Le Burundi célébrait la journée internationale dédiée à la santé mentale, ce 30 octobre. Tous les intervenants ont convergé sur la nécessité de la gratuité des soins pour les patients des troubles mentaux.
Manque criant des psychiatres et psychologues, insuffisance des centres neuropsychiatriques, coût très élevé des soins essentiels, budget alloué à la santé mentale très minime, entre autres des défis auquel fait face le secteur de la santé mentale.
Les cérémonies commencent vers 11h par une visite guidée du Centre neuropsychiatrique de Ngozi sur la colline Mubuga, branche du CNPK dit chez le « Le Gentil ». D’abord la salle de consultation pouvant accueillir une trentaine de personnes par jour. Les salles d’hospitalisation comprennent en tout 16 lits. « Après consultation, les cas graves sont admis en hospitalisation tandis que les cas simples poursuivent le traitement à domicile», fait savoir le directeur du centre.
Il explique que parfois, certains patients sont plus violents. Mais d’après lui, cela ne cause aucun problème quand il s’agit de les enchaîner. Ils utilisent des fixateurs sur les lits permettant de les stabiliser. Et de confier que le nombre important des patients usagers de centre sont des épileptiques.
La visite guidée se poursuivra à la cuisine puis le réfectoire des malades. Sourires aux lèvres, plus d’une dizaine de personnes malades et ceux qui qui viennent de recevoir des billets de sortie vont bénéficier d’une aide en vivres et des pagnes de la main de l’assistante du ministre de la Santé.
Selon Frère Helménegilde Nduwimana, directeur du centre neuropsychiatrique de Kamenge, le CNP Ngozi a ouvert ses portes en 2014. 3740 patients présentant des troubles mentaux ont été accueillis avec 308 hospitalisations depuis 2018. Néanmoins, il déplore que les médicaments soient trop chers. Ainsi, il plaide pour l’intégration socio-professionnelle des patients sous traitement afin de réduire le risque de suspension momentanée des médicaments.
« Le Burundi a traversé plusieurs crises et beaucoup de Burundais ont subi une dépression. Il faut multiplier les centres de prise en charge et faire en sorte que le traitement soit gratuit», a pour sa part insisté Epipode Banyikwa, gouverneur de Ngozi.
De son côté, Jocelyne Nsanzerugeze, assistante du ministre de la santé, fait savoir que même si les chiffres au niveau national ne sont pas connus, les troubles mentaux sont une réalité. Au niveau mondial, une personne sur quatre est atteinte de troubles mentaux à un moment de sa vie. Le gouvernement, dit-elle, a mis en place des centres d’écoute et de prise en charge psychologique dans différents hôpitaux.
Dr Jérôme Ndaruhutse qui a représenté l’OMS a noté une grave pénurie des psychiatres et psychologues dans les pays africains. Il parle de 0,9 agent de santé mentale pour 100mille habitants sur le continent. Avant de souligner qu’ils en sont à 9 agents au niveau mondial.
Il indique aussi que les dépenses publiques de santé mentale par habitant n’atteignent pas 10 centimes de dollars dans la région africaine de l’OMS. En cela, les patients et les aidants payent eux-mêmes la plupart des services de santé mentale dispensés. Ce médecin tient à souligner que le coût de ces soins essentiels peut entraîner des difficultés financières pour les ménages à faible revenu.
Il appelle le gouvernement et les partenaires à investir dans les interventions à caractères sociales. « Nous devons veuillez à ce que les personnes souffrant de troubles mentaux ne soient pas laissés pour compte ».
Cette journée initialement prévue le 10 octobre a été célébrée sous le thème : « Agir pour la santé mentale : investissons ». C’est un plaidoyer en faveur d’un financement national et international accru dans la santé mentale et le bien-être.