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Révision budgétaire : « L’Etat doit sensiblement réduire son train de vie »

05/05/2013 Commentaires fermés sur Révision budgétaire : « L’Etat doit sensiblement réduire son train de vie »

L’Assemblée nationale vient d’adopter le budget révisé avec une réduction de 10% et la sur taxation de certains produits. La Parcem constate que ces mesures ne suffisent pas. Et L’Olucome alerte contre une prochaine hausse du prix du carburant pour alimenter le budget. 

<doc4390|right>« Si le budget est mal élaboré, la première faute incombe à l’exécutif qui élabore un budget irréaliste comme le nôtre », remarque Faustin Ndikumana, président de Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités (Parcem). Et d’ajouter : « La faute incombe aussi au parlement qui ne sait pas prendre toutes les balises pour être exigeant envers le gouvernement en lui demandant où il va trouver cet argent. »

Pour Ndikumana, quand un budget est à plus de 1.200 milliards Fbu, alors que la capacité de mobilisation des ressources propres est à 500 milliards Fbu, c’est aberrant qu’un parlement puisse l’adopter.
Quand le budget est irréaliste, la première conséquence est la mauvaise affectation, selon lui. « On affecte les fonds qu’on n’a pas, et surtout on ne priorise pas. On considère que tout est possible », indique-t-il. Quant au tarissement des appuis budgétaires des bailleurs de fonds, le président de Parcem s’indigne : « L’an 2011, les 187 milliards Fbu qui étaient prévus ont été exécutés à environ 50%.
Aujourd’hui, on a prévu 87 milliards Fbu. Une diminution drastique alors le gouvernement n’a fait que s’endetter auprès des banques en asséchant les capitaux et en créant une augmentation substantielle des taux d’intérêts. »

Des solutions

Faustin Ndikumana propose la diminution sensible du train de vie de l’Etat comme les missions, le charroi, etc. Il propose aussi le gel des exonérations accordées : « Parce qu’on constate que dans des marchés exonérés, il se remarque une pure tricherie. » Il donne des exemples : « En 2010 et en 2011, on avait prévu 20 milliards Fbu pour les exonérations. On a pourtant atteint respectivement 40 milliards et 35 milliards. » Il faut également mettre en place une commission pour réorienter les dépenses publiques, d’après Ndikumana. « On doit privilégier les dépenses à caractère régalien (défense, sécurité, justice, l’administration), avant les dépenses pour la croissance (agriculture), et le social (éducation, santé) », souligne-t-il.

Il constate un paradoxe : « Le paiement de salaires de la Fonction publique, les subventions accordées et le paiement des dettes suffisent pour épuiser toutes les ressources propres. » En outre, il sollicite la taxation de la fortune : « Les hauts dignitaires ne payent pas l’impôt et construisent des bâtiments avec des montants colossaux alors qu’ils n’ont pas de comptes fiscaux. » Faustin Ndikumana en appelle à la responsabilité de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE) pour une meilleure gestion du peu de ressources qu’on a. Ses rapports qui épinglent les autorités sur la mauvaise gestion des deniers publics, qu’est-ce qu’on en fait ?, s’interroge Faustin Ndikumana. « Il faudrait des sanctions administratives et judiciaires. Le parlement, à travers la cour des comptes, devrait s’assurer d’un meilleur contrôle budgétaire », assure-t-il.

<doc4391|right>Probable hausse du prix du carburant

« Avant la lettre du ministre des Finances du 7 juin 2012 demandant la révision du budget, le dollar américain s’achetait à 1400 Fbu ; aujourd’hui, il est à plus de 1500 Fbu », informe Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption et le Malversations Economiques (Olucome). Pour lui, cette perte de valeur de la monnaie burundaise doit avoir une répercussion sur le marché intérieur concernant le prix du carburant. « L’Etat y avait mis taxes et impôts qu’il avait progressivement abandonnés. Aujourd’hui, il doit revenir sur ces taxes pour pouvoir alimenter son budget », affirme-t-il. Ainsi, le prix de ce produit doit être revu à la hausse, et partant ceux d’autres produits, selon Rufyiri qui annonce le litre d’essence à 2500 Fbu.

Rufyiri a demandé de mettre en place le Fonds spécial carburant et de privilégier la voie maritime pour réduire le coût du transport. « Mais des autorités qui veulent protéger leurs intérêts ou tirer profit de la voie classique n’ont pas voulu céder jusqu’à ce jour », déplore-t-il.

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