Lundi 23 décembre 2024

Environnement

Ruyigi : zones d’ombre dans la coupe des arbres sur la colline Kirasira

19/01/2014 4

Qui a donné la permission de couper les arbres (pinus) qui se trouvent sur la colline Kirasira en commune Butezi? En colère, la population de cette localité se pose des questions. Ni l’administrateur communal, ni le gouverneur de province et encore moins le directeur du département des forêts, personne ne sait rien. Bizarre.

Vue partielle de la colline Kirasira ©Iwacu
Vue partielle de la colline Kirasira ©Iwacu

« Ça dépasse l’entendement ce qui se passe sur la colline Kirasira», déplore N.K., contemplant avec un regard désolé les stères alignés tout le long de la route Ruyigi-Butezi. Les arbres qui bordent cette route, sur environ 5Km, sont en train d’être coupés. Centimètre par centimètre. Depuis la vallée jusqu’au sommet. Ce « massacre », selon N.K., dure depuis plus de trois semaines. «Ça me fait mal au cœur car il y avait beaucoup d’arbres sur cette colline. Aujourd’hui, c’est le désert.»

La population et l’administration locale craignent pour les conséquences : «Ces arbres servent de protection pour notre seule route et les champs environnants.», précise N.K. « La route va se détériorer encore plus.», renchérit Balthazar Bahabwanayo, administrateur de la commune Butezi. Ce qui a déjà commencé car, à cause des branches de ces arbres qu’on a jetées dans les caniveaux, l’eau des pluies se déversent dans cette route.

En arrivant sur cette colline, on est accueilli par des vrombissements des machines. Les travailleurs, pour la plupart des Tanzaniens, sont en activité. Les pinus tombent un à un. Sans perdre de temps, ils déposent les troncs sur de grosses machines qui les transforment en une seconde en planches. En haut, sur la route, de gros camions sont en stand-by pour charger planches et troncs d’arbres. D’après ces travailleurs, le gros des planches est acheminé en Tanzanie. Le patron, lui, il est introuvable : «Nous ne le connaissons pas. Nous sommes de simples travailleurs.»

Qui a délivré le permis de coupe ?

C’est la grande question et personne ne semble avoir une réponse. L’administrateur communal répond qu’il n’en sait rien : «Ils sont venus avec des documents.» Mais, cet administratif est incapable de dire exactement le service qui a délivré ce permis. Le gouverneur de la province, Cyriaque Nshimirimana, fait savoir qu’il ne sait lui aussi rien sur cette affaire mais, il affirme qu’il a vu des documents. Cependant, aucun des deux ne peut montrer ces documents. Ils nous renvoient à l’inspecteur des forêts à Ruyigi, qui nous demande de nous adresser au département des forêts.

La réponse du directeur de ce service, Félix Ngendabanyikwa, est claire : «Nous n’avons jamais donné la permission de couper ces arbres.» Il indique qu’il est au courant de cette affaire. Il s’étonne d’ailleurs comment quelqu’un peut se permettre de couper des arbres dans une commune et que l’administrateur reste les bras croisés : «Il y a des réalités cachées dans cette affaire.» La population demande une enquête approfondie. «Ça sent une odeur de magouilles.», souligne N.K.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Venant

    L’auteur de cet article, M. Fabrice Manirakiza, pourrait nous en dire davantage en nous indiquant la procédure qui est suivie au Burundi pour l’octroi des permis de coupes d’arbres. Nous voulons bien comprendre où se situent les lacunes aux divers paliers de l’administration. Un gouverneur de province, un administrateur communal, un agronome, un directeur provincial de l’agriculture et de l’élevage sont-ils autorisés à accorder ces permis? Si oui, sur la base de quels critères? Quel rôle joue le département des forets dans cette affaire?

    Au cours des années 1980, j’ai assisté, complètement médusé, à l’abattage des arbres plantés le long d’une route par un gouverneur nouvellement nommé à la tête d’une province du Burundi pour son compte personnel. Personne n’a osé broncher.

  2. Muzazi

    Merci a Iwacu et surtout a son correspondant Fabrice Manirakiza. Cet article montre a suffisance combien la corruption et l’irresponsabilite de nos dirigeants sont devenus un terrain de profit pour nos pays voisins. Si le Rwanda en profite pour grignoter sur notre territoire national, voici que la Tanzanie entre dans la danse pour detruire le patrimoine de notre pays en commencant par les regions frontalieres. Pour les commentaires justificatifs des autorites a savoir l’administrateur, le gouverneur jusqu’au ministere en charge des eaux et forets, cela n’etonne personne etant donne que nous sommes habitués a ce genre de reponse qui est devenu une formule de tous les corrompus. Ces corrupteurs tanzaniens ne sont pas dupes et ils savent qu’il faut corrompre depuis le sommet pour avoir les mains libres. Pour que ce genre d’immoralite politique ne se reproduise pas:
    -Seule la bravoure des « Banyagihugu » s’impose en se levant comme un seul homme et dire non a ces exploitants tanzaniens sans scrupule. Comme ca, on va voir qui viendra proteger ces Tanzaniens avec bien sur des documents d’autorisation puisque tout les responsables s’en lavent les mains. Seule la mobilisation de la population pour contrer ces mefaits peut s’averer efficace puisque l’autorite n’existe pas si ce n’est que pour reprimer la population. Ce phenomene d’autodefence a d’ailleurs fait ses preuves dans d’autres communes du pays.
    -Meme si nous saluons le travail d’Iwacu, je trouve que ce n’est pas suffisant. En effet, après quelques jours, cet article sera classe et oublie et on va passer a un autre article que vous allez traiter aussi a moitie. Je propose donc a Iwacu de faire une enquete approfondie pour que les responsabilites soient etablies. Informer ensuite vos lecteurs sur l’issue du probleme. Seule une enquete bien aboutie peut vous donner encore plus de credibilite.

  3. KABADUGARITSE

    Ahaaaah !!!

  4. CIZA

    Naho abo bategetsi babitanako barabizi kuko ntamuntu yova i Tanzaniya ngo yiyadukize asasike ibitara vy’ ibiti adafise impapuro zikwiye canke ngo abe azwi.Ivyo vyatanguriye ku mitumba ya commune Butaganzwa ku misozi ya Gigwiye ntawavuga .Naho nyene vyaciwe nabo batanzaniya.Amatohoza arakenewe ataraho abanyagihugu nibahaguruke babankire kuko ingaruka zizo shikira bonyene.

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