La résistance civile se renforce et se raffermit de jour en jour depuis l’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza pour un tiers mandat. La population a littéralement paralysé la ville. Des quatre coins de Bujumbura, les citoyens ont occupé les lieux et ont fait montre d’une détermination peu commune obligeant le gros de l’administration et du commerce à fonctionner au ralenti ou pas du tout.
De son côté, le pouvoir use de toutes les ficelles dont fait appel tout système de terreur pour contraindre sa population au silence et à l’obéissance servile : les mandats d’arrêt pleuvent, les fermetures des radios privées se succèdent en cascade dans les différentes provinces, les arrestations brutales et illégales font florès, les grenades lacrymogènes et même offensives volent dans la foule et dans les maisons des manifestants et des journalistes, les citoyens lambda sont passés à tabac sans ménagement par la police et ses supplétifs.
Ce que les autorités ignorent, c’est que la répression alimente la défiance et la révolte. Chaque fois qu’une personne est blessée, qu’une demeure privée est violée, qu’un activiste est brutalisé et écroué, qu’un manifestant est tué le mouvement enfle et sa ténacité se renforce. C’est ainsi aussi que des fissures s’observent dans l’édifice répressif : sur le terrain, l’armée empêche la police de s’adonner aux dérives inacceptables observées dimanche dernier ; des gestes de fraternisation entre la population et les militaires s’observent dans toute la ville; au sein de la haute administration on apprend qu’une brise de révolte souffle subrepticement dans les couloirs de la seconde vice-présidence. Il y aurait des décrets de révocation de hauts fonctionnaires que le Second Vice-président aurait refusé de contresigner avec le chef de l’état. La purge semble indigner plus d’un visiblement…
Mais les temps restent durs pour les démocrates et la démocratie. Des personnes ont été assassinées sur les lieux des manifestations. Quelqu’un devra en rendre compte tôt ou tard. Ces jeunes gens sont des martyrs, leurs noms doivent rester dans nos mémoires et dans les annales de l’histoire révolutionnaire de notre pays.
Qui peut cautionner par le silence et l’inertie la brutalité exercée sur un peuple qui réclame son droit à la parole ? Qui peut rester complice d’un pouvoir qui gère le pays sans références légales et sans respect des institutions ? Qui peut accepter que le pays se claquemure dans un isolement funeste digne de l’Albanie de Enver Hodja ou de l’Ouganda d’Amin Dada ?