Dans des sociétés ayant connu des crises et violences communautaires, il y a une sorte de polarisation. Si les membres de certains groupes sont dans la souffrance, les autres jubilent. Pour Abbé Pascal Niyonkuru, cela représente un danger pour la société. Il appelle à une réconciliation réussie.
Dans une société meurtrie par des crises cycliques intercommunautaires, la société semble polarisée. Certains gens ne cachent pas leur satisfaction par rapport à la souffrance des autres considérés comme ennemis. « Les énervements historiques qui ont endeuillé notre pays ont eu une influence sur certains groupes et ont fait que certains soient identifiés de mauvais ou de bon. C’est l’origine de cette situation où en cas de souffrance des membres d’un groupe opposé, les autres semblent célébrer», indique Abbé Pascal Niyonkuru.
Pour lui, la célébration de la souffrance des autres s’explique par des événements historiques malheureux. Des plaies non cicatrisées. « Même des jeunes générations contaminées. Cette contamination ici au Burundi vient des événements du passé. Depuis des années et des années, nous avons reçu une connotation que tel ou tel autre est d’un groupe ethnique. Cela fait que le mal en soit apparaît, au niveau de la société, en fonction de notre communauté de naissance. Si les autres souffrent, c’est comme si de rien n’était. Les groupes alors se polarisent».
Abbé Niyonkuru constate que cette polarisation des groupes sociaux peut conduire à des violences de masse : « La cohabitation pacifique et la cohésion sociale cèdent la place à des chicaneries, conflits et crises cycliques. En l’absence de personnes intègres qui se positionnent entre les groupes antagonistes la société bascule dans la violence. » A l’extrême, il souligne que des antagonismes sociaux engendrent des conflits, des guerres. « Des groupes se considèrent comme ennemis, l’un devient la cause des malheurs de l’autre».
Pour prévenir l’irréparable, Abbé Pascal Nkurunziza prône une réconciliation réussie afin d’assoir une cohésion sociale. Pour ce faire, il interpelle les leaders politiques ou sociaux à prendre les devants. S’ils sont sensibilisés, insiste-t-il, les subalternes vont emboîter le pas et décider de se diriger vers le côté positif. A ses yeux, il faut un changement de mentalité pour reconnaître la souffrance des autres.
Il appelle le gouvernement à travailler de façon à rassurer tout le monde, pour l’éclatement de la vérité sur les crises qui ont secoué le pays. Et de conclure : « Les problèmes que nous vivons trouvent origine dans le passé. Il y a des plaies non encore cicatrisées à cause de l’histoire malheureuse vécue. Il faut agir pour jeter les bases d’une réconciliation. La CVR est à l’œuvre pour éclairer sur les erreurs du passé. C’est une étape importante.»