Un mort et quatre blessés, c’est le bilan d’une attaque de gens armés de fusils dans le secteur Buringa de la commune Gihanga, province Bubanza. Le drame a eu lieu ce samedi 12 mai.
Pour la deuxième fois en moins d’un mois, les gens de Buringa ont passé une nuit cauchemardesque. Dans une attaque de moins d’une demi-heure, un mort et quatre blessés, une voiture endommagée et un téléphone portable volé. Des sources militaires sur place et de la population convergent sur le fait que les tirs ont commencé vers 18 h 30. D’après Pierre Matereza, chef de zone Buringa, ces « bandits » sont venus de la Rukoko. La population sur place indique que ces « rebelles » ont tiré durant vingt minutes. Le centre de Buringa est à presque trois kilomètres de l’aéroport international de Bujumbura, vers la province Cibitoke. C’est un petit marché, pourtant situé à une cinquantaine de mètres d’une position militaire, qui a été la cible de l’attaque de ce samedi. Un responsable militaire se garde, cependant, de tout commentaire sur le motif de cette attaque. Il affirme que, n’eût été l’intervention rapide des militaires, les dégâts auraient été énormes. Epitace Nduwimana, un jeune homme a reçu une balle au ventre. Il est mort sur le champ. Son cadavre a été transporté directement au Centre de Santé « La vie ». C’était un berger originaire de la colline Ibuga, commune Makebuko, province Gitega. Trois blessés ont été vite évacués vers l’hôpital Prince Régent Charles à Bujumbura, par Remegy Nzeyimana, commissaire provincial de Bubanza. Jean de Dieu Ndabwungutse, blessé par une balle perdue, a été évacué par sa famille, ce dimanche à 13 h 30, vers cet hôpital.
Habillés en uniforme militaire ou policier et masqués
<doc3989|left>Léa Ndayisenga, une infirmière du Centre de Santé « La Vie », affirme qu’elle a soigné un blessé après cette attaque. Ce dernier lui a signalé qu’il a vu, de ses propres yeux, un homme en tenue militaire, visage voilé à la musulmane, lui arracher son portable. D’autres personnes affirment que ces « rebelles » étaient nombreux, vêtus en uniforme militaire ou policier avec des masques. La population est très inquiète par cette recrudescence d’attaques dans cette localité. Elle se pose beaucoup de questions et le doute plane sur l’identité de ces malfaiteurs. Elle se demande pourquoi ces attaques meurtrières, à deux reprises en moins d’un mois, se passent souvent après le départ de Désire Uwamahoro et un certain « Ndombolo », un jeune militant du CNDD-FDD. Ils avaient passé la journée dans les environs ce jour-là.
Selon les sources interrogées, avant cette attaque, le commandant de la police à Gihanga, Major Magorwa, aurait bloqué la circulation en provenance de Cibitoke et Bubanza à 2 km de Buringa. D’après elles, le commandant aurait dit que « quelque chose allait se passer à Buringa ». Interrogé sur les motifs de cette interruption de la circulation, Pierre Matereza, chef de secteur Buringa, se garde de tout commentaire. En outre, la population de Buringa se pose des questions sur l’intervention rapide du commissaire provincial de Bubanza lors d’une attaque : « Est-ce par amour? Pourquoi n’intervient-il pas avant l’attaque pour empêcher la mort des innocents ? » C’est le désespoir sur les visages des gens de Buringa. Quand ils voient des journalistes, ils préfèrent se taire. Ceux qui acceptent de parler, surtout des jeunes, ne dévoilent pas leur identité. La panique et la méfiance règnent dans cette localité. Ils disent qu’ils ont peur d’un certain « Ndombolo » avec son équipe de jeunes militants du Cndd-Fdd (Imbonerakure) qui sèment la terreur dans ce secteur.
Cette situation est confirmée par des militaires sur place. Selon eux, ce qui se passe mérite une attention particulière : « On ne comprend pas pourquoi Buringa devient de plus en plus la cible des attaques », se demande un des militaires. Pierre Matereza indique que cette situation risque d’être dangereuse pour les habitants de cette localité : « Un climat de suspicion s’installe de plus en plus », mentionne-t-il. A l’hôpital Prince Régent Charles, impossible de s’approcher des blessés. L’interdiction du docteur Chloé Ndayikunda, directrice de l’établissement, était formelle. Pourtant, un blessé y aurait succombé suite à ses blessures. Signalons que l’attaque de Buringa a coïncidé avec la mort de six personnes d’une même famille à Bwambarangwe, province Kirundo (Nord). Elles ont été dépecées par des gens les accusant de sorcellerie.