Les invités de club de la presse numéro 68 se sont montrés sceptiques quant aux chances de succès du nouveau président égyptien d’obédience islamiste, Mohamed Morci.
L’élection du nouveau président de la république intervient au lendemain du printemps égyptien qui a balayé le régime de Hosni Moubarak après près de trois décennies de règne sans partage à l’ombre des militaires.
La société égyptienne est aujourd’hui scindée en deux courants islamiste et laïc qui risquent de ne pas se faire de cadeau.
Pour le journaliste français, Michel Le Roi, la situation peut paraître normale à la faveur de l’expression de la volonté populaire qui a mis aux affaires un premier président non militaire. Mais ce n’est pas une victoire colossale. Il a été élu avec 50% d’abstentions. D’où l’obligation pour lui de devoir élargir la base. On va voir quel premier ministre il va nommer, quelles relations il entretiendra avec l’armée et les gages qu’il va donner à la communauté internationale. L’armée s’est toujours posée en référence. C’est un peut un schéma à la Turque qu’on va avoir. L’armée est capable de prendre le pouvoir si elle le juge opportun. Mohamed El Bardai, l’ancien candidat malheureux et directeur général de l’énergie atomique, est donné possible premier ministre. Le général Tantaoui, commandant en chef des armées, pourrait également rester à sa place afin de favoriser l’équilibre de forces. Mais dans ce cas de figure, on se demande quel pouvoir aura le nouveau président. Il faut attendre les élections législatives pour voir ce qui va en sortir. C’est plutôt la construction d’un consensus entre deux forces vigilantes à laquelle il faut s’attendre.
Gabriel Nikundana, journaliste et formateur, quant à lui, a fait le constat que malgré son élection au suffrage universel, le nouveau président devra néanmoins compter avec les militaires dans tout ce qu’il entreprendra. Dans ces conditions, il ne sera pas facile de gouverner pour le nouveau président égyptien. A lui de savoir composer avec toutes les forces du pays. « Je suis un peu optimiste à condition que le nouveau président s’y prenne correctement », a-t-il conclu.
De l’avis d’Edouard Madirisha, journaliste au groupe de presse Iwacu, les militaires ont fait un coup d’Etat constitutionnel et se sont accaparés le pouvoir législatif. Il est à craindre que cette démocratie tant fêtée par les partisans de Mohamed Morsi ne soit de courte durée. Il faut non seulement craindre la dictature des islamistes, mais aussi celle de l’armée. Et d’espérer que l’exercice du pouvoir va aiguiser le réalisme politique chez le nouveau président égyptien.
