A Bujumbura, la Saint-Valentin ne se limite pas aux cadeaux et aux dîners romantiques. Sous le thème : “La joie de l’amour et de partage de ce que Dieu nous donne”, le Foyer de Charité de Bujumbura organise chaque année la Semaine Saint-Valentin, un temps de prière, de réflexion et de partage.
Le Foyer de Charité organise la Semaine Saint-Valentin, une série d’activités visant à rappeler l’importance de la foi dans la vie de couple. Conférences, messes, témoignages et temps de prière rythment ces journées où les participants sont invités à approfondir leur compréhension de l’amour selon la vision chrétienne.
« La semaine Saint-Valentin est organisée dans l’optique de rappeler aux amoureux la volonté de Dieu. C’est une lutte afin de revenir dans la lumière. C’est sur ce qu’on se focalise », explique Abbé Pierre Nsengiyumva, prêtre chargé de la pastorale familiale dans l’archidiocèse de Bujumbura.
Dans la culture moderne, la Saint-Valentin est souvent associée aux roses rouges, aux chocolats et aux déclarations d’amour. Mais derrière cette tradition, se cache une évolution marquée par la commercialisation de l’amour. Un constat que partage la plupart de gens approchés.
Si l’amour est au centre de cette célébration, le commerce n’est jamais bien loin. Il s’invite. La Saint-Valentin est devenue une opportunité en or pour de nombreux secteurs : fleuristes, bijoutiers, chocolatiers, restaurants et hôtels et même des banques. Ces derniers réalisent des chiffres d’affaires impressionnants grâce aux cadeaux et aux dîners en tête-à-tête.
Chaque année, raconte un citadin rencontré, les campagnes publicitaires se multiplient, encourageant les couples à offrir des cadeaux ou à organiser des moments inoubliables.
Il explique encore : « Les autres créent un commerce autour de cet événement, la publicité devient incontournable et certaines annonces, il faut l’admettre un peu déplacées, vont jusqu’à proposer de ’’tenter sa chance en achetant 6 paquets de préservatifs et gagner la chance de passer la soirée de la Saint-Valentin à Blue Bay Beach à Rumonge ».
Et ce n’est pas tout, inutile de rappeler les chocolats en forme de cœur, les cartes de vœux et les séjours romantiques sont devenus de véritables classiques, des incontournables.
Selon les chiffres des commerçants, les ventes de fleurs naturelles explosent à l’approche du 14 février. Pour un bijoutier de Bwiza, cette fête est un véritable catalyseur pour son activité. « C’est une période intense, dès le début du mois, les clients viennent chercher les bagues, les colliers ou les bracelets pour leurs amoureux. Je peux réaliser un chiffre d’affaire d’un mois normal ».
De nombreux couples en profitent également pour organiser des voyages ou des surprises entre conjoints ou fiancés. Mais cette commercialisation grandissante pousse certains à rejeter cette fête, la jugeant artificielle et trop axée sur la consommation. « Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Ce n’est que consommer ? », dit un jeune homme interrogé sur ce qu’il compte faire pour cette Saint-Valentin.
Alors que cette fête devient de plus en plus commerciale, pour d’autres nombreux couples chrétiens, c’est un moment privilégié pour renforcer leur engagement spirituel. Une jeune fille approchée et interrogée sur son programme répond sans hésiter : « Je serai au Foyer de Charité. D’autres formes de célébration sont terrestres ».
Face à la commercialisation, un retour à l’essentiel
Si les commerçants profitent pleinement de la Saint-Valentin, l’initiative du Foyer de Charité invite à réfléchir sur la véritable signification de cette journée.
Plutôt que se focaliser sur des cadeaux ou des sorties en amoureux, pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour prier ensemble, se pardonner ou simplement renforcer les liens dans le couple comme l’explique l’Abbé Pierre Nsengiyumva.
Selon lui, l’amour provient don de Dieu. Et tout ce qui est contre la volonté de Dieu est à éviter. « Le 14 février, jour dédié au patron des amoureux, est pris pour les amoureux déjà mariés. Saint Valentin accompagnait les jeunes qui vont se marier et le faisait secrètement, d’où est venue la naissance de cette journée. Ceux qui l’ont donné un autre sens s’écartent de la volonté de Dieu », avertit-il.
D’après lui, les gens sont parvenus à commercialiser cette journée. « La Saint-Valentin est pris pour les uns une journée commerciale. Les vendeurs d’habits l’ont fait une journée des habits pour les amoureux, les fleuristes l’ont fait une journée de partage des fleurs pour déclarer leur amour, les autres l’ont fait une journée des sorties, de passer des nuits dans les hôtels.
Tout cela montre qu’ils ont essayé de faire de cette journée, une autre chose peu recommandable » explique ce prêtre.
Il appelle les jeunes à ne pas faire des actes qu’ils pourront regretter après. L’Abbé Pierre Nsengiyumva invite les jeunes à fêter la Saint-Valentin dans la lumière.
