout citoyen.
Ces propos avaient profondément choqué l’opinion publique et avaient essuyé une pluie de critiques. Charles Nditije, un homme politique burundais en exil, avait commenté que ces déclarations illustrent l’égoïsme qui caractérise une certaine élite politique.
Depuis quelques années, le Burundi connaît des pénuries de carburant récurrentes et persistantes, une situation qui n’a cessé de s’aggraver. Jamais le pays n’avait connu une pénurie aussi sévère que celle d’aujourd’hui, selon la mémoire collective des Burundais. Les stations-services sont à sec et fermées depuis des semaines, les rues sont désertes aux heures de pointe, et de longues files d’attente se forment sur des parkings vides. Départs retardés pour le travail et l’école, colonnes impressionnantes de dizaines de milliers de personnes quittant le centre-ville de Bujumbura à pied chaque soir pour rejoindre leurs quartiers, telle est la nouvelle réalité. Bref, le tableau est bien sombre.
La spéculation autour des prix de transport, une inflation généralisée impactant négativement le pouvoir d’achat des ménages, et un ralentissement de l’activité économique sont les conséquences visibles de cette rareté des produits pétroliers. Comment en est-on arrivé là ? Comment s’en sortir ? Où est le régulateur ? Autant de questions qui semblent rester sans réponse, du moins dans l’immédiat.
Certains activistes de la société civile, quelques médias, et notamment l’Église catholique, ainsi que certains intellectuels, alertent et proposent des solutions, malheureusement rarement prises en compte. L’État cherche à tout contrôler, marginalisant les acteurs privés. En réponse à la pénurie récurrente de carburant, le gouvernement a annoncé la création d’une société sous la tutelle du ministère en charge de l’Énergie. La Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU) a été matérialisée par un décret le 20 février 2024, avec un capital social de 120 milliards de Fbu libéré par l’État et les sociétés publiques. Pourtant, peu de sociétés publiques ou à participation publique réussissent.
Comme le dit l’adage, « Le personnage dépasse sa personnalité ». Un député, par essence, ne s’appartient pas. Plutôt que de penser à leurs propres intérêts, ces représentants du peuple devraient jouer leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale dans l’intérêt supérieur de la nation. Ils sont censés avoir la parole libre et ne pas craindre de perturber l’ordre établi. Tous les ministres concernés par la question du carburant devraient être convoqués en urgence pour trouver des solutions.
Puisque nos députés en sont réduits à rentrer à pied, j’ose espérer que nos honorables élus mettront les bouchées doubles pour résoudre cette crise.
Vous savez, peut être que le Burundi est petit à petit en train de s’acheminer vers le début de commencement de la fin de cette crise financière liée à une destruction de l’économie par les différentes administrations successive de CNDD-FDD.
L’administration peut créer autant de société pétrolière qu’ils veulent, imprimer autant de BIF qu’ils veulent,cela ne change pas la raison fondamentale pour laquelle le Burundi est dans cette situation: Le maudit 3ème mandat qui a largué les accords d’Arusha dans la poubelle et brûlés, pour instaurer un système socio-économique basé sur le népotisme, clientélisme, incompétence qui ont fini par une société gangrenée par la corruption dans tous les secteurs. Petit à petit, les acteurs économiques étrangères ont prié leurs nattes pour rentrer chez eux ou aller investir juste ailleurs, le Rwanda par ex, puis la destruction de l’acteur économique privée, etc, etc…. finalement l’arrêt de la culture du café par le paysan Burundais car celui ci en avait marre de vendre son effort à la perte à ces voleurs de politiciens. Chose qu’il ne va pas tarder à faire pour le mais! Je suis certain que le politicien va finalement comprendre qui produisait le USD pour importer l’énergie, juste un exemple. Quelle horreur! Eux qui croyaient que c’est grace a eux que le pays fonctionnait! Quelle surprise !
Honte à tous ces politiciens/nes qui ont assisté à destruction de la machine économique tout simplement que ils/elles étaient tranquilles dans leur villas. Honte à tous ces politiciens/nes qui étaient confortable de servir d’alibi d’un système démocratique alors que tout le monde le sait bien le Burundi est tout saut un état démocratique. Honte à tous les apologistes du système CNDD-FDD, inclus certains intervenant ici sur les pages d’Iwacu. Il se connait bien et doit être fier de la situation.
Quant à nos précieux frères & soeurs Burundais au Burundi, nous sommes avec vous et nous vous souhaitons un bon courage. Tout ceci est passager. Le travail fini tjrs par payer tôt ou tard.
https://www.youtube.com/watch?v=mH9NzJwldok
»Un député, par essence, ne s’appartient pas. Plutôt que de penser à leurs propres intérêts, ces représentants du peuple devraient jouer leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale dans l’intérêt supérieur de la nation. »
Mon commentaire
Il se pourrait que nous sommes arrivEs A un moment du chacun pour soi et laisser Dieu s’occuper des siens.
Il me semble que la Société Pétrolière du Burundi (SOPEBU) n’est pas en train de remplir sa mission comme il faut, puisque elle était sensée disponibiliser le carburant sur le marché local. C’est plutôt l’inverse qu’on voit, les pénuries subsistent et pire encore s’aggravent. Nous sommes donc en train de perdre doublement: on a créé d’un côté une structure qui nous coûte assez cher en charges salariales et, de l’autre côté, nous ne voyons pas le fruit que nous attendions d’elle.
Je pourrais aussi dire la même chose pour cette autre structure – ANAGESSA – qui a pour mission de gérer la conservation du maïs. L’état paie des salaires au personnel, mais la chose qu’ils sont sensés bien gérer est en train de pourrir dans les hangars.
Dans les deux cas, il n’y a pas de valeur ajoutée que toute structure doit apporter à la nation. Nous sommes tout simplement en train de perdre!