Certaines substances portent préjudice à la couche d’ozone. Sa destruction est nocive pour les êtres vivants. Quelles seraient les conséquences ? Quid de sa protection ? Que font le Burundi et les autres pays ? Rencontre avec Sylvestre Manirakiza, expert en froid et climatisation, énergies et environnements.
Qu’est-ce que la couche d’ozone ?
C’est la partie de la stratosphère où se concentre l’ozone (O3) qui est composée chimiquement par trois atomes d’oxygène. Cette zone se situe entre 10 et 40 km selon les régions. Elle est aussi appelée ozonosphère.
Quel est son rôle ?
Elle filtre les rayons solaires pour garder juste le nécessaire. Elle absorbe la plus grande partie des rayons ultraviolets (RV) de type B dangereux pour les organismes. Elle joue le rôle de protecteur pour les êtres vivants et les écosystèmes. Les RV sont, par exemple, ces rayons utilisés pour vérifier les billets bancaires.
Quid des conséquences de sa destruction ?
Très néfastes. Dès que ces RV atteignent la terre, ils détruisent la vie sur terre, surtout la biodiversité, les insectes, les animaux, certains microorganismes nécessaires pour la vie sur terre. Des maladies, comme le cancer de la peau, et des déserts apparaissent.
Quelles sont ces substances nuisibles à cette couche ?
Avant la révolution industrielle, la couche d’ozone se détruisait et se rétablissait rapidement. Des substances nuisibles sont apparues avec l’introduction des substances synthétiques fabriquées par l’homme pour son utilisation dans l’industrie.
Lesquelles précisément ?
Ce sont principalement les chlorofluorocarbones (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC) utilisées dans la climatisation, la réfrigération, la fumigation, la médecine, les produits phytosanitaires, les produits utilisés dans les industries électroniques pour le nettoyage, dans la médecine, etc. Mais la plus grande partie est utilisée en réfrigération. Dans les CFC, il y a le chlore, le fluor et le carbone à des degrés différents.
Quelle est la situation au Burundi ?
Au Burundi, quand on a commencé en 2003 avec la mise en application du Protocole de Montréal, on avait 59 tonnes des CFC. On les a progressivement éliminées jusqu’en 2010. Elles ont été remplacées par les HCFC, dont le pouvoir de destruction de la couche d’ozone est moindre par rapport au CFC. Elles sont aussi présentes dans les morgues, les extincteurs et les chambres froides.
Avez-vous des statistiques pour le Burundi ?
En 2000, il y avait 59 tonnes des CFC qui étaient dans les équipements et les stocks. Les HCFC étaient à 130 tonnes. Aujourd’hui, nous pouvons dire que nous sommes à zéro pour les CFC tandis que les HCFC sont en cours d’élimination. L’échéance est de 2030. Les équipements installés qui contiennent des HCFC sont encore en grande quantité. Cela dépasse 150 tonnes.
Comment se fait l’élimination ?
L’élimination ne signifie pas destruction. C’est généralement le changement de technologie. Le monde entier s’est convenu de ne plus fabriquer ces substances. On fabrique des substituts. Pour la mise en application du protocole de Montréal, les pays acceptent des projets d’élimination. La stratégie d’élimination de ces substances, c’est de réduire les besoins et rendre fiables les équipements.
Pour le cas du Burundi, ces substances sont importées. Il faudrait donc ne plus les importer. Si on y arrive, cela serait une réussite.
Existe-t-il des causes naturelles de la destruction de la couche d’ozone ?
Oui. Le dérèglement climatique accroît les émissions naturelles des gaz destructeurs d’ozone. Idem les gaz à effet de serre. C’est pourquoi on cherche actuellement des substituts qui ne sont pas nuisibles à l’ozone et au climat.
Quel est le rôle de ce protocole ?
Il évalue chaque année et chaque Etat. Annuellement, chaque partie transmet les données relatives aux consommations des substances qui appauvrissent l’ozone. Egalement les données relatives aux technologies d’adaptation. Ces rapports permettent aux pays, notamment ceux appelés ‘’ pays de l’article V’’ (les pays pauvres, sans technologies), d’être assistés financièrement et techniquement par le Fonds multilatéral du protocole de Montréal.
Comment ce fonds est-il alimenté ?
Toutes les parties contribuent. Mais les fonds proviennent surtout des pays riches. Après la transmission des rapports, on donne des équipements aux techniciens pour réparer, entretenir et faire des installations. A la douane, on octroie des outils modernes de contrôle. Aussi un appui institutionnel. Au Burundi, il y a le Bureau National Ozone (BNO) appuyé par ce fonds. Sans rapports, on ne bénéficie pas de ce fonds.