On aura tout entendu quand le président de la coalition « Amizero y’Abarundi » a pris part, le 27 juillet 2015, à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale issue des élections contestées. Par ailleurs, il sera élu, par les députés, premier vice-président de la chambre basse du Parlement. Pour l’opposition, Rwasa a trahi, déçu, désorienté les électeurs.
Tandis que le parti au pouvoir qualifiait de bon choix le geste qu’il venait de poser. «C’est une surprise agréable. La politique de la chaise vide ne paie pas », dira le porte-parole du Cndd-Fdd.
Les mêmes critiques vont fuser de partout, lorsque cinq personnes pro Rwasa feront partie du gouvernement.
Qu’il plaise ou déçoive, Rwasa reste un homme politique. Il n’est pas allé à l’hémicycle de Kigobe pour applaudir seulement ou pour faire valoir. Il a ses plans, ses calculs. Comme élu du peuple et de surcroît un premier vice-président de l’Assemblée nationale, il est appelé à rencontrer la population, à écouter ses doléances, à lui donner son message ou celui de l’institution qu’il représente. Probablement que parmi la population, il y a ses sympathisants.
La sortie qu’il vient d’effectuer à Cibitoke et à Karusi prouve réellement qu’il a des hommes derrière lui. Et cela, ne peut pas plaire au parti au pouvoir. La réaction des gouverneurs de Cibitoke et de Karusi de le déclarer persona non grata dans leurs provinces, alors qu’il est en mission de travail, est une preuve d’intolérance politique. L’article 149 de la Constitution donne un mandat à caractère national à un député. Par ailleurs, les gouverneurs, agents de l’exécutif, ne peuvent pas donner des injonctions à un élu du peuple.
Au regard de ce qui s’est déroulé à Cibitoke et Karusi, Agathon Rwasa apparaît désormais, quoiqu’allié au pouvoir, comme un personnage gênant.
« L’article 149 de la Constitution donne un mandat à caractère national à un député »
Le problème est que notre exécutif ne se sent pas appeler à respecter la constitution, vue qu’il se croit de droit divin.
Cher Léandre,
Gênant, le mot est trop fort. Irritant pourrait à la limite convenir.
En effet, Rwasa joue un jeu, le plus beau jeu, du pouvoir Nkurunziza.
En allant « se faire applaudir » par une populace qui ne sait plus à quel saint se vouer, il crédibilise l’idée d’une forte opposition intérieure. En se faisant « interdire » cette fameuse tournée, le pouvoir « démontre » qu’il le craint…histoire de brouiller les esprits, croit-il, de la Communauté internationale, de l’équipe de Mkapa et de quelques brebis qui louchent vers le Cnared.
En résumé, Rwasa joue sur un tableau hautement prévisible pour qui connait un peu « la politique » burundaise. Et pour qui connait moindrement son adjoint, il sait que Rwasa est comme une tendre souris jouant devant un chat repu… Lequel ne perd rien à attendre. Il pourrait même sacrifier Jacques…
Cela étant dit, Rwasa est un homme mort politiquement. Il joue sa dernière carte qui pourrait même irriter jusqu’à un certain point. Mais les faucons du CNDD-FDD ne lui laisseront aucune place. MÊME celle de premier VP de l’AN pourrait lui glisser sous le tapis après les négociations. Car comme on dit, quand on lance « les parties » en l’air, chacun saisit les siennes.
Que voulez-vous? Sa date de péremption sera alors atteinte.
Cordialement
JP-K
Si la décision de Rwassa a intégré les institutions est sa mort politiquement, ce que l’Uprona est mort et ressuscités pas seulement une fois mais plus que Jésus, Lazare …
C’était pour sa sécurité que les gouverneurs ont pris la décision d’écourter sa visite.
Qu’allait-il se passer si ses fans se rentraient dedans avec les jeunes du parti au pouvoir?
Bravo à nos gouverneurs, sage décision.
Curieusement, « les jeunes du parti au pouvoir » ne sont pas, ou faut-il dire jamais – soupçonnés d’atteinte à l’image de son Excellence le Président de la République.
Pas de griffures, pas de cornes – là, tout baigne.
Il est éminemment regrettable que votre pays soit à ce point habitué et préparé à la violence. Une violence qui ne fait que perpétuer les problèmes; elle se manifeste aussi dans le mépris des droits des opposants.
Le règne du parti unique ? Le Burundi n’est-il pas déjà passé par là?