Certains des opposants dans les provinces du sud du pays estiment que l’intolérance politique s’est exacerbée dans ces provinces. Vague d’arrestations, interdiction de réunion, Ils demandent que la communauté internationale suive de près la situation.
Selon les informations recueillies sur place par notre correspondant, les dirigeants des partis CNL, Frodebu, Cndd et Ranac dans la région sud du pays protestent contre ce qu’ils qualifient d’intolérance politique qui sévit dans les provinces de Rumonge, Makamba et Bururi.
Le parti CNL indique que des jeunes membres de ce parti ont été malmenés par les jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd, en zone Minago de la province de Makamba, ce dimanche. « Ils ont déjà porté plainte auprès de la police de Rumonge,» indique un dirigeant de ce parti. En moins de deux semaines, 3 personnes ont été arrêtées en communes Burambi et Rumonge.
Le parti Sahwanya Frodebu dénonce des contestations quand il s’agit d’implanter des comités au niveau des collines des communes de Kayogoro, Mabanda et Nyanza-Lac. « Les administratifs et les Imbonerakure nous mettent des bâtons dans les roues,» indique un responsable local de ce parti. Il y a deux semaines, il a été interdit de réunion. « Il a fallu l’intervention du gouverneur, » sur la colline Gatwe, de la zone Kizuka. Le parti Sahwanya Frodebu assure que leur drapeau a été arraché dans la commune Kiremba.
A l’approche des élections de 2020 (inutile de préciser), ces dirigeants de parti de l’opposition demandent à la communauté internationale en général de suivre de près la situation, notamment le rétrécissement de l’espace politique.
Une situation qui se généralise
14 février, 6 militants du parti CNL sont arrêtés en commune Muyange, commune Mugina, province Cibitoke par les jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd. Ils sont accusés de tenir une réunion nocturne et illégale. Ils seront par la suite libérés, faute de preuve.
Le 17 février, au lendemain de l’agrément du parti CNL, à Muyinga, commune de Bweru, Léonidas Congera est battu à mort dans la nuit de dimanche à lundi. Le député Pascal Bizumuremyi pointe du doigt un groupe de jeunes affiliés au parti Cndd-Fdd mené par Dieudonné Ncamwaka, surnommé « Major». La victime est hospitalisée. Le député demande l’arrestation des auteurs.
Dimanche 17 mars, deux jeunes gens embarquent Eric Niragira de la commune Murwi vers une destination inconnue. Trois jours après une plainte de la famille, le procureur de la province Cibitoke délivre des mandats d’arrêt pour deux Imbonerakure impliqués dans ‘l’enlèvement’ d’Eric Niragira. La famille a reconnu formellement les ravisseurs. Un certain Schadrack Niyonkuru et Jean Marie alias Kajagari, tous des Imbonerakure habitant le quartier Buhinyuza de la commune Rugombo, à la 7e transversale. La famille a cherché dans plusieurs cachots après que ces deux Imbonerakure l’aient emmené sans le trouver. On le découvrira finalement 3 jours après dans un cachot des services de renseignement au chef-lieu de la province Cibitoke. Le procureur dira plus tard qu’«Eric Niragira n’avait pas été enlevé », sans plus de commentaire.
Ce même jour, des dizaines d’Imbonerakure, conduits par un surnommé Kidaga, le chef de colline adjoint, s’introduisent dans la maison de Pacifique Nduwarugira, vers 16h, avec des gourdins. Ils vont l’embarquer ainsi que son père Bizimana et Japhet Irankunda après avoir passé à tabac tout le monde. La femme de la victime témoigne « Ces Imbonerakure n’ont rien demandé. Ils ont tabassé tout le monde, en commençant par mon mari.
Même ma belle-mère et mon beau-père, tous dans la soixantaine, n’ont pas été épargnés». Ils ont saisi trois téléphones. Selon Mme Ntunzwenimana, ils ont également pris 30 mille BIF.
Mardi 19 mars, trois militants du parti Sahwanya Frodebu sont arrêtés dans la province de Makamba. Ils sont accusés d’avoir passé à tabac des jeunes membres du parti au pouvoir, le Cndd-Fdd. Les représentants du parti Sahwanya Frodebu rejettent les accusations portées contre leurs membres et demandent leur libération immédiate.
Jeudi 21 mars à la colline Gatare de la commune Gashikanwa de la province de Ngozi cinq autres militants du parti CNL sont arrêtés.
Des arrestations, des libérations…
Mardi 26 mars, Philibert Batururimi est arrêté sur la colline Ryarunyinya en commune Ruhororo de la province Ngozi(Nord).
A Karusi (Centre-est), lundi 25 mars, Dieudonné Niyongabo, arrêté par des Imbonerakure à la colline Gitanga, a été emprisonné au cachot de la commune Buhiga, avant d’être relâché le lendemain.
Même situation au nord-ouest, en province Cibitoke. En plus des quatre arrêtés le 17 mars et détenus à Murwi, Georges Itangishaka, Daniel Nizigiyimana et Raymond Nkurikiyimana, tous des responsables du CNL en commune Mugina, ont été appréhendés lundi 25 mars à la colline Gitumba. Ils ont été accusés de tenir une réunion illégale.
Au nord-est du Burundi, en commune Butihinda de la province Muyinga, Edmond Ntakirutimana et Alexandre Nshimirimana, deux responsables communaux du parti CNL ont passé 5 jours au cachot de la commune, depuis le 19 mars. En commune Busoni de la province Kirundo(Nord), Aimable Ndayizeye, un militant du CNL de la colline Sigu a été tué, la nuit du dimanche 24mars.
Aussi neuf militants ont été interpellés, dimanche 24 mars, par la police, dans les communes Gitega et Itaba, en province Gitega (centre). L’accusation est toujours la même : «Une réunion illégale.»
Dimanche 24 mars, un homme du nom d’Aimable Ndayizeye a été poignardé et a succombé sur-le-champ. Cela s’est passé sur la colline Sigu, de la zone Nyagisozi de la commune de Busoni dans la province de Kirundo. Cette même soirée, un autre, Sabintore est blessé à la grenade lancée sur la colline Cewe de la province de Kirundo.
Oscar Nizigiyimana, le président du parti CNL dans cette province indique qu’Aimable Ndayizeye présidait le comité de la jeunesse de la zone Nyagisozi. Sabintore faisait partie du comité de la colline Cewe. Il parle de mobiles politiques.
Le gouverneur de cette province nie les informations indiquant que la victime du meurtre et le blessé sont membres du CNL. Alain Tribert Mutabazi indique qu’Aimable Ndayizeye a succombé lors d’une bagarre qui a mal tourné. Le suspect a été arrêté. Celui qui a été blessé est un ‘citoyen lamda’.
1er avril, neuf militants du parti CNL de la commune de Mugina en province de Cibitoke ont été relâchés sur ordre du procureur général de la province de Cibitoke. Il avait constaté qu’il n’y avait pas assez d’éléments tangibles à charge. Une bonne nouvelle pour Simon Bizimungu, député CNL élu dans la circonscription de Cibitoke. Il déplore une arrestation abusive par les Imbonerakure.