La commission mise en place par le procureur général de la République a arrêté deux présumés coupables. La population est satisfaite mais craint une probable libération.
<img4792|left>Guillaume Magorwa, commandant de la brigade Gihanga est sous les verrous depuis jeudi 19 juillet. Il serait accusé par la commission d’avoir fait disparaître des personnes arrêtées. Le cas le plus récent est celui d’un homme dans un état comateux retrouvé par la population. « C’était le 30 mai de cette année, après une attaque sur la position militaire de la 5ème avenue à Gihanga », confie un habitant de cette localité. Selon notre source, cette personne a été conduite à l’hôpital, puis chez le commandant Magorwa et a été retrouvée morte.
Un certain Ndombolo qui serait informateur du Service National de Renseignements (SNR) est également écroué à Mpimba. D’après les témoignages recueillis à Gihanga, Ndombolo inspirait de la terreur aux gens de la localité : « Il travaillait de mèche avec tous ceux qui éliminaient les membres de l’ADC-Ikibiri. »
Bonaventure Ntirandekura, administrateur de la commune Gihanga a été entendu par la même commission ce mardi, et il est toujours libre.
Satisfaction et inquiétudes de la population
H.A, une quinquagénaire de Gihanga salue le travail de la commission mise en place par le procureur général de la République. Assise près du moulin au chef-lieu de la commune, elle estime que le phénomène de criminalité sera régressif. « Même les actes commis par les Imbonerakure vont diminuer », espère cette mère de six enfants. K.I qui transporte du lait de Buringa vers Bujumbura apprécie le travail déjà effectué par cette commission. Néanmoins, il s’étonne du retard que cela a pris pour arrêter les suspects cités dans différents cas d’assassinats et de tortures. Par contre, E.M du village 3 à Gihanga n’a aucune lueur d’espoir : « Rien n’est encore fait si on arrête pas Rémégie Nzeyimana, commissaire de la police à Bubanza. » Ce fermier affirme que beaucoup de personnes ont disparu alors qu’elles étaient entre les mains du commissaire.
Sous couvert d’anonymat, d’autres habitants de Gihanga craignent la libération de ces personnes. Ils révèlent qu’un certain Jean Muvayo s’est rendu à la prison centrale samedi dernier vers 14 heures pour exiger la libération provisoire de ces deux suspects. Interrogé par Iwacu, l’accusé nie les faits. Toutefois, il reconnaît avoir été à Mpimba le même jour, avec les enfants de Ndombolo : « C’était pour permettre aux enfants de rendre visite à leur père. » Il estime qu’il ne possède aucun pouvoir pour faire libérer les gens.
Pierre Claver Mbonimpa, président de l’Aprodh n’attend pas grand-chose de cette commission. Il la compare à celle chargée de mener des enquêtes sur l’assassinat d’Ernest Manirumva. Toutefois, il l’encourage en espérant qu’elle va écouter le commissaire de la police à Bubanza.
Rémy Ntaco, directeur exécutif de la ligue Iteka pense que la commission va convoquer tous les suspects. « S’il y a des charges suffisantes qui pèsent sur tous les accusés, il faut qu’ils comparaissent », soutient Rémy Ntaco.
Pour rappel, le procureur général de la République a annoncé la mise en place de cette commission le 12 juin de cette année. Ses missions sont, entre autres, à vérifier, au cas par cas, la véracité ou la fausseté de tous les cas qui sont évoqués dans les rapports de l’APRODH, Human Rights Watch et Amnistie International. [Un rapport est attendu dans un délai de 2 mois.->www.iwacu-burundi.org/spip.php?article2938]