Dans la soirée de ce mercredi 3 juillet, un policier a poignardé un motard au chef-lieu de la province Ruyigi alors qu’il tentait de lui prendre son engin. L’auteur de la tentative d’assassinat a été arrêté, alors que la victime se fait soigner à l’hôpital Rema de Ruyigi.
Etienne Banderembako à l’Hôpital Rema de Ruyigi ©IwacuAllongé sur son lit à l’hôpital Rema, Etienne Banderembako s’estime chanceux d’être encore en vie : « J’ai échappé à la mort ce mercredi 3 juillet 2013. »
Il était aux environs de 18h3, raconte-t-il, quand Déo Nyandwi, un policier, le trouve au parking situé à quelques mètres du Tribunal de Grande Instance de Ruyigi : « Ce n’était pas la première fois que je le prenais sur ma moto », précise Etienne, qui amène le client au quartier Kigangabuko, à 1Km en sortant de la ville de Ruyigi. Arrivés tout près de l’économat du diocèse de Ruyigi, Etienne Banderembako commence à se méfier. Il épie le policier dans le rétroviseur. Déo Nyandwi lui demande d’avancer un peu pour voir si l’homme qui l’attendait est déjà arrivé. Le motard obtempère, avec crainte : « A cet endroit, il n’y aucune habitation à 500 mètres à la ronde», précise Etienne.
L’agent de police sort alors un long couteau et veut le planter dans la tête du motard. Ce dernier parvient à bloquer le geste avec son bras gauche et le couteau le touche au niveau du front. Dans la foulée, Etienne Banderembako lui décroche un coup de coude dans les côtes. Le policier est déséquilibré mais il contrattaque et le deuxième coup de couteau atteint le motard au bras. Etienne tombe de la moto et s’enfuit, mais à quelques mètres, il tombe, n’ayant plus la force. Le croyant mort, Déo Nyandwi enfourche la moto et prend la direction de la commune Butaganzwa. Arrivé à Muriza, il a un accident. Il se rend alors à une position de police mais l’alerte a été déjà donnée. Il est appréhendé et conduit au commissariat de police à Ruyigi pendant la nuit.
Quand le policier devient amnésique …
Le lendemain, Déo Nyandwi indiquera ne pas se souvenir de ce qui s’est passé la veille, se disant alors ivre : « Je ne sais pas comment je suis arrivé à Butaganzwa », ajoutera-t-il. Ce qui laisse sceptiques les autres motards agglutinés devant le lit de leur ami. « Pourquoi alors avait-il un couteau ? » s’interroge A.K., alors que l’on ne sait toujours pas où est passée la moto d’Etienne.
Le policier Nyandwi affirme l’avoir laissée sur les lieux de « l’incident », alors que son supérieur, le commissaire provincial Eugène Bizindavyi indique qu’ils font tout leur possible pour la retrouver. Et interpelle ces subordonnés « à ne pas s’adonner à l’ivresse car c’est la source de tous ces manquements. »
Les habitants de la ville de Ruyigi s’attendaient à ce que le procès de Nyandwi soit ouvert rapidement comme c’est l’habitude en cas de flagrance mais ce n’est pas le cas. Isaac Sabuwanka, procureur de la République à Ruyigi, souligne que ce dossier est toujours dans les mains de l’officier de police judiciaire en charge de cette affaire. Toutefois, la population demande à ce que cet agent soit sévèrement puni pour décourager ce genre de crimes.