Certains habitants de la colline Kididaguzo, zone Muzinda, en commune Rugazi, province de Bubanza se disent menacés par l’insalubrité due aux déchets en provenance du dépotoire de Buterere déchargés dans cette localité. Cela intervient après l’annonce de la délocalisation de ce dépotoir pour un nouveau site à Muzinda.
Des odeurs nauséabondes, des essaims de mouches qui bourdonnent et qui planent partout. La crainte d’attraper le choléra ou la dysenterie bacillaire est le cauchemar des riverains du nouveau site de dépotoir délocalisé de Buterere. « La situation devient insupportable en cas de pluies. Les gens ne peuvent pas cohabiter avec un dépotoir. Ce qui a été fait est un crime», s’indignent la plupart d’entre eux.
Il est 13h30, le ciel est nuageux. La pluie est imminente. Nous sommes dans la localité de Kididaguzo, zone Muzinda, commune Rugazi, en province de Bubanza.
Le nouveau site aménagé pour contenir les déchets du dépotoir de Buterere se trouve à moins d’un kilomètre du marché de Muzinda et moins d’une cinquantaine de mètres des ménages sur la route menant vers le chef-lieu de la commune Rugazi. Le dépotoir est aménagé dans un ancien site d’extraction des carrières, du moellon et de la latérite.
Des tas d’immondices en putréfaction, des sachets et bouteilles en plastique déchargés en désordre par des camions provenant de la mairie de Bujumbura.
Des déchets déjà déposés jonchent un chemin qui donne accès à ce nouveau dépotoir. Le risque de se retrouver sur la route principale est grand. Une odeur nauséabonde empeste les lieux, des mouches pullulent partout.
A moins d’une cinquantaine de mètres de ce site des maisons. Les habitants se disent inquiets pour leur santé. Les odeurs nauséabondes dégagées par ces déchets envahissent leurs ménages.
Des mouches se déposent sur leurs ustensiles de cuisine et la nourriture. « Quand il pleut, on risque de fuir. Il n’est plus possible de mettre nos denrées alimentaires à l’air libre », se désole Jean Ndayizeye, habitant de la localité.
Après Buterere, Muzinda menacé
Les parents s’inquiètent notamment pour leurs enfants qui s’y rendent pour ramasser quelques objets et des bouteilles en plastique pour les revendre.
« Certains enfants les utilisent pour jouer et s’en servent même pour boire de l’eau. Cela représente un danger pour la santé car ces objets véhiculent des microbes», se lamente une mère de quatre enfants. Elle fait savoir que surveiller toujours les enfants pour les empêcher de s’y rendre n’est pas facile.
« A cause de ces déchets, des mouches qui infestent cet endroit, nous risquons d’attraper les maladies des mains sales. Particulièrement, le choléra qui risque de refaire surface. Ma petite fille de 3 ans a souvent la diarrhée», alerte indignée, une jeune femme, un enfant sur le dos.
P.N. considère qu’il est irresponsable de vouloir sauver les habitants de Buterere du calvaire vécu depuis des décennies pour recréer les mêmes problèmes à Muzinda.
Le dépotoir, dit-il, devrait être installé dans une localité non habitée en veillant aussi à la préservation de l’environnement. Il demande au gouvernement de délocaliser le dépotoir dans un lieu plus vaste, et loin des ménages.
Malgré leur colère, ces habitants se disent satisfaits que leur appel au secours a été entendu. D.H, un habitant du coin, témoigne que l’administrateur communal est intervenu pour empêcher des camions de continuer à décharger les déchets chez eux.
Un site de transformation, devenu site de décharge?
Ernest Niyonzima, administrateur de la commune Ntahangwa reconnaît que des habitants de la localité s’étaient opposés à l’implantation d’un dépotoir à Muzinda.
Il explique que la délocalisation du dépotoir de Buterere était un projet de la Banque mondiale. Comme il est difficile de le délocaliser pour le moment, il précise que la décharge publique de Buterere reste fonctionnelle.
La mairie de Bujumbura, dit-il, a prévu des moyens techniques afin d’évacuer les routes bloquées par le débordement des déchets. Il appelle les sociétés d’enlèvement qui déchargent les déchets dans la rue et tout près des maisons situées de se ressaisir.
De son côté, Isaac Nyandwi, administrateur de la commune Rugazi tient à faire la part des choses. Le site de Muzinda n’était pas un espace pour la décharge de tous les déchets provenant de la mairie de Bujumbura.
« C’était un site qui devait être aménagé pour le tri, la transformation et recyclage des déchets provenant des centres transitoires en mairie de Bujumbura».
M. Nyandwi explique que les sociétés d’enlèvement des déchets ont déchargé les déchets dans ce site en faisant fi des mesures d’hygiène. Avec les pluies, dit-il, les déchets déjà déposés constituent une menace pour la santé de la population.
L’administrateur communal de Rugazi affirme avoir pris la mesure de fermer le site à tous les camions pour préserver la santé de la population. Pour lui, ce site sera rouvert quand toutes les conditions de salubrité seront réunies.