Deux économistes, Dr Eric Ngendahayo et Pr Prime Nyamoya proposent des stratégies pour la diminution du chômage et le développement économique du pays.
« Selon les estimations des chercheurs, à partir de 2005, il y a entre 25.000 et 30. 000 lauréats par an, produits par le système scolaire et universitaire » note le Professeur Prime Nyamoya, qui plaide pour la mise en place d’un fonds d’investissement privé qui répondrait partiellement à la problématique du chômage à laquelle seront confrontés désormais les gouvernements. Ce fonds devrait servir de garantie aux projets conçus par les multiples promoteurs des secteurs porteurs (primaire, secondaire et tertiaire) en privilégiant cependant les micro-entreprises ainsi que les petites et moyennes entreprises (PME).
Pour Pr Nyamoya, Ce fonds serait alimenté annuellement par un prélèvement de 5% sur les bénéfices des entreprises, surtout bancaires, avant impôts : cet investissement est en principe exonéré d’impôts sur les revenus des sociétés. « Ce point devra cependant être clarifié avec le ministère des Finances pour éviter tout risque fiscal ultérieur », clarifie-t-il : « Il est aussi important que la banque centrale accepte de considérer l’investissement comme faisant partie des fonds propres. » Il propose donc que ce fonds ne soit pas géré par l’Etat mais par les banques commerciales.
D’après Pr Prime Nyamoya, l’objectif principal du fonds d’investissement sera de mettre en place un nouveau mécanisme d’investissement dans le secteur de la production des biens et services. Et d’ajouter que les banques sont techniquement et financièrement les mieux indiquées pour concevoir, initier et mettre en place un tel instrument. Cependant, estime l’universitaire, d’autres grandes sociétés qui en exprimeraient le souhait pourraient participer à la création et l’alimentation de ce fonds.
« Les banques commerciales doivent créer des emplois »
<doc1118|left>Pour Pr Nyamoya, le Burundi se situe en dernière position des pays dans le classement mondial de l’Indice du Développement Humain (IDH) conçu par le PNUD. Pourtant, ajoute-t-il, le pays possède des atouts qui pourraient être exploités pour hisser le Burundi au niveau des pays prospères d’Afrique : une terre arrosée pendant la plus grande partie de l’année, un climat typique de la région des Grands Lacs qui se classe parmi les meilleurs du monde, un sous-sol relativement riche en minerais (or, nickel, etc.).
A cela s’ajoute une population nombreuse et industrieuse qui demande à travailler pour qu’il y ait création d’emplois : « Malgré une conjoncture dans l’ensemble défavorable, les banques commerciales commencent à retrouver une santé financière confortable. Cela fait suite à des provisions importantes imposées, ces dernières années, par des réglementations de plus en plus contraignantes de la banque centrale. » D’après Pr Nyamoya, les clients ont le sentiment que ces bénéfices « colossaux » se font sur leur dos à cause des taux d’intérêt bancaires élevés.
« L’Etat ne joue pas efficacement son rôle régalien »
Dr Eric Ngendahayo estime aussi que la création d’emplois est une solution efficace contre le chômage. Selon lui, l’impact de ce secteur sur l’économie nationale est l’augmentation des revenus fiscaux : impôts payés par les entreprises et par les employés, la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), etc. C’est également l’amélioration de l’équilibre de la balance des paiements (exportations et Investissements Directs Étrangers – IDE). L’innovation et la technologie sont, aux yeux du Dr Eric Ngendahayo, l’oeuvre du secteur privé.
L’économiste remarque la faiblesse de l’Etat dans la réalisation des missions régaliennes. Le secteur privé prend ainsi la relève, observe-t-il : « Le secteur de la santé, de l’éducation (écoles et universités privés de qualité et disponibilité des services), le secteur de la sécurité (le business des compagnies de sécurité). » Il mentionne que le secteur public accuse une insuffisance des ressources financières et recherche l’efficacité dans la gestion (faible efficacité dans la gestion des entreprises publiques et paraétatiques.)
Selon Dr Eric Ngendahayo, les intérêts des entreprises privées diffèrent souvent de ceux des services publics : « L’Etat doit donc réguler le secteur privé. Il a le droit et le devoir d’ingérence dans la régulation de certains marchés stratégiques. Par exemple, avec le problème actuel du carburant, l’Etat devrait envoyer des policiers pour ouvrir les puits et vérifier si les pétroliers ne l’ont pas caché volontairement. »
Les propositions de ces deux spécialistes devraient faire l’objet de débat rapidement pour sauver l’économie nationale en danger, observe une source.