Dans les écoles secondaires, le nombre de filles qui abandonnent les études suite aux grossesses non désirées s’accroit d’une année scolaire à l’autre.
Le rapport du Centre pour le Développement Familial (CDF) à Ruyigi, point focal des organisations luttant pour la défense de la personne humaine, contient des chiffres alarmants. L’année scolaire 2007-2008, les abandons étaient de 65 filles dont 32 de moins de 16 ans.
L’année scolaire suivante le nombre a augmenté jusqu’à 100 filles dont 38 mineures (moins de 16ans). Durant l’année scolaire 2009 – 2010, malgré les sensibilisations, le rapport souligne 176 élèves filles qui ont abandonné l’école pour le même motif et parmi celles-là, 81 ont moins de 16 ans.
Selon Jean Kwigize, père d’une fille victime, alors qu’elle n’était qu’en 9ème année, l’éducation des filles devient de plus en plus compliquée. « Quand ma fille est allée au secondaire, elle a commence à me mépriser. Elle me disait que j’étais ignorant et que j’étais en retard face à la civilisation.»
s’indigne-t-il.
Pour ce père, la délinquance incessante de sa fille prédisait sa grossesse. « Je ne compte pas faire retourner ma fille à l’école, elle doit élever son enfant. Et si par hasard le père de mon petit-fils acceptait de prendre en charge les frais scolaires et supporter le coût de la vie de l’enfant je ne ferais pas blocage», précise Kwigize.
Les enseignants sont pointés du doigt
D’autres parents des mères célibataires anciens élèves du secondaire, qui ont requis l’anonymat, se plaignent du fait que leurs enfants n’osent pas dénoncer les auteurs de ces grossesses. Ils pensent que leurs enseignants seraient parmi les auteurs. « Ils persuadent les filles enceintes qu’ils vont secrètement les assister et qu’après la réintégration de l’école, ils vont leur faciliter la réussite tout en leur promettant le mariage après les études », fait constater un de ces parents.
Pour les associations de défense des droits de la personne humaine, les grossesses non désirées dans les écoles continueront à se multiplier. « Aussi longtemps que les auteurs ne seront pas sérieusement punis par la justice, ce fléau ira toujours grandissant», précise Dorothée Ndayishimiye, représentante de l’ADDF, antenne Ruyigi.
Pour elle, certains officiers de la Police Judiciaire acceptent la gestion à l’amiable des conflits liés à ces grossesses. « Même la plupart des parents l’acceptent alors que le viol est une infraction pénale qui, en aucun cas, ne peut être gérée à l’amiable», ajoute Mme Ndayishimiye.
Pour elle, même les parents qui acceptent de traiter ces cas à l’amiable devraient être punis. Sinon, poursuit-elle, ce serait encourager cette perversité des hommes.