Une pénurie du carburant éclate, le gouvernement tape du poing sur la table. Des mesures sont prises. Les pétroliers reprennent la distribution du carburant. Les gens s’interrogent. Pénurie artificielle pour faire pression ou manque réelle de devises?
«La pénurie du carburant ne peut pas s’expliquer mais relève simplement de la spéculation et du sabotage économique et cette situation doit s’arrêter.» C’est la réaction du ministre de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, après la pénurie du carburant qui s’est observée, la semaine passée, dans la capitale et à l’intérieur du pays.
Pour pallier cette pénurie, le ministre Manirakiza s’empresse de prendre des mesures. Il retire les licences d’importation du carburant à quatre sociétés à savoir Imatco, Burundi Petrolium, Melez Petrolium et Jet fuels GF. Notons que la plupart avaient déjà mis la clé sous la porte. Dans la foulée, les stations-service sont sommées de signer endéans 24h une nouvelle déclaration de continuation de l’activité de distribution du carburant. «Passé ce délai, ceux qui n’auront pas déposé cette déclaration seront considérés comme ayant abandonné cette activité et leurs permis d’exploitation considérés comme caduques.», avertit le ministre.
De 2015 à ce jour, ajoute Olucome, le prix du baril a chuté à plus de 58%, oscillant entre 40 et 42 dollars américains. Sur ce, l’Olucome recommande au gouvernement de réduire le prix de l’essence jusqu’à 1600 Fbu et de fournir un effort en réduisant ses taxes à savoir 700 Fbu perçues sur chaque litre d’essence. «Il y a une commission, dont font partie les pétroliers, qui est chargée de cette question. Quelqu’un en dehors de cette commission manque parfois certaines données », répond le ministre Manirakiza.
Sabotage ou manque de devises
Après l’annonce de ces mesures, on assiste à un revirement de la situation. Les longues files de voitures devant les stations-service ne s’observent plus. «Le carburant vient de tomber du ciel ou quoi», s’interrogent les consommateurs. D’aucuns pensent que les pétroliers ont voulu influencer une hausse du prix à la pompe.
Ce n’est pas l’avis du président de l’Olucome. «Le gouvernement ne peut pas revoir à la hausse le prix du carburant parce que ce n’est pas cette question qui se pose aujourd’hui. C’est plutôt la question des devises.
Les pétroliers veulent faire pression sur le gouvernement pour qu’il disponibilise les devises.» Pour lui, la faute incombe au gouvernement qui ne disponibilise pas à temps les devises. De plus, Gabriel Rufyiri assure que le gouvernement enregistre jusqu’à ce jour des impayés de 10 millions de dollars américains envers des importateurs de produits pétroliers.
Le ministre Manirakiza réfute ce manque de devises. «La preuve, la BRB a mis sur le marché, le 3 mai dernier, 20 millions de dollars américains dont 8,5 affectés au secteur du carburant.» Pour lui, ceux qui disent qu’il y a un manque de devises racontent des mensonges. «Il existe des gens de mauvaise foi. C’est étonnant qu’après la prise de ces mesures, les stations-service reprennent la distribution du carburant.» Iwacu a essayé de contacter les pétroliers, sans succès.
Ha ijambo abo ba petroliers twumve ivyo batubesha
Cette guéguerre entre les pétroliers et le Gouvernement du CNDD-FDD me fait doucement rigoler. Le Gouvernement est tellement hypocrite que cela dépasse l’entendement. Pourquoi la crise du pétrole commence exactement maintenant ? La raison en est simple : c’est le manque de devises, c’est la dégradation des termes de l’échange entre le Fr bu, qui perd de plus en plus sa valeur, par rapport aux devises fortes comme le dollar américain par exemple. On ne doit pas être un grand économiste pour comprendre que ceux qui ont fait du Burundi le pays le plus pauvre du monde (http://www.ferloo.com/2015/10/25/classement-2015-les-25-pays-les-plus-pauvres-du-monde-a11306.html) en 10 ans de pouvoir sans partage, sont en difficultés économiques. En réalité, le budget burundais qui dépendait a plus de 50% des aides internationales, maintenant drastiquement en baisse, ne suffit plus à couvrir tous les besoins nationaux. D’ailleurs, à mon avis, le pire est devant nous. De toute évidence, le litre de carburant à la pompe devrait augmenter et il augmentera. C’est une question de temps car sinon tous les pétroliers finiraient par jeter l’éponge. A moins que le Gouvernement ne veuille favoriser un seul importateur à qui il va réserver, a un taux préférentiel, le peu de devises dont dispose encore la BRB pour importer les produits de première nécessité. Mais là aussi, de façon générale le monopole de vente a peu d’avantages économiques. Il va favoriser encore d’avantage la corruption qui était déjà à un niveau alarmant dans notre pays. Let us wait and see.