Les plateaux humides (Kirimiro et Buyenzi), la zone de dépression de l’Est (Moso), les Villages Ruraux Intégrés et les camps de rapatriés connaissent une crise alimentaire qui correspond à la phase III au cours du deuxième trimestre 2012. Ce sont les résultats d’une analyse, suivant un Cadre Intégré de Classification de la Sécurité Alimentaire (IPC).
<doc5187|right>Les résultats de cette analyse, valables de juillet à décembre 2012, montrent que dans ces zones affectées, plus de 20% des ménages ont une alimentation pauvre ; plus de 30% ont moins de 25 ares ; le taux de malnutrition chronique demeure supérieur à 60%, les admissions dans les centres nutritionnels sont nombreuses,… La population, à 94%, pratique une agriculture de subsistance. Le Burundi est parmi les pays dont la sécurité alimentaire est fortement fragile depuis les années 2000.
Pourtant, l’Etat alloue 11% de son budget au secteur agricole alors que la déclaration de Maputo (en 2003) incite les gouvernements à y affecter 10%.
« La cause principale de la crise alimentaire dans le Moso, est le déficit hydrique prolongé, d’où la perte d’une grande production agricole au cours de la saison 2012 B. » indique Odette Kayitesi, ministre de l’Agriculture et de l’Elevage.
Dans les plateaux humides, poursuit-elle, la crise est causée par des problèmes structurels (la démographie élevée, l’exigüité des terres, infertilité du sol, faible pouvoir d’achat,…) et l’alternance des inondations et des vents violents, quelquefois accompagnés de grêle. La conséquence se fait sentir : production insuffisante, faible niveau des stocks vivriers, hausse des prix des denrées alimentaires, insalubrité de l’eau, situation sanitaire précaire,…
« C’est un outil d’alerte [phase III, Ndlr]. Les autorités nationales doivent l’utiliser pour trouver une solution durable afin de garantir la sécurité alimentaire », suggère Hubert Chauvet, représentant de la FAO au Burundi.
Le reste du pays connait une sous-pression, ce qui correspond à la phase II. La première phase est qualifiée de minimale, la quatrième d’urgence et la cinquième de famine. La FAO a apporté un appui matériel et logistique pour la collecte des informations de base et la tenue des ateliers.
« Pour arriver à garantir la sécurité alimentaire, le gouvernement a augmenté le budget d’investissement annuel alloué au secteur agricole. 2% en 2010, 7% en 2011 et 11% en 2012. Il promet de continuer dans cet élan » explique, Mme Kayitesi.
Elle ajoute que, dans cette même optique, le gouvernement a mis en place une Stratégie Agricole Nationale (2008-2015) et a conçu un Plan National d’Investissement Agricole (2012-2017) validé en juin dernier par tous les partenaires impliqués dans la sécurité alimentaire.
Elle précise que durant cette période de six ans, quatre programmes seront exécutés : accroissement durable de la production et de la sécurité alimentaire ; professionnalisation des producteurs et promotion de l’innovation ; développement des filières et de l’agro-business ; renforcement des institutions publiques.
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{IPC (Intergated Food Security), phase Classification ou Cadre Integré de Classification de la Sécurité Alimentaire, est un ensemble de protocoles pour analyser et organiser l’information existante relative à la sécurité alimentaire, à la nutrition et aux moyens d’existence à l’échelon national et sous régional. C’est une »monnaie commune pour décrire la nature et la sévérité des crises. Il favorise la coordination et le dialogue et une compréhension commune pour une intervention efficace. Ce cadre a été développé par l’Unité d’Analyse de la Sécurité Alimentaire pour la Somalie, en 2004.}
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