Le Tribunal de Grande Instance de Ruyigi n’a pas encore rendu le jugement du procès de Patrice Mazoya après 3 mois de mise en délibéré. Accusé d’actes de tortures, les victimes craignent une probable libération.
Écroué à la prison de Ruyigi depuis le 31 juillet 2012 pour torture, l’ancien chef de zone Nyabitare en commune Gisuru attend toujours le jugement. Patrice Mazoya est accusé d’avoir incité quelqu’un à ligoter et torturer Emmanuel Kimana, un citoyen de la zone Nyabitare. Il lui est aussi reproché d’avoir torturé Ernest Harimenshi en lui coupant une partie du bras. D’après des sources à Nyabitare, l’ancien chef de zone aurait téléphoné à certains de ses amis pour leur annoncer sa prochaine libération. Les victimes craignent pour leur sécurité. Selon eux, si Patrice Mazoya est libéré, ils craignent des suites néfastes pour eux et pour leurs familles. Certains habitants de la zone Nyabitare assurent qu’ils vont s’enfuir si l’ancien chef de zone est libéré. «On ne comprends pas pourquoi la justice tarde à rendre le jugement.», martèle B.G., une habitante de Nyabitare. «Cela crée des doutes dans les têtes des gens», renchérit D.K., sa voisine.
Même son de cloche de la part des défenseurs des droits de l’homme. Félicien Birorimana, représentant de l’Aprodh à Ruyigi, ne comprend pas ce retard pour un procès où les faits se sont avérés exacts. Il s’étonne, d’ailleurs, que pour le cas d’Ernest Harimenshi, le dossier soit toujours au parquet. Il demande la lecture du jugement pour dissiper ces doutes.
Des séquelles de ces actes de torture
Ligoté et battu pendant 3 jours, sans rien manger, Emmanuel Kimana ne peut plus faire de travaux qui demandent de la force physique. «Je ne peux plus cultiver mes champs», indique-t-il. Les bras, poursuit-il, me démangent tout le temps. Accusé par Patrice Mazoya d’avoir volé des vaches, Emmanuel a été reconnu innocent après des jours de supplice. Ernest Harimenshi, quant à lui, a été arrêté le 26 décembre 2011 sur la colline Kigamba, commune Gisuru par des militaires de cette position. Il était accusé de posséder des armes, ce qui s’est révélé inexact, après une fouille perquisition chez lui. Ligoté, il a été amené au poste de police de la zone Nyabitare. Selon lui, Patrice Mazoya est venu et a commencé à le taillader au bras avec un couteau pour lui faire avouer qu’il a des armes. Aujourd’hui, ses bras n’ont plus toutes leurs facultés. Tous deux réclament que justice soit faite.