Il ne faut pas rêver, il ne reviendra pas, il est parti, inhumé dignement, pleuré par le monde entier… Mais son esprit plane sur tout le continent et au-delà. Ses paroles simples et directes, ses mots avec sa voix de stentor résonne encore en écho au Palais des Congrès de Kigobe : «President Buyoya, vice-president Domitien Ndayizeye, now it is up to the leadership and the people of Burundi to build a future of peace and security». Si Madiba revenait, il répéterait ce message, à qui veut l’entendre.
L’homme qui pouvait dompter et faire taire cette classe politique de l’après-crise d’octobre 1993 avec les coups de gueule des Joseph Nzeyimana, Mathias Hitimana et autres Térence Nsanze… sermonnerait, à coup sûr, les personnalités actuelles divisées, enlisées dans une crise qui n’en finit pas.
Et à sa manière, ce patriarche demanderait nommément à chaque politicien d’oublier son égo et de penser à l’avenir du pays, de jouer pleinement son rôle. Mandela se mettrait à maudire l’exclusion, la corruption, le non-respect de la parole donnée et des textes fondamentaux.
Ce prix Nobel de la paix leur recommanderait de mettre de côté leurs égoïsmes, leurs entêtements pour regarder ensemble dans la même direction afin de reconstruire cette nation qui n’en finit pas de saigner, de pleurer et de panser ses blessures. Tu nous manques, Mandela !
Avec son sens du dialogue, du compromis, Madiba qui a su apprivoiser l’intransigeance de Nyangoma, de Libère Bararunyeretse, de Philippe Nzobonariba, de Jean Minani et d’Ambroise Niyonsaba, ne rentrerait à Qunu qu’après avoir recommandé aux politiciens burundais de revisiter l’Accord d’Arusha.
Mandela leur répéterait ce message : « Ne nous décevez pas, ne décevez pas le monde. Mais avant tout ne vous décevez pas vous-mêmes et votre peuple. Votre pays a assez saigné, le peuple burundais mérite la paix».
Avec sa perspicacité, le champion de la lutte anti-apartheid qui a pu convaincre les ’’key players’’ et fins négociateurs comme Pierre Buyoya, Domitien Ndayizeye et Sylvestre Ntibantunganya, piquerait une de ses colères et se mettrait à demander des comptes à Museveni, à Mkapa et à toute la région pour leur attitude face à la situation prévalant au Burundi.
L’homme qui a passé un quart de siècle enfermé à Roben Island, dirait que les camps de réfugiés burundais de Nakivale, Lusenda, Mulongwe, Nduta, Mutenderi, Mahama sont autant d’insultes pour les Burundais et la région.
Avec son charisme et son aura, l’homme qui n’a pas hésité à plaider pour la levée de l’embargo sur le Burundi, demanderait à Bujumbura et à Kigali de penser à leurs peuples frères.
Ce prince thembu qui a mobilisé la Communauté internationale, les inviterait à ne pas se lancer des fléchettes mais à enterrer à jamais la hache de guerre et à fumer le calumet de la paix.