Certaines maladies nécessitent des opérations sophistiquées que nos hôpitaux publics n’ont pas la capacité de pratiquer. Ceux qui ont les moyens se rendent à l’étranger mais la majorité se résigne à la mort. <doc3461|right>Les lacunes de la médecine burundaise sont nombreuses : manque ou matériel vétuste, insuffisance de médecins qualifiés, etc. Le Rwanda, le Kenya et l’Inde, entre autres, sont les nouvelles destinations des malades burundais nantis. En effet, il faut des moyens non négligeables pour supporter les charges d’une expatriation sanitaire. Pauvres, la plupart de Burundais ne peuvent pas réunir de tels moyens. Mais là encore, pour y arriver, certains n’hésitent pas à s’endetter. Une dette difficile à rembourser. » J’ai été obligé d’emprunter plus de cinq millions de Fbu. Après trois ans, je n’ai pas encore remboursé même la moitié. » souligne Ndorere Jean. D’autres sollicitent la contribution de la famille ou des connaissances. Mais la majorité se résigne. Beaucoup de malades restent à la maison en attendant la mort.
C’est le cas de N.A. Après un accident de moto, N.A a eu des complications au niveau de la tête. Impossible de l’opérer au Burundi. Les médecins l’ont envoyé au Rwanda. » L’opération va me coûter plus de 3 millions de Fbu. Aujourd’hui, je n’ai que trente mille Fbu. Je me demande où je vais trouver le reste. » soupire-til, les larmes dans les yeux. Pour lui, trouver 3 millions, est quasi impossible. Le cas de N.A est parmi tant d’autres. Il suffit de regarder la Télé Renaissance pour se rendre à l’évidence. Chaque jour, un SOS est lancé via cette télé aux éventuels bienfaiteurs et au ministère de la Solidarité Nationale, des Droits de la Personne Humaine et du Genre (MSNDPHG). {« Pas de moyens pour assister ces personnes »} Selon le Directeur Général de la solidarité Nationale, M Joseph Ndayisenga, le MSNDPHD assiste seulement les malades hospitalisés dans les hôpitaux du pays. Pas tous : hôpital Prince Régent, CHUK, hôpital militaire et Centre Neuropsychiatrique de Kamenge et les hôpitaux de l’intérieur du pays ayant signé les conventions de partenariat avec ledit ministère. Selon toujours Joseph Ndayisenga, les personnes à aider sont nombreuses mais les ressources sont insuffisantes. Le ministère est carrément dans l’incapacité d’aider les personnes nécessitant des soins à l’étranger. Partir ou mourir. Souvent, les malades n’ont pas le choix.
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En Inde trois fois par semaine.
M.N se rend en Inde trois fois par semaine. Lorsque le médecin a diagnostiqué un diabète, il lui a dit de se rendre en « Inde au moins trois fois par semaine. » Depuis six mois, tous les matins à cinq heures 30, M.N se rend en Inde. Et son état de santé s’est quelque peu stabilisé. Tous les matins, en Inde, il y retrouve d’autres personnes soucieuses de leur santé. « Inde », est le surnom que les citadins ont donné au jardin public de Rohero. Matins et soirs de centaines de personnes font du sport dans ce bel espace verdoyant aménagé par l’association d’Albert Mbonerane. Espace que certains voulaient d’ailleurs récupérer n’eût été la vigilance des médias et de nombreux partisans de l’Inde.