L’article 10 stipulant de «Ne pas publier ou diffuser par quelque canal que ce soit, l’internet compris, les résultats provisoires ou définitifs d’une élection autres que ceux annoncés officiellement par la CENI ou ses démembrements» interroge sur l’esprit du Code de conduite des médias et des journalistes en période électorale 2020. Un document préparé par le Conseil national de la Communication(CNC).
Le devoir des journalistes et le rôle des médias se recoupent dans son préambule : « Sauvegarder la paix sociale et la cohésion nationale pendant la période électorale » ; « la préservation de la paix sociale, de la cohésion et de l’unité nationale, surtout en période électorale ». « By any means necessary »?
Le vice-président du Frodebu opine du chef : « En contraignant les médias à ne pas suivre le déroulement des opérations de vote, ils viennent de mettre fin à la transparence dans tout le processus électoral. Les résultats sont déjà biaisés. »
Aussi sur cette ligne, la première force politique de l’opposition. «Si cet article est maintenu comme tel, c’est une tricherie qui serait en cours de préparation et cela discréditera la CENI», soutient Térence Manirambona, porte-parole du Congrès national pour la liberté (CNL). L’enjeu pour le CNL n’est pas de gagner sa place à la table du maître, mais plutôt de s’asseoir sur le trône de fer.
Des planètes gravitant dans la galaxie « DD » ne le voient pas non plus d’un bon œil. « Publier les résultats confirmés dans un bureau de vote ne devrait pas être un problème. De toutes les façons, nos mandataires vont nous les rapporter en temps réel», observe Olivier Nkurunziza, secrétaire général du parti Uprona.
Abdoul Kassim, président de l’UPD Zigamibanga, enfonce le clou : « Cet article doit être modifié pour ne pas entacher la crédibilité des élections.» Leur opposition est une position de principe. Pas d’élections crédibles sans transparence. Non seulement dans la conduite du processus électoral, mais aussi dans sa couverture.
Ce code a été présenté aux médias pour approbation, mercredi 16 octobre. Nestor Bankumukunzi, président du CNC, a annoncé sa portée : «Ce document concerne tous les médias œuvrant sur le territoire burundais qu’ils soient signataires ou pas. » Et ce faisant « pour approbation » résonne comme « par acclamation ».
Toutefois, une fenêtre a été ouverte jusqu’au dimanche 21 octobre pour d’éventuelles contributions pour amendement. Mais supprimer cette disposition polémique était hors compétition. Et pour cause !
Le CNC semble ne pas vouloir d’un scénario à la congolaise : les résultats proclamés par la CENI inverses aux données collectées par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Créer un Martin Fayulu burundais ferait le lit de violences post-électorales. Exit ainsi l’esprit du Code de conduite des médias et des journalistes en période électorale 2020.
Guibert Mbonimpa