Dans une session d’échanges transfrontaliers organisée par l’ONG la Benevolencija ce 21 septembre, des participants burundais et rwandais exhortent les dirigeants d’ouvrir des frontières pour la reprise effective du commerce transfrontalier. Pour un expert en relations internationales, des obstacles persistent malgré les avancées.
« Qu’on ouvre les frontières pour nous laisser circuler librement. Nous avons besoin de la paix entre les Rwandais et Burundais », exhorte une habitante du district de Rusizi au Rwanda frontalier avec la province de Cibitoke au nord-ouest du Burundi.
Pour un autre Rwandais, la fermeture des frontières entre le Burundi et le Rwanda a eu des impacts négatifs sur les populations des deux pays et la région des Grands Lacs : « Certains habitants vivaient du commerce transfrontalier. Cette fermeture a plongé certaines familles dans la pauvreté ». Cependant, il se réjouit des avancées dans la normalisation des relations entre les deux pays.
Pour Casilde Hatungimana, une habitante de la commune Gihanga au nord-ouest du Burundi, les intérêts des populations sont parfois ignorés par les dirigeants. Elle déplore que les hautes autorités semblent cacher à la population le processus de normalisation des relations entre les deux pays.
Selon elle, les populations rwandaises et burundaises ont été très affectées par les tensions diplomatiques entre les deux pays : « Avant 2015, nous exportions des tomates, aubergines et autres produits vers le Rwanda et retournions avec des pommes de terre dit Ruhengeri, mais tout est bloqué depuis ces dernières années. Les femmes qui exportaient des tomates au Rwanda sont devenues pauvres. Des tomates pourrissent suite au manque de marché d’écoulement ».
Elle appelle les dirigeants des deux pays à prendre en compte le vécu des populations et décider en fonction de leurs intérêts.
Même son de cloche avec Blaise Nzeyimana. Pour lui, les populations sur les frontières n’ont pas de problèmes entre eux. Il fustige que des décisions sont prises par les hautes autorités des pays sans concertation avec les populations : « Avant de prendre des décisions comme celle de fermeture des frontières, il faut que les autorités pensent à atténuer les conséquences sur les populations ».
Des obstacles malgré les avancées
Selon le chef de colline Rukana I en province Cibitoke frontalière du district Rusizi au Rwanda, Rénovat Nsengiyumva, la population veut que les frontières soient rouvertes. Il se réjouit qu’avec le pas franchi dans la normalisation des relations, les populations peuvent s’entretenir sur les deux rives de la rivière Ruhwa.
Pour lui, la fermeture des frontières ne donne pas garantie à la sécurité pour les deux pays, mais cause plutôt beaucoup de dégâts dans les familles surtout la misère. Cependant, il suggère que la population soit instruite sur les mesures de sécurité avant de procéder à l’ouverture effective des frontières.
Guillaume Ndayikengurutse, expert en sciences politiques et relations internationales, regrette que le processus de normalisation des relations entre le Burundi et le Rwanda ne produit pas des résultats attendus. Il fait allusion à la diminution du nombre des rapatriés burundais depuis le Rwanda : « Les rapatriés étaient entre 3 238 et 5741 par mois de janvier à mai 2021 pour être entre 42 et 591 de juin à décembre 2021 ».
Selon ce professeur d’université, un recul du mouvement de rapatriement est symptomatique d’un processus de normalisation des relations entre les deux pays qui ne produit pas des résultats.
Pour lui, des obstacles s’imposent contre la normalisation des relations entre les deux pays. Il souligne la méfiance sur fond des menaces sécuritaires entre les deux pays, le contexte politico-sécuritaire régional ainsi que les intérêts des élites au pouvoir.
Il recommande le plaidoyer auprès des décideurs pour plus d’écoute des populations et de prise en compte de leurs intérêts. Et d’appeler les peuples à coopérer pour faire triompher les dynamiques de paix sur les dynamiques quasi-belliqueuses.
Qu’on nous laisse la liberte de circuler et faire du commerce .Nous avons arette les histoires politiciennes des mandts